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10.mai.201810.5.2018 // Les Crises

Vérités oubliées : sur l’impératif de coopération – et non de criminalisation – avec la Russie, par Stephen F. Cohen

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Source : The Nation, Stephen F. Cohen, 25-04-2018

La coopération avec Moscou demeure vitale pour la sécurité nationale américaine, mais les allégations du « Russiagate », maintenant codifiées dans un procès du DNC (Comité National Démocrate), transforment la poursuite de cette coopération de plusieurs décennies un crime.

Par Stephen F. Cohen

Le 25 Avril 2018

Stephen F. Cohen, professeur émérite d’études Russes à NYU (New York University) et Princeton, continue avec John Batchelor leurs discussions (généralement) hebdomadaires à propos de la nouvelle Guerre froide US-Russie. (Vous pouvez vous procurer les épisodes précédents de cette discussion, qui est maintenant dans sa cinquième année, sur TheNation.com.)

Cohen signale que depuis plus de dix ans la Russie – le pays et ses dirigeants – ont été de plus en plus diabolisés et ainsi délégitimés par la classe politique et médiatique américaine. Ça a commencé avec les calomnies personnelles au sujet du président russe Vladimir Poutine mais cela s’est amplifié en une accusation générale et russophobe de la Russie elle-même et de ses citoyens que des américains auraient pu avoir rencontrés. Depuis presque deux ans les accusations du « Russiagate », sans aucune preuve jusqu’à aujourd’hui, impliquent que des « contacts » ou des « liens » avec n’importe qui « lié » de près ou de loin aux autorités russes, sont intrinsèquement suspects, voire une trahison. (Voir par exemple les déclarations de John Brennan et de James Clapper). Selon l’ancien vice président (et candidat à la présidentielle) Joseph Biden, la Russie d’aujourd’hui, qui « attaque sans vergogne les fondations de la démocratie occidentale » partout dans le monde, n’est pas une menace moins malfaisante que ne l’était la Russie soviétique et communiste.

Plus récemment, les « crimes » attribués au Kremlin en Angleterre et en Syrie (qui restent encore à prouver) ont étendu la condamnation au delà des charges généralement retenues contre la Russie soviétique. Ainsi, le ministre des affaires étrangères anglais, faisant écho à Washington, accuse la Russie d’aujourd’hui pour « son attitude maligne dans chacune de ses manifestations… que ce soit la guerre électronique, la désinformation, les tentatives d’assassinat, quoi que ce soit ». Le 20 avril, le DNC est allé plus loin, cherchant à formaliser une accusation de « quoi que ce soit » en poursuivant le gouvernement russe pour conspiration avec la campagne de Trump dans le but de priver Hillary Clinton de sa légitime victoire dans l’élection présidentielle de 2016. Les personnages centraux de cet « acte de trahison sans précédent » – peu d’actes pourraient être plus criminels – sont déclarés avoir été des « personnes dont on pense qu’elles sont affiliées à la Russie ».

Il en suit, bien sur, qu’une Russie aussi criminelle – souvent appelée un « État mafieux », de manière erronée – ne saurait avoir un intérêt national nulle part, pas même à ses frontières, peut être pas même à domicile. Et qu’avec un tel État, il s’en suit qu’il ne saurait y avoir de relations civiles, incluant la diplomatie, mais seulement des relations guerrières. Dans ce raisonnement largement répandu a été perdue, oubliée ou niée la question de savoir pourquoi la Russie a été généralement considérée comme si préoccupante pour la sécurité nationale US durant les 40 années de la guerre froide, que cela a résulté en de multiples formes de coopération, et même quelques épisodes officiels de détente, qui empêchèrent ce conflit périlleux de devenir quelque chose de bien pire. Les raisons s’appliquent aussi à la Russie d’aujourd’hui. Pour résumer brièvement :

  • Même des collégiens connaissent probablement les raisons les plus existentielles. Comme les États-Unis, la Russie possède d’énormes arsenaux d’armes de destruction massive, comprenant des armes nucléaires. Une guerre conventionnelle US-Russie – alors que les deux cotés jouent avec le feu en Syrie et pourraient bientôt le faire en Ukraine ou dans les pays baltes – pourrait facilement se transformer en guerre nucléaire. En lien, lors d’une réunion du très respecté Centre pour l’Intérêt National de Washington, plusieurs experts bien informés pensent que sur une échelle de 1 à 10, les chances d’une guerre avec la Russie aujourd’hui sont de 5 à 7. La seule garantie est, évidemment, la plus haute forme de coopération : la diplomatie. De plus, cette guerre froide comporte un nouveau danger existentiel sous la forme de terroristes internationaux à la poursuite de matières radioactives pour rendre leurs attaques incommensurablement plus dévastatrices et leurs conséquences plus durables. (Imaginez, par exemple, les avions du 11 septembre avec des matières radioactives à bord, ou les attentats dans tant de villes à travers le monde. Une coopération anti-terroriste généralisée avec la Russie, qui a subit nombre de ces attaques et a donc développé le genre de renseignement nécessaire, est une garantie essentielle contre une telle calamité.
  • Presque aussi importante est la raison appelée généralement « géopolitique ». Même après l’Union Soviétique, la Russie reste le pays dont le territoire est le plus grand du monde et possède une part disproportionnée des ressources naturelles de la terre, de l’énergie, du minerai de fer, du nickel, du bois, des diamants, de l’or et de l’eau douce. C’est aussi l’un des plus grands exportateur mondiaux d’armement. De plus, la Russie est située directement entre l’Est et l’Ouest, dont les civilisations sont en conflit considérable, et de fait elle fait partie des deux. Il y a plusieurs mois, Cohen a soulevé la possibilité que la Russie puisse « quitter l’Ouest », chassée par la nouvelle Guerre froide ou par choix. Cette possibilité est maintenant considérée comme inévitable par un conseiller et idéologue du Kremlin de premier rang. Ce qui fait le lit d’une autre erreur constamment répétée par les médias américains : que la Russie sanctionnée « s’isole de la communauté internationale ». Ce n’est guère plus que de l’arrogance Anglo-américano-européenne. Des relations multidimensionnelles entre la « Russie de Poutine » et des pays non occidentaux comme la Chine, l’Iran, l’Inde et les autres nations des BRICS sont prospères. Et ce sont là où la plupart des territoires, populations, ressources et marchés en croissance sont situés. En bref, si la Russie quittait l’Ouest, le discours sur le « leadership global » américain serait encore plus creux. Dit en d’autres termes, que signifierait « mondialisation » sans la Russie et ses partenaires ?
  • Étant donné toute la rhétorique guerrière dans la classe politique et médiatique américaine, considérons alors les capacités militaires renouvelées de la Russie, ou, comme les stratèges aiment à dire, « sa puissance militaire ». Il n’y a pas de raison de douter de l’inventaire du 1er Mars effectué par Poutine au sujet des nouveaux systèmes d’armements. L’abrogation unilatérale des US du Traité sur les Missiles Anti Balistiques en 2002 a déclenché une nouvelle course aux armements nucléaires, et Moscou pourrait l’avoir remportée. Et même si ce n’est pas le cas, la Russie a démontré ses capacités militaires plus qu’égales en détruisant la main mise de l’EI sur la Syrie après son intervention de septembre 2015, même si les grands pontes américains et d’autres affirment de manière mensongère cela serait un accomplissement américain. Lorsqu’il y a une parité militaire entre Washington et Moscou, comme durant la précédente Guerre froide et comme c’est le cas aujourd’hui, il est temps de coopérer. Sinon, comme le président Ronald Reagan aimait le dire quand il a décidé de faire la moitié du chemin pour rencontrer le Kremlin, il n’y aura pas de gagnants.
  • Du coté positif, pourtant, il y a les capacités de Moscou pour résoudre les conflits, incluant, mais pas seulement, ses votes au Conseil de Sécurité de l’ONU, où la coopération diplomatique ultime devrait avoir lieu. Plusieurs exemples peuvent être cités, mais rappelons seulement le rôle essentiel de la Russie dans l’accord sur les armes nucléaires avec l’Iran ; sa participation dans les coulisses pour tenter de résoudre le conflit avec la Corée du Nord ; son potentiel comme partenaire essentiel pour apporter la paix en Syrie ; et le rôle qu’elle jouera probablement quand les États-Unis décideront finalement de quitter l’Afghanistan. Si on lui laisse sa chance, la Russie peut être un artisan vital de la paix, et il y a de nombreuses raisons de penser que le Kremlin est prêt à le faire s’il pouvait à nouveau rencontrer Washington à mi chemin.

Durant la Guerre froide précédente, alors que Cohen développait ses propres « contacts » et « liens » avec la société Russe, et, oui, même avec des officiels du Kremlin, il disait souvent, « la route vers la sécurité nationale américaine passe par Moscou ». C’est toujours aussi vrai. Pour des raisons qu’il a souvent décrites, la nouvelle Guerre froide est bien plus dangereuse que celle qui l’a précédée. Pendant ce temps, la coopération américano-russe semble à peine une possibilité éloignée, particulièrement alors que la Russie est constamment criminalisée par les élites politiques et médiatiques américaines. D’un autre coté, l’ambassadeur du président Trump en Russie, Jon Huntsman, a déclaré publiquement le 24 avril : « mon président a dit continuellement qu’il souhaite une meilleure relation avec la Russie… avec Poutine… Vous pouvez appeler cela un désir de détente. » S’il en est ainsi, il est impératif de soutenir l’initiative du président, ne serait-ce que celle ci.

Stephen F. Cohen est un professeur émérite d’études et de politiques russes à l’Université de New York et à l’Université de Princeton, et un collaborateur de The Nation.

Source : The Nation, Stephen F. Cohen, 25-04-2018

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr. Traduction librement reproductible en intégralité, en citant la source.

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Commentaire recommandé

Nerouiev // 10.05.2018 à 08h05

Après la perte de quelques amis parce que j’admirais Poutine, je peux mesurer tout le travail de sape qui a été accompli continuellement depuis des lustres pour nous plier au consumérisme américain. En 1991 la victoire hégémonique américaine semblait définitivement acquise, mais peu après Poutine est arrivé et le doux rêve à été mis en échec pour un monde multipolaire beaucoup plus en phase avec l’épuisement des ressources, mais encore grandement disponibles en Russie. Il est tout simplement inacceptable de perdre le leadership face à un ancien ennemi, tout le mal est là. La possibilité de sanctions illégales montre bien comment la Planète était infiltrée de toutes parts par les USA.

20 réactions et commentaires

  • John V. Doe // 10.05.2018 à 07h49

    Ce qui est inquiétant, c’est que le « bashing » du dirigeant d’un pays par les médias « aux ordres » est quasi toujours la première étape de l’intervention militaire de l’otanie. L’arrivée et le placement tactique de matériel militaire est la seconde : ici l’augmentation exigée à 2% des budgets militaires européens pourrait être la première mesure en ce sens, de même que l’arrivée de nouveaux contingents USA comme c’est arrivé l’an dernier. Beaucoup de bruits de bottes mais pour l’instant encore à petite dose.

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  • Nerouiev // 10.05.2018 à 08h05

    Après la perte de quelques amis parce que j’admirais Poutine, je peux mesurer tout le travail de sape qui a été accompli continuellement depuis des lustres pour nous plier au consumérisme américain. En 1991 la victoire hégémonique américaine semblait définitivement acquise, mais peu après Poutine est arrivé et le doux rêve à été mis en échec pour un monde multipolaire beaucoup plus en phase avec l’épuisement des ressources, mais encore grandement disponibles en Russie. Il est tout simplement inacceptable de perdre le leadership face à un ancien ennemi, tout le mal est là. La possibilité de sanctions illégales montre bien comment la Planète était infiltrée de toutes parts par les USA.

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    • Melson Moinfort // 10.05.2018 à 09h17

      « la planète infiltrée de toutes parts par les USA… ». J’aime bien cette formule, qui décrit bien ce que l’on ressent devant l’activisme frénétique des Américains, qui semblent se débattre dans une crise morale sans précédent.

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      • DJP // 10.05.2018 à 21h49

        L’historien Daniele Ganser emploie l’expression « l’empire américain ». En effet, si pour les empires précédents, qui ont connu leur grandeur et leur déclin, on parlait de conquêtes ou de colonies, ce qui fut le cas de l’empire romain ou de l’empire britannique, on caractériserait aujourd’hui un empire aux nombre de ses bases militaires et à son budget militaire.
        Bases US : aux USA 4154, outremer 114, hors USA 587 dans 42 pays.
        Budget annuel en milliard de $ : USA 611, Chine 215, Russie 69, France 56

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    • Nerouiev // 10.05.2018 à 10h07

      Rappelons que cette coopération avec les USA et l’UE a fait partie des premiers souhaits de Poutine. Elle s’est vite heurtée à une opposition non affichée en tant que telle, donc forcément pour des raisons particulières d’incompatibilité pour l’avenir.

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    • RGT // 10.05.2018 à 14h03

      « Après la perte de quelques amis parce que j’admirais Poutine »…

      Personnellement, je me suis mis à dos pas mal de monde en prenant la défense de la Russie (« de Poutine ») vis à vis de nombreuses affirmations totalement mensongères et faciles à démonter à l’aide de quelques preuves…

      Et surtout, j’ai commis le pire des crimes en soutenant qu’il fallait « foutre la paix » aux russes et à tous les autres peuples de cette planète en les laissant vivre comme ils le souhaitent.

      J’aimerais bien voir la réaction de mes « chers cons-temporains » si d’aventure notre pays était en permanence dénigré par une « communauté internationale » sans AUCUNE légitimité.

      Les occidentaux sont déjà tombés suffisamment bas (il suffit de voir les résultats des dernières « élections a-démocratiques pour en être convaincu) mais par contre ils se cachent derrière leur « exceptionalisme » de façade pour ne pas remettre en question leurs propres tares.

      Il est toujours plus facile de demander à son voisin de balayer devant sa porte que de débarrasser la nôtre de l’immense tas d’ordures qui encombre le passage.

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    • DUGUESCLIN // 10.05.2018 à 14h27

      Par ailleurs l’européisme nous a bassiné de l’Europe de la paix, mais ostracise et dénigre la principale nation européenne qui est la Russie. Laquelle ne cesse de tendre la main et de proposer son partenariat.
      Ce sont les européistes qui divisent l’Europe, pas les russes.

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  • tchoo // 10.05.2018 à 08h55

    Les provocations continuelles US qui cherchent à provoquer une réaction violente des russes se heurtent pour l’instant au sang froid de Poutine qui en retour mesuré ses réactions ce qui est jugé pour de la faiblesse par bons de dirigeants yankees les encourageant à aller plus loin. Il va bien falloir que Moscou mordent violemment pour que les petits merdeux provocateurs retournent dans leurs niches penaud.

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    • Seth // 10.05.2018 à 10h25

      Il y a 2 pays dont il est difficile pour l’occident et particulièrement le yankistan de comprendre la pensée, c’est la Russie et l’Iran.

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  • DJP // 10.05.2018 à 09h49

    Il est urgent de contrecarrer l’unilatéralisme et la diabolisation de Poutine, comme le fait activement « Les Crises ». Chez nos voisins germanophones, il y a un actif mouvement pacifiste, qui plaide pour l’amitié avec la Russie, et par ex. le démantèlement de la base militaire américaine de Ramstein, d’où sont télécommandés les drones US au Moyen-Orient. Ils ont un historien et tribun zélé et très talentueux qui écume les villes grandes et petites où il fait salle comble. C’est un Suisse : Daniele Ganser. Il avait été salué en son temps par la presse pour sa thèse de doctorat sur le Gladio. Il faudrait tellement diffuser son combat en France ! Deux de ses livres sont publiés en France, le premier sur le Gladio et intitulé « Les guerres secrètes de l’OTAN » et le dernier, récent, « Les guerres illégales de l’OTAN » qui est un bestseller en Allemagne. On trouve des vidéos où il parle français (conférence à Paris en 2016 par ex.), ou qui sont doublées, ou bien sous-titrées, comme ce montage court et percutant d’1/4h, résumant bien son combat et intitulé : « L’OTAN-alliance pour la guerre, les USA-mensonges et morts par millions. D GANSER »

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    • Seth // 10.05.2018 à 10h28

      Il est vrai qu’en France, nos intellectuels à quelques rares exceptions ne sont pas très frais.
      C’est le siècle des lumières éteintes.
      Que voulez vous, depuis qu’on a inventé l’interrupteur…..

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    • RGT // 10.05.2018 à 14h23

      Daniele Ganser est connu en France par quelques « initiés » (hélas).
      Il fait quelques conférences contre les guerres mais les auditeurs ne se bousculent pas…

      De plus il parle un français parfait, riche et pur, bien meilleur que celui de « nos » « élites » et « intellectuels » qui masquent leur inculture et leur bêtise crasse en éructant des anglicismes incongrus entre chaque mot pour masquer leur incompétence.

      Un petit entretien en Français sur lequel il parle de l’apathie des français : https://www.youtube.com/watch?v=ZyicdFoanSU

      Zut !! C’est un « conspirationniste », il dit que le 11/09 a été une aubaine justifier de nombreuses agressions dans le monde.

      De plus, il « justifie » le terrorisme en faisant un parallèle entre la résistance française (qui était qualifié de terroriste par les occupants) et les habitants de pays agressés qui viennent commettre des attentats chez leurs agresseurs. C’est mal…

        +5

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  • Michel Ickx // 10.05.2018 à 12h54

    Toute cette haine russophobe, quel gachis!
    Notre monde ocidental plongé dans la propagance en devient écoeurant.

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  • Arcousan09 // 10.05.2018 à 14h46

    Comment imaginer, ne serait-ce qu’une fraction de seconde, les USA chantres de la « paix »et de la « démocratie », représentants galatiques du « bien »……… sans ennemi ?????
    Il faut impérativement afin de survivre avoir un ennemi et puis s’il n’y en a pas, il faut impérativement s’en inventer un …. C’est vital

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    • Michel B. // 10.05.2018 à 21h58

      Il y a une dizaine d’années j’ai eu l’opportunité de voyages réguliers à Moscou (pendant deux ans), pour développer un projet industriel avec un acteur russe de l’agro-alimentaire. A l’époque l’image de Poutine en France était celle du salopard du KGB qui va buter les gentils tchétchènes jusque dans les chiottes. Dans le microcosme que j’ai côtoyé, toutes classes sociales confondues, Poutine faisait l’unanimité, pour deux raisons principales : la première économique avec un niveau de vie en augmentation constante depuis sa prise de fonction ; la seconde plus patriotique, liée à la fierté retrouvée après des années vécues comme une terrible humiliation.

      L’occident néo-libéral (ou néo-cons avant lui) a longtemps trouvé commode de le dépeindre en nationaliste, pour en faire un ennemi idéologique. Les néo-libéraux ont pris la sale manie de nous raconter des histoires (l’idéologie est pratique pour ça), et de nous brandir des menaces pour qu’on finisse par y croire. Mais Poutine est un pragmatique, ouvert aux échanges, c’est tout sauf un idéologue.

      Toutes proportions gardées, comme Poutine à son arrivée, Trump récupère un pays au bord du « nervous breakdown ». Entre ceux qui ont perdu leurs repères patriotes pendant les années Obama, et ceux qui vivent la fin d’un libéralisme progressiste sans limites comme la fin du monde, la société civile américaine est très contrastée aujourd’hui, et en émoi. Le sens de la démarche de Trump est d’essayer comme Poutine de reconstruire une fierté collective. Mais en arrivant il a dû en premier lieu composer avec les dossiers de son prédécesseur, sur nombre desquels le rapport à la Russie est tendu ou ambigüe.

      Une fois cette phase de remise à niveau passée, je ne vois pas pourquoi deux pragmatiques partisans convaincus d’un monde multipolaire ne pourraient pas s’entendre.

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      • Arcousan09 // 11.05.2018 à 23h06

        Je confirme …
        Une de mes filles vit avec sa famille en Russie depuis plusieurs années et ce qu’elle me rapporte n’a rien, mais rien à voir avec la soupe qui nous est servie par ce qui est censé être notre gouvernement avec l’aide de médias castrés aux ordres ….
        Communication / Manipulation

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      • . // 14.05.2018 à 01h11

        « pourquoi deux pragmatiques partisans d’un monde multipolaire ne pourraient s’entendre »
        Et bien parce que ,quoi qu’en pensent les européens et otaniens convaincus,Trump contrairement à Poutine n’est pas le chef suprême.
        Il y a au dessus de lui ,représentant de ce système capitaliste ,l’État profond!
        Depuis la fin de la dernière guerre mondiale avec les structures mondiales qui ont suivi,FMI,banque mondiale…s’est institué  » et renforcé le trust » militaro- industriel des USA.
        La guerre et l’aide aux alliés européens pour la guerre,les prêts remboursables ,le financement de la reconstruction de l’Allemagne chez laquelle il avaient et ont des investissements dans les sociétés et industries .Elles ont collaboré avec le nazisme de 1930 jusqu’à la défaite y ont contribué largement à la longuerre et à la violence meurtriere.
        C’est aussi la raison pour la quelle les industries allemandes n’ont pas été bombardées pour l’essentiel bien qu’ayant « collaboré » avec l’ordre nazi!
        Cet État profond planifie pour des dizaines d’années avant toutes les actions militaires ,économiques et industrielles.
        A cette fin tous les moyens de la guerre militaire à celle économique en passant par le terrorisme,le mensonge et l’utilisation de pays tiers sont potentiels sans limites éthique et des traites internationaux.
        Le président Trump est officiellement président ,décideur(toutefois moins que le président de la Rep.française).
        Mais ,ses décisions ne peuvent et ne sont pas en opposition à l’État profond qui comprend des personnalités tant publiques que privées dans un groupe secret.
        Le monde de la finance,de l’industrie et des armées y sont présents mais désignés sans accord et connaissance de l’État officiel .la composition et le renouvellement ne sont connus que d’un tout petit nombre dont le président des USA peut ne pas faire partie.
        Ainsi , IKE,Eisenhower dans les années 1950 ,affirmait qu’un danger intérieur menaçait en pensant à cet empire militaro- industriel.
        La puissance de l’empire n’a cessé de se conforter depuis avec le développement du libéralisme sous une forme très agressive et totalitaire,avec la mondialisation
        A titre d’information sur la puissance de leur système militaire(600 milliards dollars),au delà de la puissance militaire pure,les serices renseignements,dans lesquels se reconnaissent entre autres les ONG américaines, disposent d’un budget de 50 milliards de dollars.Ainsi apparait la disproportion de la puissance avec celle de la Russie dont le budget militaire est ,tout compris de 60 milliards dollars environ.
        Les opinions du peuple sont du niveau prochede zero!
        S’agissant de l’attitude agressive des USA vis à vis de la Russie,c’est l’expression du « dézingage » permanent de Poutine qui est l’homme qui tient la Russie .Sa chute verrait ,semble t il la Russie tomber dans les mains l’occident ,les deux pieds et mains liés au profit de qui vous savez.
        Je pense ,et c’est vraisemblablement une raison majeure,que cette domination conduirait de facto à la domination et gestion globale mondialement de l’énergie par les USA(guerre de l’avenir s’il en est)mais aussi et surtout l’encerclement terrestre de la Chine,dernière puissance non contrôlée.
        L’encerclement maritime est en cours produisant une guerre à bas bruits…pour l’instant.
        Ainsi,la désignation de la Russie comme État voillou,Poutine comme dirigeant corrompu…les américains créent une situation d’Etat assiégé qui ne peut se maintenir qu’en renforçant ses protections internes ,en réduisant des libertés qui sinon seraient des portes ouvertes aux activités déstabilisatrices de la CIA mais produit des opposants d’autant plus violents et à juste titre.
        Ainsi font -font les stratèges de l’Etat profond des USA depuis 1945 ,jeu auquel se prêtent par force mais aussi naïvement les pays du niveau de la France sachant(peut être pas,sauf intérêt personnel de qqs dirigeants)qu’à tous les coups leur pays sera perdant.
        La question majeure:jusqu’à quand?

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  • Duracuir // 10.05.2018 à 22h23

    En tout cas, les Russes (et les Syriens) viennent de faire comprendre à l’Iran que la Russie n’irait pas à la 3e guerre mondiale pour couvrir sa tentative de s’implanter durablement trop près de la frontière d’Israel.
    Grande sagesse qui a du être notée par beaucoup de chancellerie. A comparer à la profonde incohérence et la profonde stupidité de l’action US au proche-orient depuis 26 ans.
    Les Russes montrent qu’envers et contre tout ils restent des partenaires fiables, malgré les insultes, les calomnies, les trahisons et les humiliations.
    Si Israel, dans sa mentalité paranoïaque obsidionale, se persuade que la Russie n’est pas un ennemi mais un partenaire raisonnable, sérieux, fiable même s’il est exigeant, et peut faire l’arbitrage en lieu et place d’USA faillis et désormais trop compromis, et si donc Israel juge la Russie comme importante pour sa sécurité, alors, comme par miracle, beaucoup de choses vont changer dans les médias occidentaux comme dans les chancelleries. Et même aux USA, les plus russophobes pourraient être surpris par un reflux soudain.

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  • Grand-père // 11.05.2018 à 22h09

    Pour faire une guerre il faut un prétexte. Toute ces provocations anti-russes me donnent à penser que l’occident cherche à pousser la Russie à réagir et peut-être commettre le geste qui serait pour lui le prétexte pour attaquer frontalement la Russie. En clair tout se passe comme si ils cherchaient à les pousser à la faute, sachant que l’opinion est bien préparée et acquise au fait que faire la guerre à la Russie serait une guerre juste. Ca fait froid dans le dos.

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