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La création de Google, par Nafeez Ahmed

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Un article pour susciter le débat – à prendre comme d’habitude avec prudence et recul.

Source : Insurge Intelligence, le 22/01/2015

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« INSURGE INTELLIGENCE », un nouveau projet de journalisme d’investigation financé par le public, vous livre le récit de la façon dont la communauté US du renseignement a participé au financement, nourri et mis en incubation Google comme élément d’un effort visant à dominer le monde par le contrôle de l’information. Financé indirectement par la NSA et la CIA, Google n’a été que la première d’une pléthore de start-ups du secteur privé cooptée par le renseignement US pour conserver la « supériorité du renseignement ».

Les origines de cette ingénieuse stratégie remontent à un groupe sponsorisé par le Pentagone, qui au cours des deux dernières décennies a fonctionné comme un pont entre le gouvernement US et les élites des secteurs des affaires et de la finance, corporatistes et médiatiques. Le groupe a permis à certains des intérêts particuliers des USA corporatistes de passer systématiquement outre la responsabilité démocratique et la règle du droit pour influencer les politiques gouvernementales, ainsi que l’opinion publique aux USA comme autour du monde. Les résultats ont été catastrophiques: surveillance de masse par la NSA, un état de guerre globale permanent, et une initiative novatrice pour transformer le corps militaire US en « Skynet ».

Désormais les gouvernements occidentaux se pressent de légitimer des pouvoirs accrus de surveillance de masse et de contrôle de l’Internet, le tout au nom de la lutte contre le terrorisme. Des politiciens US et européens ont appelé à protéger le genre d’espionnage que pratique la NSA, et à faire avancer la capacité à enfreindre la vie privée sur Internet en rendant le cryptage illégal. Une idée est d’établir un partenariat en télécommunications à même d’effacer unilatéralement tout contenu estimé « alimenter la haine et la violence » dans des situations considérées comme « appropriées ». Des débats houleux ont cours au niveau gouvernemental et parlementaire pour explorer la suppression de la confidentialité avocat-client. […]

L’horreur du 11-Septembre a été la première d’une série d’attaques terroristes, chacune entrainant une expansion dramatique de pouvoirs étatiques draconiens aux dépens des libertés civiles, et accompagnée d’envoi de contingents militaires dans les régions identifiées comme incubatrices de terroristes. Peu d’indices permettent de penser que ce mode opératoire éprouvé ait réduit le danger de quelque manière. En tout état de cause, il semble que nous soyons enfermés dans un cycle de violence s’intensifiant et sans dénouement en vue.

Alors que nos gouvernements poussent à accroître leur pouvoir, INSURGE INTELLIGENCE nous révèle maintenant à quel point la communauté du renseignement américain est impliquée dans le fonctionnement des plateformes web que nous connaissons aujourd’hui. Dans le but précis d’utiliser la technologie comme outil dans ce conflit mondial de « guerre du renseignement » – une guerre qui sert à légitimer le pouvoir de quelques-uns sur tous les autres. La clé de voûte de cette situation est la société qui, à bien des égards, définit le XXIème siècle avec son omniprésence discrète : Google.

Google se définit comme une entreprise technologique amicale, amusante et facile d’utilisation qui a pris de l’importance grâce à une combinaison de compétence, de chance et d’innovations géniales. C’est vrai, mais ce n’est qu’une partie de la vérité. En réalité, Google est un écran de fumée derrière lequel agit en secret le complexe militaro-industriel américain.

La véritable histoire du développement de Google, révélée ici pour la première fois, ouvre la boîte de Pandore et nous emmène bien plus loin, en jetant une lumière inattendue sur l’existence d’un réseau parasite aux commandes de l’appareil américain de sécurité nationale, et qui tire un profit obscène de son fonctionnement.

Le réseau de l’ombre

Pendant les deux dernières décennies, les stratégies américaines concernant les affaires étrangères et le renseignement ont abouti à une « guerre contre la terreur » mondiale consistant en des invasions militaires prolongées dans le monde musulman et une surveillance élaborée des populations civiles. Ces stratégies ont été développées, sinon commandées, par un réseau secret au sein et en dehors du Pentagone.

Constitué sous l’administration Clinton, renforcé pendant celle de Bush et fermement enraciné avec Obama, ce réseau bipartisan d’idéologues à majorité conservateurs a scellé sa domination au sein du Département de la Défense des États-Unis (DoD) début 2015, par l’opération d’une obscure corporation extérieure au Pentagone, mais dirigée par celui-ci.

En 1999, la CIA a créé sa propre entreprise d’investissement en capital risque, In-Q-Tel, afin de financer des start-ups qui pourraient créer des technologies utiles aux agences de renseignement. Mais l’idée d’une telle entreprise remonte plus loin, lorsque le Pentagone a établi sa propre branche dans le secteur privé.

Connu sous le nom de « Highlands Forum », ce réseau privé a joué le rôle d’un pont entre le Pentagone et des élites américaines puissantes hors domaine militaire, et cela depuis le milieu des années 1990. Malgré des changements dans l’administration civile, le réseau autour de ce « Highlands Forum » n’a cessé de prendre de l’importance dans la politique de défense des États-Unis.

Des partenaires, géants de la défense, comme Booz Allen Hamilton et Science Applications International Corporation sont souvent appelés « communauté du renseignement de l’ombre » en raison de leurs liens étroits avec le gouvernement, et leur capacité à simultanément influer sur et profiter de la politique de défense. Certes, ces partenaires se livrent une concurrence pour l’argent et le pouvoir, mais ils savent collaborer quand leurs intérêts l’exigent. Le Highlands Forum offre depuis 20 ans un espace éloigné des regards pour les membres les plus importants de cette communauté du renseignement de l’ombre, pour s’arranger avec les officiels du gouvernement américain et avec d’autres leaders des industries concernées.

J’ai découvert l’existence de ce réseau en novembre 2014, lorsqu’en reportage pour VICE’s Motherboard, je rapportais que le projet Defence Innovation Initiative du secrétaire à la défense Chuck Hagel masquait en réalité la construction de Skynet – ou un projet dans le même genre, essentiellement dans le but de dominer une ère émergente de guerre de robots militaires.

Cette histoire était fondée sur un livre blanc peu connu, financé par le Pentagone et publié deux mois plus tôt par la National Defense University (NDU) basée à Washington, une institution militaire US qui, parmi d’autres choses, met en œuvre des recherches pour développer la politique de défense américaine au plus haut niveau. Ce livre blanc expliquait la pensée derrière cette nouvelle initiative, et la révolution scientifique et technologique sur laquelle elle espérait capitaliser.

Le Highlands Forum

Un des co-auteurs de ce livre blanc du NDU est Linton Wells, un ancien fonctionnaire de la défense américain de 51 ans qui a servi comme officier chef de l’information du Pentagone sous l’administration Bush, en supervisant la National Security Agency (NSA) et d’autres agences de renseignement. Il détient toujours des habilitations de sécurité de niveau très élevé et, selon un rapport du magazine Government Executive en 2006, il fut président du « Highlands Forum », fondé par le Pentagone en 1994.

Linton Wells II (à droite) ancien officier chef du renseignement au Pentagone et secrétaire assistant à la défense des réseaux, à une récente session du Pentagon Highlands Forum. Rosemary Wenchel, une haute-fonctionnaire du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis, est assise à côté de lui.

Linton Wells II (à droite) ancien officier chef du renseignement au Pentagone et secrétaire assistant à la défense des réseaux, à une récente session du Pentagon Highlands Forum. Rosemary Wenchel, une haute-fonctionnaire du Département de la Sécurité intérieure des États-Unis, est assise à côté de lui.

Le magazine New Scientist a comparé le Highlands Forum aux réunions des élites comme Davos, Ditchley et Aspen, le décrivant comme « beaucoup moins bien connu, certes… mais sans doute tout aussi influent ». Régulièrement, des rencontres y sont organisées réunissant « les personnes innovantes qui réfléchissent sur les interactions entre la politique et la technologie. Le développement de la guerre en réseau high-tech fait partie de leurs plus grands succès. »

Étant donné le rôle de Wells dans un tel forum, Il n’est pas surprenant que son livre blanc sur la transformation de la Défense puisse avoir un impact profond sur la politique actuelle du Pentagone. Mais si tel était le cas, pourquoi personne ne l’a remarqué ?

Bien qu’il soit parrainé par le Pentagone, je n’ai trouvé aucune page officielle sur le site du DoD mentionnant le forum. Des sources d’actifs et d’anciens personnels militaires et du renseignement américains n’en avaient jamais entendu parler, pas plus que les journalistes de la sécurité nationale. J’étais perplexe.

La société d’investissement en capital intellectuel du Pentagone

Dans le prologue de son livre paru en 2007, « A Crowd of One: The Future of Individual Identity » (Une foule d’une personne : l’avenir de l’identité individuelle), John Clippinger, chercheur au MIT au Media Lab Human Dynamics Group (Laboratoire d’analyse des dynamiques humaines) a décrit comment il participa à un rassemblement du Highlands Forum, « une réunion uniquement sur invitation financée par le Département de la Défense et dirigée par l’adjoint en charge de l’intégration des réseaux et des renseignements. » C’était un haut poste dirigé par le DoD supervisant les opérations et les politiques pour les agences d’espionnage du Pentagone, notamment la NSA et la Defense Intelligence Agency (DIA). A partir de 2003, le poste a été changé en ce qui est maintenant le sous-secrétariat à la Défense pour le Renseignement. Le Highlands Forum, écrit Clippinger, a été financé par un capitaine retraité de l’US Navy, Dick O’Neill. Figurent parmi les délégués des militaires américains haut-gradés de nombreuses agences et divisions – « des capitaines, des vice-amiraux, des généraux, des colonels, des majors et des commandants » ainsi que « des membres de la direction du DoD. »

Ce qui semblait tout d’abord être le principal site web du Forum décrit Highlands comme « un réseau informel interdisciplinaire sponsorisé par le Gouvernement Fédéral, » se focalisant sur « le renseignement, la science et la technologie ». Les justifications sont minces, hormis un unique logo « Department of Defense ».

Mais Highlands possède également un autre site web qui se décrit lui-même comme « une société de capital-risque intellectuel » doté d’une « vaste expérience dans le soutien aux entreprises, aux organisations et aux dirigeants gouvernementaux. » La firme fournit une « large gamme de services, dont : la prévision stratégique, la création de scénarios et de simulations pour les marchés mondiaux en expansion, » et offre également « un travail avec le client pour la construction de stratégies d’exécution. » « The Highlands Group Inc. », annonce le site web, organise tout un éventail de forums sur ces sujets.

Par exemple, en plus du Highlands Forum, depuis le 11-Septembre le groupe gère « l’Island Forum », un événement international tenu en association avec le Ministère de la Défense de Singapour, que supervise O’Neill en tant que « consultant principal ». Le site web du Ministère de la Défense de Singapour décrit l’Island Forum comme étant « conçu d’après le Highlands Forum organisé pour le Ministère de la Défense US. » Des documents révélés par le lanceur d’alerte de la NSA Edward Snowden ont confirmé que Singapour avait joué un rôle crucial pour permettre aux USA et à l’Australie de se brancher sur des câbles sous-marins afin d’espionner des puissances asiatiques comme l’Indonésie et la Malaisie.

Le site web du Highlands Group révèle également que Highlands est en partenariat avec l’une des entreprises de défense les plus puissantes aux États-Unis. Higlands est « appuyée par un réseau d’entreprises et de chercheurs indépendants, » dont « nos partenaires du Highlands Forum des dix dernières années chez SAIC ; et le vaste réseau des participants au Highlands Forum. »

SAIC est l’acronyme de l’entreprise de défense US « Science Applications International Corporation », qui a changé de nom pour Leidos en 2013, gérant SAIC comme entreprise subsidiaire. SAIC/Leidos fait partie des 10 premières entreprises de défense aux US, et travaille étroitement avec la communauté US du renseignement, surtout avec la NSA. Selon le journaliste d’investigation Tim Shorrock, le premier à avoir révélé la vaste étendue de la privatisation du renseignement US avec son livre phare « Spies for Hire » (Espions à Louer), SAIC possède une « relation symbiotique avec la NSA : l’agence en est le client unique le plus important et SAIC est le plus grand fournisseur de la NSA. »

Richard « Dick » Patrick O'Neill, président fondateur du Highlands Forum du Pentagone

Richard « Dick » Patrick O’Neill, président fondateur du Highlands Forum du Pentagone

Le nom complet du capitaine « Dick » O’Neill, le président fondateur du Highlands Forum, est Richard Patrick O’Neill, qui, après avoir quitté son poste dans la Navy, a rejoint le DoD. Il a occupé son dernier poste en tant qu’adjoint à la stratégie et à la politique dans le Bureau du Ministre Délégué à la Défense pour le Commandement, le Contrôle, les Communications et le Renseignement, avant de fonder Highlands.

Le Club de Yoda

Mais Clippinger fait aussi référence à un autre individu mystérieux adulé par les participants au Forum :

« Il s’asseyait au fond de la salle, imperturbable derrière d’épaisses lunettes à montures noires. Je ne l’ai jamais entendu dire un mot… Andrew (Andy) Marshall est une icône au sein du DoD. Certains l’appellent Yoda, en vertu de son statut mythique impénétrable… Il a traversé plusieurs administrations et fut largement considéré comme au-dessus des politiques partisanes. Il soutenait le Highlands Forum et en avait dès le départ été un invité régulier. »

Dès 1973, Marshall a dirigé l’une des agences les plus puissantes du Pentagone, l’Office of Net Assessment (ONA), le « think tank » interne du Ministre de la Défense US qui conduit des recherches hautement confidentielles sur les prévisions futures de politique de défense pour les communautés militaire et du renseignement américaines. L’ONA a joué un rôle de premier plan dans des initiatives stratégiques majeures du Pentagone, dont la Stratégie Maritime, l’Initiative de Défense Stratégique, l’Initiative de Stratégies Compétitives, et la Révolution des Affaires Militaires.

Andrew « Yoda » Marshall, chef de l'Office of Net Assessment (ONA) du Pentagone et co-président du Highlands Forum, lors d'un événement Highlands au début de 1996 à l'Institut de Santa Fe. Marshall a pris sa retraite en janvier 2015

Andrew « Yoda » Marshall, chef de l’Office of Net Assessment (ONA) du Pentagone et co-président du Highlands Forum, lors d’un événement Highlands au début de 1996 à l’Institut de Santa Fe. Marshall a pris sa retraite en janvier 2015

Dans un rare portrait qui lui est fait dans Wired en 2002, le journaliste Douglas McGray décrit Andrew Marshall, maintenant âgé de 93 ans, comme « le plus évasif » mais « l’un des plus influents » responsables du DoD. McGray ajoute que « le Vice-Président Dick Cheney, le Ministre de la Défense Donald Rumsfeld et le Ministre Délégué Paul Wolfowitz » – largement considérés comme les faucons du mouvement néoconservateur de la politique américaine – étaient parmi les « protégés les plus importants » de Marshall.

En s’exprimant lors d’un discret séminaire à l’Université de Harvard quelques mois après le 11-Septembre, le président fondateur du Highlands Forum Richard O’Neill déclara que Marshall était beaucoup plus qu’un « invité régulier » du forum. « Andy Marshall est notre co-président, donc indirectement tout ce que nous faisons retourne dans le système Andy, » dit-il à l’auditoire. « Directement, les gens présents aux réunions du forum peuvent s’en aller rendre compte à Andy sur une variété de sujets, et afin de synthétiser les choses. » Il a aussi affirmé que le forum avait un troisième co-président : le directeur de la Defense Advanced Research and Projects Agency (DARPA, Agence pour les Projets et la Recherche Avancée de la Défense) qui, à l’époque, avait été désigné par Rumsfeld, Anthony J. Tether. Avant de rejoindre la DARPA, Tether était vice-président de la Division de Technologie Avancée de SAIC.

Anthony J. Tether, directeur de la DARPA et co-président du Highlands Forum du Pentagone de juin 2001 à février 2009

Anthony J. Tether, directeur de la DARPA et co-président du Highlands Forum du Pentagone de juin 2001 à février 2009

L’influence du Highlands Forum sur la politique de défense américaine s’est ainsi faite sentir à travers trois canaux principaux : son soutien par le Bureau du Ministre de la Défense (vers le milieu de la dernière décennie, ceci a été transféré spécifiquement au Bureau du Sous-Secrétaire à la Défense pour le Renseignement, qui gère les principales agences de surveillance), son lien direct avec l’ONA d’Andrew « Yoda » Marshall, et son lien direct avec la DARPA.

Un transparent de la présentation de Richard O'Neill à l'Université de Harvard en 2001

Un transparent de la présentation de Richard O’Neill à l’Université de Harvard en 2001

Un transparent de la présentation de Richard O’Neill à l’Université de Harvard en 2001

Selon Clippinger dans A Crowd of One, « ce qui se passe lors de réunions informelles telles celles du Highlands Forum, avec le temps et par le biais de curieux chemins d’influence imprévus, peut avoir un impact énorme non seulement à l’intérieur du DoD mais à travers le monde. » Il écrit que les idées du Forum sont « passées de l’hérésie au consensus. Des idées qui étaient considérées comme anathème en 1999 ont été adoptées comme politique seulement trois ans plus tard. »

Bien que le Forum ne produise pas de « recommandations consensuelles », son impact est plus profond que celui d’un traditionnel comité consultatif gouvernemental. « Les idées qui émergent des réunions sont à la disposition de ceux qui prennent les décisions ainsi que des gens des think tanks, » selon O’Neill :

« Nous incluons des gens de Booz, SAIC, RAND, ou d’autres à nos réunions… Nous accueillons ce genre de coopération parce que, franchement, ils ont le sérieux qu’il faut. Ils sont là pour le long terme et sont capables d’influencer les politiques du gouvernement avec un réel travail académique… Nous produisons des idées et de l’interaction et des réseaux pour que ces gens les prennent et s’en servent selon leurs besoins. »

Mes requêtes répétées à O’Neill pour des informations concernant son travail au Highlands Forum ont été ignorées. Le Ministère de la Défense n’a pas non plus répondu à de multiples demandes pour des informations et des commentaires sur le Forum.

Guerre de l’information

Le Highlands Forum a servi de « pont d’influence » dans les deux sens : d’une part, pour le réseau fantôme d’entreprises privées afin d’influencer la politique des opérations d’espionnage pour tout le renseignement militaire américain, et d’autre part pour le Pentagone afin d’influencer ce qui se fait dans le secteur privé. Il n’y a pas de preuve plus claire que le rôle véritablement instrumental jouer par le forum dans l’instillation de l’idée d’utiliser la surveillance de masse comme mécanisme pour dominer l’information à une échelle mondiale.

En 1989, Richard O’Neill, à l’époque un cryptologue de la US Navy, écrivit un article pour la US Naval War College [Institution de recherche et d’enseignement de l’US Navy spécialisée dans le développement d’idées pour la guerre navale, NdT], « Toward a methodology for perception management » (« Vers une méthodologie pour la gestion de la perception »). Dans son livre, Future Wars (« Les guerres futures »), le colonel John Alexander, alors officier supérieur de l’US Army’s Intelligence and Security Command (INSCOM), rapporte que l’article de O’Neill a exposé pour la première fois une stratégie de « gestion de la perception » en tant qu’une partie de la guerre de l’information (IW, Information Warfare). La stratégie proposée par O’Neill a identifié trois catégories de cibles pour la guerre de l’information : les adversaires, afin qu’ils pensent être vulnérables, les partenaires potentiels, « pour qu’ils perçoivent la cause [de la guerre] comme juste » et, enfin, les populations civiles et les dirigeants politiques afin qu’ils « perçoivent le coût comme en valant la peine ». Un briefing secret basé sur le travail de O’Neill « a fait son chemin jusqu’aux plus hauts dirigeants » au DoD. « Ils ont reconnu que O’Neill avait raison et lui ont demandé de l’enterrer. »

Sauf que le DoD ne l’a pas enterré. Aux alentours de 1994, le Highlands Group fut fondé par O’Neill en tant que projet officiel du Pentagone par la décision du ministre de la défense de l’époque sous Bill Clinton, William Perry –  qui partit rejoindre le conseil d’administration de SAIC après avoir pris sa retraite du gouvernement en 2003.

Des propres mots de O’Neill, le groupe fonctionnait comme le « laboratoire d’idées » du Pentagone. Selon le magazine Government Executive, les experts en technologie de l’information et militaire se sont réunis à la première réunion du forum « pour évaluer les impacts des technologies de l’information et de la mondialisation sur les États-Unis et sur la guerre. Comment Internet et les autres technologies émergentes pourraient changer le monde ? » La réunion aida à implanter l’idée de « guerre centrée sur des réseaux » dans les esprits des « plus grands penseurs militaires de la nation. »

Exclusion du public

Des enregistrements officiels du Pentagone confirment que le but premier du Highlands Forum était de soutenir les politiques du DoD sur la spécialité de O’Neill : la guerre de l’information. Selon le rapport annuel au président et au Congrès du Pentagone en 1997, sous la section titrée « Information Operations (IO) » le Bureau du Ministre de la Défense (Office of the Secretary of Defense, OSD) avait autorisé « l’établissement du Highlands Group, constitué d’experts de l’industrie, de la recherche et du DoD de premier plan » pour coordonner les IO pour les agences fédérales de renseignement militaire.

L’année suivante le rapport annuel du DoD réitérait le rôle central du forum aux opérations d’information : « Afin d’examiner les thèmes d’IO, le DoD parraine le Highlands Forum, qui réunit ensemble le gouvernement, l’industrie, et des professionnels académiques de divers domaines. »

Notez qu’en 1998, le Highlands « Group » est devenu un « forum ». Selon O’Neill, ceci avait pour but d’éviter de soumettre les réunions des Highlands Forums à des « restrictions bureaucratiques ». Il faisait allusion à la Federal Advisory Committee Act (FACA, « loi sur les comités de conseil fédéraux »), qui régit la manière dont le gouvernement US peut formellement solliciter le conseil d’intérêts particuliers.

Connue sous le nom de « loi de gouvernement ouvert », la FACA exige que les fonctionnaires du gouvernement US n’aient pas le droit de tenir des consultations secrètes ou à portes fermées avec des personnes n’appartenant pas au gouvernement sur le développement de sa politique. De telles consultations doivent toutes avoir lieu dans le cadre de comités consultatifs fédéraux permettant l’examen public. Le FACA requiert que ces réunions soient publiques, soient annoncées par le Journal Officiel, que les groupes de conseil soient enregistrés auprès d’un bureau de l’Administration Générale des Services, parmi d’autres pré-requis conçus pour préserver la responsabilité dans l’intérêt du public.

Mais Government Executive a rapporté que « O’Neill et d’autres pensaient » que de tels détails réglementaires « inhiberaient le libre flux d’idées et de discussions à bâtons rompus qu’ils recherchaient. » Les avocats du Pentagone avaient prévenu que le dénominatif « groupe » pouvait induire certaines obligations, et conseillé de gérer toute l’affaire en privé : « Donc O’Neill changea son nom en Highlands Forum et le déménagea dans le secteur privé pour le diriger en tant que consultant du Pentagone. » Le Highlands Forum du Pentagone existe donc derrière le patronage de la « société de capital-risque intellectuel » d’O’Neill, « Highlands Group Inc. »

En 1995, une année après que William Perry ait désigné O’Neill pour diriger le Highlands Forum, le SAIC – l’organisation « partenaire » du Forum – avait lancé un tout nouveau Center for Information Strategy and Policy (« Centre pour la Stratégie et la Politique de l’Information ») sous la direction de « Jeffrey Cooper, un membre du Highlands Group qui conseille des hauts fonctionnaires du Ministère de la Défense sur les thèmes de la guerre de l’information. » Le centre avait exactement le même objectif que le forum, fonctionner comme « une chambre de compensation pour rassembler les meilleurs et les plus intelligents esprits du domaine de la guerre de l’information en parrainant une série continue de séminaires, de documents et de symposiums qui explorent en profondeur les implications de la guerre de l’information. » L’objectif était de « permettre aux dirigeants et aux décideurs politiques du gouvernement, de l’industrie et du monde académique de répondre aux thèmes centraux entourant la guerre de l’information afin d’assurer que les États-Unis conservent leur avance sur tous ses ennemis potentiels. »

Malgré les dispositions de la FACA, les comités consultatifs fédéraux sont déjà lourdement influencés, si non capturés, par les intérêts corporatistes. Donc, en court-circuitant la FACA, le Pentagone a passé outre les dispositions déjà affaiblies de la FACA, en excluant de façon permanente toute possibilité d’engagement public.

L’affirmation d’O’Neill selon laquelle il n’y a pas de rapports ou de recommandations n’est pas sincère. De son propre aveu, les consultations secrètes du Pentagone avec l’industrie qui ont eu lieu par le biais du Highlands Forum depuis 1994 ont été accompagnées par la soumission régulière d’articles académiques et de politique, d’enregistrements et de notes de réunion, et d’autres formes de documentation qui sont verrouillées derrière une connexion uniquement accessible aux délégués du Forum. Ceci viole l’esprit, sinon la lettre, de la FACA – d’une façon qui est clairement conçue pour échapper à toute responsabilité démocratique et aux règles du droit.

Le Highlands Forum n’a pas besoin de produire des recommandations consensuelles. Sa raison d’être est de fournir au Pentagone un mécanisme de mise en réseau social fantôme pour cimenter des relations durables avec le pouvoir corporatiste, et d’identifier de nouveaux talents pouvant être utilisés pour affiner les stratégies de guerre de l’information dans le plus grand secret.

Le nombre total de participants au Highlands Forum du DoD dépasse le millier, bien que les sessions consistent surtout en de petites réunions de type groupe de travail d’au plus 25-30 personnes, rassemblant des experts et des fonctionnaires selon les sujets. Les délégués ont compté en leur nombre du personnel de haut niveau du SAIC et de Booz Allen Hamilton, RAND Corp., Cisco, Human Genome Sciences, eBay, PayPal, IBM, Google, Microsoft, AT&T, la BBC, Disney Corp., General Electric, Enron, parmi une liste innombrable ; des membres Démocrates ou Républicains du Congrès et du Sénat ; des cadres supérieurs de l’industrie US de l’énergie comme Daniel Yergin d’IHS Cambridge Energy Research Associates ; et des personnages-clés impliqués des deux côtés des campagnes présidentielles.

D’autres participants comprenaient des professionnels de haut rang des médias : David Ignatius, rédacteur en chef adjoint du Washington Post et à l’époque rédacteur exécutif de l’International Herald Tribune ; Thomas Friedman, chroniqueur de longue date au New York Times ; Arnaud de Borchgrave, rédacteur au Washington Times et à United Press International ; Steven Levy, ancien rédacteur de Newsweek, auteur titulaire au New Yorker ; Noah Schachtmann, rédacteur exécutif au Daily Beast ; Rebecca McKinnon, co-fondatrice de Global Voices Online ; Nik Gowing de la BBC ; et John Markoff du New York Times.

Du fait de son soutien actuel par le Sous-Secrétaire à la Défense pour le renseignement de l’OSD, le forum dispose d’un accès interne aux dirigeants des principales agences de surveillance et de reconnaissance US, ainsi qu’aux directeurs et à leurs assistants des agences de recherche du DoD, de la DARPA à l’ONA. Ceci signifie également que le forum est profondément connecté aux équipes spéciales de recherche sur les politiques du Pentagone.

Google : des débuts financés par le Pentagone

En 1994 – l’année de la fondation du Highlands Forum sous les auspices de l’OSD, de l’ONA et de la DARPA – deux jeunes étudiants doctorants de l’Université de Stanford, Sergey Brin et Larry Page, réalisèrent leur percée sur la première application automatisée de recherche et de classement de pages sur le web. Cette application demeure le composant central de ce qui allait devenir le service de recherche de Google. Brin et Page avaient accompli leur travail avec le financement de la Digital Library Initiative (DLI) (Initiative de Librairie Numérique), un programme multi-agences de la National Science Foundation (NSF), la NASA et la DARPA.

Mais ce n’est qu’une partie de l’histoire.

Tout le long du développement du moteur de recherche, Sergey Brin rendait régulièrement et directement compte à deux personnes qui n’étaient pas du tout de la faculté de Standford : le Dr Bhavani Thuraisingham et le Dr Rick Steinheiser. Les deux étaient des représentants d’un programme sensible de recherche de la communauté du renseignement US sur la sécurité de l’information et l’extraction de données.

Thuraisingham est actuellement le professeur titulaire de l’enseignement Louis A. Beecherl et directeur exécutif du Cyber Research Institute à l’Université du Texas à Dallas, et un expert sollicité sur l’extraction de données, leur gestion et la sécurité de l’information. Mais dans les années 1990, elle travaillait pour MITRE Corp., une entreprise éminente de la défense US, où elle a géré l’initiative du Massive Digital Data Systems (MDDS) (Systèmes massifs de données numériques), un projet sponsorisé par la NSA, la CIA et le Director of Central Intelligence (Directeur du renseignement central), afin de promouvoir les recherches innovantes sur les technologies de l’information.

« Nous avons financé l’université de Stanford par l’intermédiaire de l’informaticien Jeffrey Ullman, qui avait plusieurs étudiants diplômés prometteurs travaillant sur des domaines très excitants, » m’a dit le professeur Thuraisingham. « L’un d’eux était Sergey Brin, le fondateur de Google. La communauté de renseignement du programme MDDS a essentiellement fourni à Brin un financement initial, qui était complété par beaucoup d’autres sources, dont le secteur privé. »

Ce genre de financement n’est certes pas inhabituel, et le fait que Sergey Brin ait pu en bénéficier en étant un étudiant diplômé de Stanford semble fortuit. Le Pentagone s’intéressait à toute la recherche sur la science informatique à cette époque. Mais cela démontre à quel point la culture de la Silicon Valley est profondément enracinée au sein des valeurs de la communauté du renseignement US.

Dans un document extraordinaire hébergé par le site de l’université du Texas, Thuraisingham raconte que, de 1993 à 1999, « l’Intelligence Community (la communauté du renseignement) lança un programme nommé Massive Digital Data Systems (MDDS) que je dirigeais pour l’Intelligence Community quand j’étais à MITRE Corporation. » Le programme a financé 15 efforts de recherche dans plusieurs universités, dont Stanford. Son but était de développer « les technologies de gestion de données pour gérer plusieurs terabits et petabits de données, » pour notamment « le traitement de requêtes, la gestion de transactions, la gestion de métadonnées, la gestion du stockage et l’intégration des données. »

À l’époque, Thuraisingham était chef de recherche pour la gestion des données et de l’information à MITRE, où elle a mené les efforts d’une équipe de recherche et développement pour la NSA, la CIA, l’US Air Force Research Laboratory (laboratoire de recherche pour l’armée de l’air américaine), ainsi que pour l’US Navy’s Space and Naval Warfare Systems Command (SPAWAR) (commandement des systèmes de guerre navals et spatiaux) et Communications and Electronic Command (CECOM) (commandement de l’électronique et des télécommunications). Elle continua à donner des cours pour des officiels du gouvernement américain et des entrepreneurs de la défense sur l’extraction de données dans le contre-terrorisme.

Dans son article de l’université du Texas, elle joint la copie d’un résumé sur le programme MDDS de la communauté du renseignement américain qui fut présenté à l’Annual Intelligence Community Symposium (symposium annuel de la communauté du renseignement) en 1995. Le résumé révèle que les principaux parrains du programme MDDS étaient 3 agences : la NSA, le Bureau de recherche & développement de la CIA et la communauté du renseignement du Community Management Staff (CMS) (personnel de la gestion de la communauté) qui opèrent sous les ordres du Director of Central Intelligence (directeur du renseignement central). Les administrateurs du programme, qui ont fourni un financement d’environ 3-4 millions de dollars par an, et ce pendant 3-4 ans, ont été identifiés comme étant Hal Curran (NSA), Robert Kluttz (CMS), Dr Claudia Pierce (NSA), Dr Rick Steinheiser (ORD  –  qui signifie Bureau de Recherche & Développement de la CIA), et Thuraisingham elle-même.

Thuraisingham continue dans son article pour insister sur le fait que le programme conjoint de la CIA et de la NSA a, en partie, financé Sergey Brin pour développer le noyau de Google, à travers une subvention accordée à Stanford et gérée par le superviseur de Brin, le professeur Jeffrey D. Ullman :

« En fait, le fondateur de Google, Sergey Brin, était en partie financé par ce programme pendant qu’il était doctorant à Stanford. En collaboration avec son conseiller, le professeur Jeffrey Ullman et mon collègue à MITRE, Dr Chris Clifton [Le chef de la recherche informatique de MITRE], il a développé le Query Flocks System (Système d’amas de requêtes) qui produisait des solutions pour l’exploration de grandes quantités de données stockées en base de données. Je me rappelle avoir visité Stanford avec Dr. Rick Steinheiser de l’Intelligence Community et vu M. Brin entrer en surgissant sur des rollers, livrer sa présentation et se ruer dehors. En fait, la dernière fois que nous nous sommes vus en septembre 1998, M. Brin nous a fait une démonstration du moteur de recherche qui devint Google quelque temps plus tard.

Brin et Page ont officiellement institué Google en tant qu’entreprise en septembre 1998, ce même mois où ils ont, pour la dernière fois, fait leur rapport à Thuraisingham et Steinheiser. « Query Flocks » faisait aussi partie du système « PageRank » [classement de pages, NdT] breveté de Google, que Brin a développé à Stanford dans le programme MDDS-CIA-NSA ainsi qu’avec du financement de la NSF, IBM et Hitachi. Cette année-là, le Dr Chris Clifton de MITRE, qui travaillait sous Thuraisingham pour le développement du système « Query Flocks » écrivit un article, conjointement avec le superviseur de Brin, le Professeur Ullman et Rick Steinheiser de la CIA. Intitulé « Knowledge Discovery in Text » (Découverte de connaissance dans un texte), l’article fut présenté lors d’une conférence académique.

« Le financement de MDDS qui soutenait Brin était substantiel comme capital d’amorçage, mais il était probablement dépassé par d’autres canaux de financement, » affirme Thuraisingham. « La durée du financement de Brin fut d’à peu près deux ans. Pendant cette période, mes collègues du MDDS et moi-même nous rendions à Stanford pour voir Brin et surveiller ses progrès à peu près tous les trois mois. Nous ne supervisions pas exactement, mais nous voulions vérifier la progression, souligner d’éventuels problèmes et suggérer des idées. Lors de ces réunions, Brin nous présenta effectivement la recherche sur Query Flocks, et nous fit aussi la démonstration de plusieurs versions du moteur de recherche de Google. »

Brin rendait donc régulièrement compte à Thuraisingham et à Steinheiser de son travail de développement de Google.

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Mise à jour à 14h05 GMT (le 2 février 2015)

Depuis la publication de cet article, le Professeur Thuraisingham a modifié son article référencé plus haut. La version modifiée inclut un nouveau communiqué, suivi de la copie de l’original du compte-rendu du MDDS. Dans cette version modifiée, Thuraisingham rejette l’idée d’un financement de Google par la CIA, en affirmant plutôt :

« L’article du Dr Ahmed (daté du 22 janvier 2015) comporte aussi plusieurs inexactitudes. Par exemple, le programme MDDS n’était pas un programme « sensible » comme l’a déclaré le Dr Ahmed ; c’était un programme non secret financé par des universités américaines. De plus, Sergey Brin ne rendait jamais compte à moi ou au Dr Rick Steinheiser ; il nous a seulement donné des présentations pendant nos visites au Département des sciences informatiques à Stanford au cours des années 1990. De plus, le MDDS n’a jamais financé Google. Il finançait l’université de Stanford. »

Ainsi, il n’y a pas de différence réelle dans le récit de Thuraisingham, hormis qu’elle affirme que sa déclaration associant Sergey Brin au développement de Query Flocks est erronée. Il est à noter que cette reconnaissance est fondée non pas sur sa propre observation, mais sur le seul article citant le commentaire d’un porte-parole de Google.

Cependant, la tentative bizarre de dissocier Google du programme MDDS rate la cible. Tout d’abord, le MDDS n’a jamais financé Google, car durant le développement des composants principaux du moteur de recherche Google, il n’y avait aucune entreprise enregistrée sous ce nom. La subvention était plutôt fournie à l’Université de Stanford par le Professeur Ullman, par lequel quelques financements du MDDS étaient utilisés pour soutenir Brin qui co-développait Google à l’époque. Deuxièmement, Thuraisingham ajoute alors que Brin n’a jamais rendu de compte à elle ou à Steinheiser de la CIA, mais admet qu’il « nous faisait des présentations lors de nos visites au Département des sciences informatiques à Stanford dans les années 1990. » Cependant, la distinction entre des comptes-rendus et la présentation d’exposés détaillés n’est pas claire –  en tout cas, Thuraisingham confirme qu’elle et la CIA avaient manifesté un vif intérêt pour le développement par Brin de Google. Troisièmement, Thuraisingham décrit le programme MDDS comme « déclassifié », mais cela ne contredit pas sa nature « sensible ». Comme quelqu’un ayant travaillé pendant des décennies en tant qu’entrepreneur et conseiller dans le renseignement, Thuraisingham est certainement consciente qu’il y a beaucoup de façons de définir le renseignement, et « sensible mais déclassifié » en est une. Un certain nombre d’officiels du renseignement américain à qui j’ai parlé ont affirmé que le manque presque total d’information publique sur l’initiative MDDS de la NSA et de la CIA suggère que, bien que le programme n’était pas classifié, il est plutôt probable que son contenu était considéré sensible, ce qui expliquerait les efforts pour minimiser la transparence du programme et la manière avec laquelle il a nourri le développement d’outils pour la communauté du renseignement américaine.

Quatrièmement, et finalement, il est important de noter que le résumé de MDDS que Thuraisingham inclut dans son document de l’université du Texas déclare clairement, non seulement que le directeur du renseignement central de CMS, de la CIA et de la NSA étaient les superviseurs de l’initiative MDDS, mais que les clients désignés du projet étaient « le DoD, l’IC et les autres organisations gouvernementales » : le Pentagone, la communauté du renseignement américaine, et d’autres agences du gouvernement américain concernées.

En d’autres termes, la mise à disposition du financement de MDDS à Brin par Ullman, sous la houlette de Thuraisingham et Steinheiser, était essentiellement due au fait qu’ils reconnaissaient l’utilité potentielle du travail de développement par Brin de Google pour le Pentagone, la communauté du renseignement, et le gouvernement fédéral en général.

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Le programme MDDS est en fait référencé dans plusieurs articles co-écrits par Brin et Page alors qu’ils étaient à Stanford, qui surlignent spécifiquement son rôle dans le soutien financier à Brin dans le développement de Google. Dans leur article publié en 1998 dans le communiqué de l’IEEE Computer Society Technical Committee on Data Engineering (comité technique de la société informatique sur l’ingénierie de données de l’IEEE), ils décrivent l’automatisation des méthodes d’extraction d’information depuis Internet via le « Dual Iterative Pattern Relation Extraction » (extraction relationnelle par modèle double itératif), le développement d’un « classement global de pages Internet appelé PageRank », et l’utilisation de PageRank « pour développer un nouveau moteur de recherche appelé Google. » À travers une ouverture en bas de page, Sergey Brin confirme qu’il était « partiellement soutenu par le MDDS du CMS, la subvention de la NSF IRI-96-31952 » – confirmant que le travail de Brin développant Google était en effet en partie financé par le programme CIA-NSA-MDDS.

Cette bourse du NSF, identifiée à côté du MDDS, dont le rapport de projet inscrit Brin sur sa liste d’étudiants bénéficiaires (sans mention du MDDS), était différente de la bourse de la NSF pour Larry Page qui comprenait un financement de DARPA et de la NASA. Le rapport de projet, écrit par le superviseur de Brin, le Professeur Ullman, poursuit pour dire sous la section « Indices de Succès » qu’il y a « quelques histoires actuelles de start-ups basées sur des recherches soutenues par la NSF. » Sous « Impact du Projet », le rapport note : « Finalement, le projet Google est lui aussi devenu commercial en tant que Google.com. »

Le récit de Thuraisingham démontre donc que le programme CIA-NSA-MDDS a non seulement financé Brin pendant tout son travail avec Larry Page au développement de Google, mais que des représentants haut-placés dans le renseignement US, dont un officiel de la CIA, supervisaient l’évolution de Google lors de cette phase précédant son lancement, jusqu’à ce que l’entreprise soit prête à être officiellement fondée. Google, donc, a pu voir le jour par le biais d’une quantité « conséquente » de financements de départ et de supervision par le Pentagone : à savoir la CIA, la NSA, et la DARPA.

Le DoD n’a pas pu être joint pour un commentaire.

Lorsque j’ai demandé au Professeur Ullman de confirmer ou d’infirmer le financement partiel de Brin via le programme MDDS de la communauté du renseignement, et si Ullman était au courant que Brin rendait régulièrement des comptes à Rick Steinheiser, de la CIA, sur ses progrès dans le développement du moteur de recherche de Google, les réponses d’Ullman furent évasives : « Puis-je savoir qui vous représentez et pourquoi vous êtes intéressé par ces sujets ? Quelles sont vos sources ? » Il nia aussi que Brin ait joué un rôle significatif dans le développement du système Query Flocks, bien qu’il soit évident à la lecture des articles de Brin qu’il s’est inspiré de ce travail en co-développant le système PageRank avec Page.

Quand j’ai demandé à Ullman s’il niait le rôle de la communauté US du renseignement dans le soutien octroyé à Brin au cours du développement de Google, il a répondu : « Je ne vais pas accorder à ces bêtises la dignité d’une réponse. Si vous ne m’expliquez pas quelle est votre théorie et où vous voulez en venir, je ne lèverai pas le petit doigt pour vous. »

Le résumé du MDDS publié en ligne à l’Université du Texas confirme que le raisonnement derrière ce projet conjoint CIA-NSA était de « fournir un capital d’amorçage pour développer des technologies de gestion de données à haut risque et à haut rendement, » y compris des technologies pour « exprimer des requêtes, naviguer et filtrer ; traiter les transactions ; accès, méthodes et indexation ; gestion des métadonnées et modelage des données ; intégration de bases de données hétérogènes, ainsi que le développement d’architectures appropriées. » La vision ultime du programme était de « fournir un accès fluide, et la fusion de quantités massives de données, d’informations et de connaissances dans un environnement hétérogène en temps réel » à l’usage du Pentagone, de la communauté du renseignement et potentiellement à travers tout le service public.

Ces révélations corroborent les affirmations de Robert Steele, ancien officier haut gradé de la CIA et directeur adjoint civil fondateur de la Marine Corps Intelligence Activity (activité de renseignement du corps des Marines US), dont j’ai fait l’interview pour le Guardian l’année dernière au sujet des renseignements dits « open source ». Citant des sources à la CIA, Steele avait affirmé en 2006 que Steinheiser, un ex-collègue, était le principal agent de liaison chez Google et qu’il avait arrangé le financement précoce de l’entreprise pionnière en IT. À l’époque le fondateur de Wired, John Batelle, était parvenu, en réponse aux affirmations de Steele, à obtenir cette dénégation officielle de la part d’un porte-parole de Google :

« Les déclarations en rapport avec Google sont complètement fausses. »

Cette fois-ci, en dépit de multiples requêtes et conversations, un porte-parole de Google a refusé de commenter.

MISE À JOUR : À 17:41 GMT [le 22 janvier 2015], le directeur de la communication d’entreprise de Google prit contact avec moi et me demanda d’inclure la déclaration suivante :

« Sergey Brin ne faisait pas partie du programme Query Flocks à Stanford, et aucun de ses projets n’a été financé par des organismes du renseignement US. »

Voici ma réponse écrite :

Ma réponse à cette déclaration est la suivante : Brin reconnaît lui-même, dans son propre article, le financement du Community Management Staff de l’initiative du Massive Digital Data Systems (MDDS), fourni par l’intermédiaire de la NSF. Le MDDS était un programme de la communauté du renseignement mis en place par la CIA et la NSA. J’ai également archivé cela, ainsi qu’il est noté dans le document de la part du Professeur Thuraisingham de l’Université du Texas, selon quoi elle a dirigé le programme MDDS pour le compte de la communauté américaine du renseignement, et qu’elle et Rick Steinheiser de la CIA ont rencontré Brin à peu près tous les trois mois pendant deux ans, afin d’entendre le résumé de ses progrès dans le développement de Google et de PageRank. Que Brin ait travaillé sur Query Flocks n’a rien à voir.

Dans ce contexte, vous devriez songer aux questions suivantes :

1) Google nie-t-il que le travail de Brin ait été partiellement financé par le MDDS via une bourse de la NSF ?

2) Google nie-t-il que Brin ait régulièrement rendu compte à Thuraisingham et Steinheiser entre 1996 et jusqu’à septembre de 1998, où il leur présenta le moteur de recherche de Google ?

Accès total à l’information

Un appel à des articles pour le MDDS fut envoyé par liste de diffusion le 3 novembre 1993 par le haut fonctionnaire du renseignement US David Charnovia, directeur du bureau de coordination de recherche et développement du CMS de la communauté du renseignement. La réaction de Tatu Ylonen (inventeur acclamé du protocole largement répandu de protection de données « secure shell » [SSH]) à ses collègues sur la liste de diffusion est révélatrice : « Crypto-pertinence ? Cela fait se demander s’il ne vaut pas mieux protéger ses données. » L’email confirme également que l’entreprise de défense et partenaire du Highlands Forum, SAIC, gérait le processus de soumission d’articles au MDDS, les résumés devant être ensuite adressés à Jackie Booth, du Bureau de Recherche & Développement de la CIA via une adresse mail de SAIC.

En 1997, révèle Thuraisingham, peu de temps avant que Google devienne une entreprise à part entière, et alors qu’elle supervisait toujours le développement de son logiciel de moteur de recherche à Stanford, ses pensées se tournèrent vers les applications du programme MDDS en termes de sécurité nationale. Dans les remerciements pour son livre publié en 2003, Web Data Mining and Applications in Business Intelligence and Counter-Terrorism (« Extraction de Données sur le Web et Applications en Renseignement Commercial et en Contre-Terrorisme »), Thuraisingham écrit qu’elle et « le Dr Rick Steinheiser de la CIA ont commencé des discussions avec la Defense Advanced Research Projects Agency (DARPA) sur l’application de l’extraction de données dans le cadre du contre-terrorisme, » une idée qui résulta directement du programme MDDS et qui finança Google, en partie. « Ces discussions finirent par évoluer vers le programme actuel EELD [Evidence Extraction and Link Detection, Extraction de Preuves et Détection de Liens] à la DARPA. »

Donc, le même haut fonctionnaire de la CIA et la sous-traitante de la CIA-NSA impliqués dans la fourniture du capital d’amorçage pour Google considéraient au même moment le rôle de l’extraction de données pour des objectifs de contre-terrorisme, et développaient des idées pour des outils en réalité avancés par la DARPA.

Aujourd’hui, comme l’illustre son récent éditorial dans le New York Times, Thuraisingham demeure une ferme avocate de l’extraction de données dans des objectifs de contre-terrorisme, mais insiste également sur le fait que ces méthodes doivent être développées par le gouvernement en coopération avec des juristes des libertés civiques et des défenseurs de la vie privée, pour garantir que de robustes procédures soient en place afin de prévenir d’éventuels abus. Elle souligne, sévère, qu’avec la quantité d’information qui est recueillie, il y a un grand risque de faux positifs.

En 1993, quand le programme MDDS fut lancé et géré par la MITRE Corp. pour le compte de la communauté US du renseignement, une informaticienne de l’Université de Virginie, le Dr Anita K. Jones – une tutrice de la MITRE – décrocha le poste de directrice de la DARPA et celui de recherche et d’ingénierie pour tout le Pentagone. Elle avait été au conseil d’administration de MITRE depuis 1998. De 1987 à 1993, Jones siégea simultanément au conseil d’administration de la SAIC comme nouvelle directrice de la DARPA de 1993 à 1997, elle co-présida également le Highlands Forum du Pentagone durant la phase du développement de Google antérieure à son lancement à Stanford, par le MDDS.

Donc, quand Thuraisingham et Steinheiser parlaient avec la DARPA d’applications des recherches du MDDS en contre-terrorisme, Jones était directrice de la DARPA et co-présidente du Highlands Forum. Cette année-là, Jones quitta la DARPA pour retrouver son poste à l’Université de Virginie. L’année suivante, elle rejoignit le conseil de direction de la National Science Foundation qui, bien sûr, venait de financer Brin et Page, et revint aussi au conseil d’administration de la SAIC. Quand elle quitta le DoD, le Sénateur Chuck Robb lui rendit l’hommage suivant : « Elle a réuni les communautés militaires de technologies et d’opérations pour concevoir des plans détaillés afin de maintenir la domination américaine sur le champ de bataille dans le prochain siècle. »

Dr Anita Jones, à la tête de la DARPA de 1993 à 1997, et co-présidente du Highlands Forum du Pentagone de 1995 à 1997, période durant laquelle les dirigeants en charge du programme CIA-NSA-MDSS ont financé Google, et en collaboration avec la DARPA ont utilisé l'extraction de données pour l'anti-terrorisme

Dr Anita Jones, à la tête de la DARPA de 1993 à 1997, et co-présidente du Highlands Forum du Pentagone de 1995 à 1997, période durant laquelle les dirigeants en charge du programme CIA-NSA-MDSS ont financé Google, et en collaboration avec la DARPA ont utilisé l’extraction de données pour l’anti-terrorisme

Au conseil de direction de la National Science Foundation de 1992 à 1998 (dont un épisode en tant que président, en 1996) siégeait Richard N. Zare. C’était l’époque où la NSF sponsorisait Sergey Brin et Larry Page en association avec la DARPA. En juin 1994, le Professeur Zare, un chimiste à Stanford, participa avec le Professeur Jeffrey Ullman (qui supervisait les recherches de Sergey Brin) à un comité sponsorisé par Stanford et le National Research Council évoquant le besoin pour les scientifiques de démontrer comment leur travail « était en adéquation avec les besoins nationaux. » Le panel rassembla des scientifiques et des décideurs politiques, dont des « membres du cénacle à Washington. »

Le programme EELD de la DARPA, inspiré par le travail de Thuraisingham et Steinheiser et supervisé par Jones, fut rapidement adapté et intégré avec un ensemble d’outils pour mener une surveillance globale sous l’administration Bush.

Selon un des dirigeants de la DARPA, Ted Senator, qui a mené le programme EELD pour l’éphémère Information Awareness Office (Bureau sur la conscience de l’information), l’EELD faisait partie des « techniques prometteuses » en préparation pour être implémentées dans le système prototype TIA (Total Information Awareness). Le TIA était le principal programme d’écoute et d’extraction de données mondial déployé sous l’administration Bush après le 11-Septembre. Le TIA avait été élaboré par l’amiral John Poindexter, conjuré des Contras iraniens, qui fut nommé en 2002 par Bush pour diriger le nouvel Information Awareness Office de la DARPA.

Le Xerox Palo Alto Research Center (PARC) faisait partie des 26 entreprises (incluant SAIC) ayant gagné des contrats avec la DARPA pour plusieurs millions de dollars (les détails sont restés classés) sous Poindexter, afin de faire avancer le programme de surveillance TIA à partir de 2002. Les recherches comprenaient « le profilage comportemental », « la détection, l’identification et le traçage automatisé » d’activité terroriste, ainsi que d’autres projets d’analyse de données. Durant cette période, John Seely Brown était le directeur du PARC et le directeur de la recherche. Brown et Poindexter participaient au Pentagon Highlands Forum – Brown de façon régulière jusqu’à très récemment.

Le TIA a été prétendument fermé en 2003 en raison d’une contestation publique une fois le programme connu des médias. Mais l’année suivante, Poindexter participa au Pentagon Highlands Group à Singapour, ainsi que de nombreux représentants de la défense et de la sécurité venus de toute la planète. Pendant ce temps, Ted Senator continuait à gérer le programme EELD ainsi que d’autres projets d’extraction et d’analyse de données à la DARPA jusqu’en 2006, puis il rejoignit le SAIC où il devint vice-président. Il fait maintenant partie de l’équipe technique du SAIC/Leidos.

Google, la DARPA et la piste de l’argent

Bien avant le succès de Sergey Brin et Larry Page, le département informatique de l’université de Stanford était déjà très proche des services de renseignement de l’armée américaine. Une lettre remontant au 5 novembre 1984, provenant du Professeur Edward Feigenbaum, expert en intelligence artificielle (IA), était destinée à Rick Steinheiser. Cette lettre décrivait la direction du Projet de Programmation Heuristique de Stanford et désignait Steinheiser comme membre du « AI Steering Commitee » (« Comité de Pilotage IA »). La liste des participants à une conférence, financée par le Bureau de Recherche de la Marine du Pentagone (ONR, Office of Naval Research), décrivait Steinheiser comme délégué sous l’appellation « OPNAV Op-115 » – qui se rapporte au programme du Bureau du chef des opérations navales, qui joua un rôle majeur dans les systèmes numériques avancés pour l’armée.

Depuis les années 70, le professeur Feigenbaum et ses collègues ont mené le Projet de Programmation Heuristique, en contrat avec la DARPA, jusque dans les années 90. Feigenbaum, à lui seul, reçut un peu plus de 7 millions de dollars durant cette période pour son travail à la DARPA, ainsi que d’autres financements de la NSF, la NASA et l’ONR.

Le superviseur de Brin à Stanford, le professeur Jeffrey Ullman, faisait partie en 1996 du projet de financement du programme « d’Intégration Intelligente de l’Information » de la DARPA. La même année, Ullman a co-présidé des réunions sponsorisées par la DARPA sur l’échange de données entre systèmes multiples.

En septembre 1998, alors que Sergey Brin échangeait avec les représentants du renseignement américain Steinheiser et Thuraisingham, les entrepreneurs en technologies Andreas Bechtolsheim et David Cheriton ont investi 100 000 $ chacun dans Google. Tous deux sont liés à la DARPA.

Doctorant en ingénierie électrique à Stanford dans les années 80, le projet de la première station de travail SUN de Bechtolsheim a été financé par la DARPA et le département informatique de Stanford. Ce projet de recherche constitue les fondations de Sun Microsystems, fondé par Bechtolsheim et William Joy.

Tout comme Bechtolsheim, David Cheriton a co-investi dans Google. Cheriton est un professeur d’informatique de l’université de Stanford et ayant des relations encore plus étroites avec la DARPA. Sa biographie à l’université canadienne d’Alberta, qui l’a récompensé d’un doctorat honorifique en science en novembre 2014, décrit ses travaux de recherche en spécifiant qu’il a reçu le soutien de la DARPA pendant plus de 20 ans.

Au même moment, Bechtolsheim quitta Sun Microsystems en 1995, co-fondant Granite Systems avec son ami et investisseur de Google, Cheriton. Ils revendent Granite à Cisco Systems en 1996, mais conservent le contrôle de Granite, et deviennent ainsi de hauts dirigeants chez Cisco.

Un email émanant du corpus Enron (une base de données de 600 000 emails récupérée par la Commission fédérale de régulation de l’énergie et rendue publique) envoyé par Richard O’Neill, invitant les dirigeants d’Enron à participer au Highlands Forum, montre que les dirigeants de Cisco et Granite sont intimement liés au Pentagone. Cet email révèle qu’en mai 2000 William Joy, partenaire de Bechtolsheim et co-fondateur de Sun Microsystems, participa au Forum pour débattre des nanotechnologies et d’informatique moléculaire (il était alors PDG de Sun et en dirigeait la recherche).

En 1999, William Joy a également co-dirigé le Comité Consultatif en Technologie de l’Information du Président, supervisant un rapport reconnaissant que la DARPA avait :

« … revu ses priorités dans les années 90 afin que tous les financements pour les technologies de l’information soient jugés en termes de bénéfices aux militaires. »

Ainsi, au cours des années 90, les financements de la DARPA pour Stanford, incluant Google, visaient explicitement les technologies qui permettraient d’améliorer les services de renseignement du Pentagone dans les théâtres de guerre.

Le rapport de William Joy recommandait davantage de financements provenant du gouvernement fédéral, au travers du Pentagone, de la NASA et d’autres agences, au bénéfice du secteur des technologies de l’information (IT). Greg Papadopoulos, autre collègue de Bechtolsheim et dirigeant technique chez Sun Microsystems, participa également au Highlands Forum du Pentagone en septembre 2000.

En novembre, le Highlands Forum invita Sue Bostrom, qui était alors vice-présidente de l’activité Internet chez Cisco et faisait partie du comité de direction avec Bechtolsheim et Cheriton. Le forum invita également Lawrence Zuriff, alors directeur associé chez Granite (revendu à Cisco par Cheriton et Bechtolsheim). Zuriff était auparavant prestataire au SAIC de 1993 à 1994, travaillant avec le Pentagone sur des problèmes de sécurité nationale, en particulier pour l’ONA de Marshall. En 1994, le SAIC et l’ONA étaient, bien entendu, impliqués dans la création du Highlands Forum du Pentagone. Pendant son mandat au SAIC, on trouve un document de Zuriff intitulé « Understanding Information War » (« Comprendre la Guerre de l’Information »), remis au cours d’une table ronde organisée par le SAIC sur le thème de la Révolution dans les Affaires Militaires.

Après la création de Google, l’entreprise reçut 25 millions de dollars de fonds propres en 1999, amenés par Sequoia Capital et Kleiner Perkins Caufield & Byers. Selon Homeland Security Today [magazine mensuel sur la sécurité intérieure, NdT] : « Un certain nombre de start-ups, financées par Sequoia Capital, sont en contrat avec le Ministère de la Défense (DoD), en particulier après le 11-Septembre, quand Mark Kvamme (de Sequoia Capital) rencontra le secrétaire à la Défense, Donald Rumsfeld, pour discuter de l’application des technologies émergentes pour la guerre et le renseignement. » De même, Kleiner Perkins s’est grandement rapproché de In-Q-Tel, la société d’investissement en capital à risque de la CIA, qui finance les start-ups pour « accélérer le développement de technologies de valeur « prioritaires » » pour la communauté du renseignement.

John Doerr, qui permit à Kleiner Perkins Capital d’obtenir une place au comité de direction de Google grâce à leurs investissements, était un des premiers gros investisseurs au démarrage de Sun Microsystems, l’entreprise de Becholshtein. Avec sa femme Anne, ils ont fondé le Center for Engineering Leadership de la Rice University, qui, en 2009, reçut 16 millions de dollars de la DARPA pour le projet PACE (Platform-Aware-Compilation-Environment) dans le cadre du programme de recherche et développement. Doerr est aussi très proche de l’administration Obama, qu’il conseilla peu après son arrivée au pouvoir afin d’accélérer les financements du Pentagone auprès de l’industrie technologique. En 2013, à la conférence Fortune Brainstorm TECH, Doerr applaudit « Comment la DARPA du ministère de la Défense a financé le GPS, CAD (Computer Aided Design), la plupart des secteurs de la science informatique, et bien entendu, Internet. »

En d’autres termes, depuis sa création, Google a été incubé, a grandi et a été financé par des intérêts qui étaient directement affiliés ou étroitement liés avec la communauté des services du renseignement américains, dont un grand nombre étaient intégrés au Pentagon Highlands Forum.

Google capture le Pentagone

En 2003, Google commença à personnaliser son moteur de recherche sous contrat spécial avec la CIA pour son Bureau de Gestion Intelink, « supervisant des intranets top-secrets, secrets et sensibles mais déclassifiés pour la CIA et d’autres agences de la communauté du renseignement, » selon Homeland Security Today. Cette année-là, le financement de la CIA était « discrètement » canalisé à travers la National Science Foundation vers des projets pouvant aider à créer « de nouvelles aptitudes pour combattre le terrorisme à travers l’usage de technologies avancées. »

L’année suivante, Google acheta la firme Keyhole, qui avait à l’origine été financée par In-Q-Tel. Se servant de Keyhole, Google commença à développer le logiciel de cartographie satellitaire avancée derrière Google Earth. L’ancienne directrice de la DARPA et co-présidente du Highlands Forum Anita Jones était au conseil d’administration d’In-Q-Tel à ce moment-là, et y demeure encore aujourd’hui.

Puis, en novembre 2005, In-Q-Tel émit une notification pour la vente de 2,2 millions de dollars d’actions de Google. La relation de Google avec le renseignement américain fut davantage mise en lumière quand une entreprise d’IT déclara dans une conférence privée de professionnels du renseignement, sur une base officieuse, qu’au moins une agence d’espionnage américaine travaillait pour « utiliser la capacité de surveillance des données [des usagers] de Google, » comme élément d’un effort d’acquisition de données « d’intérêt du domaine du renseignement pour la sécurité nationale. »

Une photo sur Flickr datée de mars 2007 révèle que Peter Norvig, le directeur de recherche de Google et expert en intelligence artificielle, avait assisté à une réunion du Highlands Forum du Pentagone cette année-là à Carmel, en Californie. Le lien intime de Norvig avec le forum dès cette année est également corroboré par son rôle dans l’édition de la liste de lecture du forum de 2007.

La photo ci-dessous montre Norvig en conversation avec Lewis Shepherd, qui à l’époque était officier supérieur de la technologie pour la DIA, et responsable de l’examen, de l’approbation et de l’architecture « de tous les nouveaux systèmes de hardware/software et d’acquisition pour la Global Defense Intelligence IT Enterprise », incluant des « technologies du big data ». Shepherd travaille désormais chez Microsoft. Norvig était chercheur en informatique à l’Université de Stanford en 1991 avant de rejoindre Sun Microsystems de Bechtolsheim comme chercheur attitré jusqu’en 1994, devenant par la suite directeur de la division informatique de la NASA.

Lewis Shepherd (à gauche), alors dirigeant technique de l'Agence des Renseignements de l'Armée (Defense Intelligence Agency) du Pentagone, s'adresse à Peter Norvig (à droite), expert reconnu en intelligence artificielle et directeur de recherche chez Google. Photo de 2007 au Highlands Forum.

Lewis Shepherd (à gauche), alors dirigeant technique de l’Agence des Renseignements de l’Armée (Defense Intelligence Agency) du Pentagone, s’adresse à Peter Norvig (à droite), expert reconnu en intelligence artificielle et directeur de recherche chez Google. Photo de 2007 au Highlands Forum.

Norvig apparaît sur le profil Google Plus de O’Neill comme un contact proche. Le reste des connexions Google Plus de O’Neill illustre sa proximité avec non seulement les différents dirigeants de Google, mais aussi des plus grands noms de la communauté tech américaine.

Parmi ces connexions, on retrouve Michele Weslander Quaid, une ex-prestataire de la CIA et ancienne cadre du renseignement au Pentagone, qui est à présent directrice technique chez Google où elle développe des programmes pour « mieux répondre aux besoins des agences du gouvernement » ; Elizabeth Churchill, directrice de l’expérience utilisateur chez Google ; James Kuffner, expert en robots humanoïdes maintenant à la tête de la division robotique chez Google et ayant introduit l’expression « cloud robotics » [robotique s’appuyant sur la puissance d’Internet pour la gestion des données, NdT] ; Mark Drapeau, directeur de l’innovation dans la branche « secteur public » de Microsoft ; Lili Cheng, directrice du Future Social Experiences Labs (FUSE) chez Microsoft ; Jon Udell, « évangéliste » de Microsoft ; Cory Ondrejka, vice-présidente de l’ingénierie chez Facebook ; pour n’en citer que quelques-uns.

En 2010, Google signa un contrat sans appel d’offre à plusieurs millions de dollars avec l’agence sœur de la NSA, la National Geospatial-Intelligence Agency (NGA). Le contrat repose sur l’utilisation de Google Earth pour des services de visualisation pour la NGA. Google avait développé le logiciel derrière Google Earth en rachetant Keyhole à la société de capital-risque de la CIA, In-Q-Tel.

L’année suivante, en 2011, une des connexions Google Plus de O’Neill, Michele Quaid – qui travailla en tant que dirigeante à la NGA, au bureau national de reconnaissance (NRO) et au bureau du directeur du renseignement national – quitta son poste dans l’administration pour rejoindre Google en tant qu’« évangéliste en innovation » mais également personne-contact pour trouver des contrats gouvernementaux. Le dernier poste de Quaid avant son entrée chez Google était celui de haute représentante du Directeur du Renseignement National auprès du Groupe de Travail sur le Renseignement, la Surveillance et la Reconnaissance, ainsi que conseillère supérieure du directeur du Joint and Coalition Warfighter Support (J&CWS) (Soutien au Combattant de Guerre Allié et de Coalition), auprès du sous-secrétaire à la défense pour le renseignement. Chacun de ces postes a pour objectif de rassembler des informations. Autrement dit, avant d’arriver chez Google, Quaid travaillait étroitement avec le bureau du sous-secrétaire à la Défense pour le renseignement, auquel le Highlands Forum du Pentagone est subordonné. Quaid a elle-même participé au forum, même si je ne peux confirmer quand et à quelle fréquence.

En mars 2012, la directrice de la DARPA de l’époque, Regina Dugan – qui à ce titre était aussi co-présidente du Highlands Forum du Pentagone – suivit sa collègue Quaid chez Google pour diriger le nouveau Groupe de Projets et de Technologies Avancées de l’entreprise. Pendant son temps au Pentagone, Dugan fut en pointe sur la cyber-sécurité stratégique et les médias sociaux, parmi d’autres initiatives. Elle était responsable d’avoir concentré une « part grandissante » du travail de la DARPA « sur l’examen de capacités offensives pour faire face à des besoins spécifiquement militaires, » s’assurant 500 millions de dollars de financement gouvernemental pour la recherche cybernétique de la DARPA de 2012 à 2017.

Regina Dugan, ancienne dirigeante de la DARPA et co-présidente du Highlands Forum, maintenant cadre supérieur chez Google – soigne son image de gagnante

Regina Dugan, ancienne dirigeante de la DARPA et co-présidente du Highlands Forum, maintenant cadre supérieur chez Google – soigne son image de gagnante

En novembre 2014, l’expert éminent en intelligence artificielle et en robotique James Kuffner était délégué aux côtés de O’Neill à l’Highlands Island Forum 2014 à Singapour, pour explorer « Le progrès en robotique et en intelligence artificielle : les implications pour la société, la sécurité et les conflits. » L’événement a inclus 26 délégués d’Autriche, d’Israël, du Japon, de Singapour, de Suède, de Grande-Bretagne et des USA, à la fois de l’industrie et du gouvernement. L’association de Kuffner avec le Pentagone, pour sa part, commença beaucoup plus tôt. En 1997, Kuffner était chercheur pendant son doctorat à Stanford pour le compte d’un projet financé par le Pentagone sur des robots mobiles autonomes, parrainé par la DARPA et l’US Navy.

Rumsfeld et la surveillance continuelle

En somme, beaucoup des cadres les plus élevés dans la hiérarchie de Google sont affiliés au Highlands Forum du Pentagone qui, au cours de la croissance de Google pendant la dernière décennie, a émergé à plusieurs reprises comme force de connexion et de rassemblement. L’incubation de Google par la communauté américaine du renseignement dès sa conception s’est déroulée à travers une combinaison de soutien direct et de réseaux informels d’influence financière, eux-mêmes étroitement alignés sur les intérêts du Pentagone.

Le Highlands Forum lui-même a utilisé la construction de relations informelles dans de tels réseaux privés pour réunir les secteurs de la défense et de l’industrie, permettant la fusion d’intérêts corporatistes et militaires en étendant l’appareil de surveillance dissimulé au nom de la sécurité nationale. Le pouvoir manié par le réseau fantôme représenté au forum peut, cependant, être perçu au mieux par son impact pendant l’administration Bush, quand il a joué un rôle direct pour littéralement rédiger les stratégies et les doctrines motivant les efforts américains pour parvenir à la « supériorité de l’information ».

En décembre 2001, O’Neill a confirmé que les discussions stratégiques du Highlands Forum alimentaient directement le remaniement stratégique d’Andrew Marshall de tout le DoD ordonné par le Président Bush et Donald Rumsfeld pour moderniser l’armée, dont la Quadrennial Defense Review [le réexamen du système de défense tous les quatre ans, NdT] – et que certaines des premières réunions du forum « ont abouti à la rédaction d’un ensemble de politiques, de stratégies, et de doctrines du DoD pour les forces armées dans la guerre de l’information. » Ce processus de « rédaction » des politiques de guerre de l’information du Pentagone « a été réalisé en liaison avec des gens comprenant différemment l’environnement – pas seulement des ressortissants des USA, mais également des étrangers, et des gens développant les technologies de l’information (IT) en entreprise. »

Les doctrines post-11-Septembre du Pentagone pour la guerre de l’information n’étaient à cette époque pas seulement rédigées par des fonctionnaires de la sécurité nationale des USA et d’ailleurs : elles l’étaient également par de puissantes entités corporatistes des secteurs de la défense et de la technologie.

En avril de cette année-là, le général James McCarthy termina son remaniement de la défense, ordonné par Rumsfeld. Son rapport soulignait à plusieurs reprises la surveillance de masse comme partie intégrante de la transformation du DoD. Pour ce qui est de Marshall, son rapport pour Rumsfeld qui suivit allait développer un plan directeur, pour déterminer l’avenir du Pentagone dans « l’ère de l’information ».

O’Neill avait aussi affirmé que pour développer la doctrine de la guerre de l’information, le forum avait tenu des discussions exhaustives sur la surveillance électronique et sur « ce qui constitue un acte de guerre dans un environnement d’informations. » Des articles alimentant la politique de défense américaine écrits durant les années 1990 par les consultants de RAND John Arquilla et David Rondfelt, tous deux membres de longue date du Highlands Forum, furent écrits « en conséquence de ces réunions, » explorant les dilemmes politiques sur la portée possible de l’objectif de « Supériorité de l’Information ». « L’une des choses qui était choquante pour le public américain était que nous ne prélevions pas électroniquement sur les comptes de Milosevic, alors qu’en fait nous en étions capables, » avait commenté O’Neill.

Malgré le fait que le processus de R&D autour de la stratégie de transformation du Pentagone demeure classé confidentiel, un indice sur les discussions du DoD ayant lieu durant cette période peut être glané sur une monographie de recherches de l’US Army School of Advanced Military Studies (École d’Études Militaires Avancées de l’Armée US) de 2005 dans le journal du DoD, Military Review, écrite par un officier du renseignement de l’Armée en service actif.

« L’idée de la surveillance continuelle comme capacité transformatrice a circulé au sein de la communauté nationale du renseignement (IC) et du Ministère de la Défense (DoD) depuis au moins trois ans, » disait l’article, faisant référence à l’étude de transformation ordonnée par Rumsfeld.

L’article de l’Armée poursuivait en passant en revue une gamme de documents militaires officiels de haut niveau, dont un du Bureau du Président des Chefs d’État-Major Interarmées (Joint Chiefs of Staff) qui démontrait que la « Surveillance Continuelle » était un thème fondamental de la vision centrée sur l’information de la politique de défense pour tout le Pentagone.

Nous savons maintenant que deux mois avant le discours de O’Neill à Harvard en 2001, sous le programme TIA (Terrorism information Awareness), le Président Bush avait secrètement autorisé la surveillance domestique par la NSA des citoyens US sans autorisation préalable délivrée par un tribunal, dans ce qui semble avoir été une modification illégale du projet de récupération de données ThinThread – ainsi que l’exposèrent plus tard les lanceurs d’alerte de la NSA William Binney et Thomas Drake.

Le nœud des start-ups de surveillance

Dès lors la SAIC, partenaire du Highlands Forum, joua dès le départ un rôle central dans l’essor de la NSA. Peu après le 11-Septembre, Brian Sharkey, responsable en charge du Secteur ELS3 de la SAIC (qui se focalisait sur les systèmes d’IT pour les balises d’urgence), fit équipe avec John Poindexter pour proposer le programme de surveillance du TIA. Sharkey, de la SAIC, avait auparavant été directeur adjoint du Bureau des Systèmes d’Information à la DARPA durant les années 1990.

Pendant ce temps et à peu près au même moment, le vice-président de la SAIC pour le développement d’entreprise, Samuel Visner, devint directeur des programmes de renseignement par transmission de la NSA. La SAIC faisait alors partie d’un consortium bénéficiant d’un contrat de 280 millions de dollars pour mettre au point l’un des systèmes secrets d’écoute de la NSA. En 2003, Visner retourna à la SAIC pour devenir directeur de la prévision stratégique et du développement commercial au sein du groupe de renseignement de la firme.

Cette année-là, la NSA consolida son programme TIA de surveillance électronique sans mandat, afin de garder « des traces des individus » et comprendre « comment ils s’accordent aux modèles » par le biais des profils à risque de citoyens américains et d’étrangers. Le TIA accomplissait cela en intégrant des bases de données financières, médicales, de voyages, d’éducation et autres dans une « énorme base de données virtuelle et centralisée. »

Ce fut aussi l’année où l’administration Bush esquissa sa feuille de route notoire des Opérations d’Information. Décrivant l’Internet comme un « système d’armement vulnérable », la feuille de route des OI selon Rumsfeld avait plaidé que la stratégie du Pentagone « devrait être fondée sur la présomption que le Ministère [de la Défense] allait « combattre le Net » comme il combattrait un système d’armement ennemi. » Les USA avaient intérêt à rechercher un « contrôle maximal » du « spectre entier de systèmes, capteurs et armes de communication émergeant au niveau mondial, » plaidait le document.

L’année suivante, John Poindexter, qui avait proposé et géré le programme de surveillance TIA via son poste à la DARPA, était à Singapour pour prendre part à l’Island Forum 2004 de Highlands. Parmi les autres délégués figuraient notamment le co-président du Highlands Forum d’alors et l’officier en chef du renseignement (CIO, Chief Intelligence Officer) du Pentagone Linton Wells ; le président de l’entreprise notoire de la guerre de l’information du Pentagone, John Rendon ; Karl Lowe, directeur de la Joint Advanced Warfighting Division [la JAWD était prestataire de JFCOM, NdT] du Joint Forces Command [le JFCOM était une sorte de prestataire qui aidait à la transformation de l’Armée, NdT] ; le Vice-Maréchal de l’Air Force Stephen Dalton, directeur de l’aptitude à la supériorité de l’information au Ministère de la Défense britannique ; le Lt Gén Johan Kihl, chef d’état-major du QG du Commandant Suprême de l’armée suédoise.

Dès 2006, SAIC avait remporté un contrat de plusieurs millions de dollars avec la NSA pour développer un gros projet d’extraction de données dénommé ExecuteLocus, en dépit de l’échec retentissant de son projet précédent ayant coûté 1 milliard de dollars, connu sous le nom de « Trailblazer ». Le travail sur des éléments centraux de TIA étaient « discrètement poursuivi » sous de « nouveaux noms de code », selon Shane Harris de Foreign Policy, mais avaient été dissimulés « derrière le voile du budget confidentiel du renseignement. » Le nouveau programme de surveillance avait alors été entièrement transféré de la juridiction de la DARPA à celle de la NSA.

Ce fut aussi l’année d’encore un autre Island Forum à Singapour, dirigé par Richard O’Neill pour le compte du Pentagone, qui comprenait parmi ses invités des responsables haut placés de la défense et de l’industrie issus des USA, du Royaume-Uni, de France, d’Inde et d’Israël. Les participants comptaient également parmi eux des spécialistes en technologie de Microsoft, IBM, ainsi que Gilman Louie, partenaire de la firme d’investissement technologique Alsop Louie Partners.

Gilman Louie est un ancien PDG d’In-Q-Tel – la firme de la CIA qui investit surtout dans les start-ups développant la technologie d’extraction de données. In-Q-Tel fut fondée en 1999 par le Directoire de Science et de Technologie de la CIA, sous lequel le Bureau de Recherche & Développement (ORD) – qui avait fait partie du programme MDDS finançant Google – avait opéré. L’idée était essentiellement de remplacer les fonctions naguère remplies par l’ORD, en mobilisant le secteur privé pour mettre au point des solutions de technologie de l’information pour toute la communauté du renseignement.

Louie avait dirigé In-Q-Tel de 1999 à janvier 2006 – y compris quand Google acheta Keyhole, le logiciel de cartographie satellitaire financé par In-Q-Tel. Parmi ses collègues au conseil d’In-Q-Tel durant cette période se trouvaient l’ancienne directrice de la DARPA et co-présidente du Highlands Forum Anita Jones (qui y est toujours), ainsi que le membre fondateur du conseil d’administration William Perry : l’homme qui, dès le début, avait désigné O’Neill pour mettre en place le Highlands Forum. Se joignant à Perry comme membre fondateur du conseil d’administration d’In-Q-Tel se trouvait John Seely Brown, alors chercheur éminent chez Xerox Corp. et directeur de son Centre de Recherches de Palo Alto (PARC, Palo Alto Research Center) entre 1990 et 2002, et qui est aussi de longue date membre haut placé du Highlands Forum depuis son démarrage.

En plus de la CIA, In-Q-Tel a aussi été soutenu par le FBI, la NGA et la DIA, entre autres agences. Plus de 60% des investissements d’In-Q-Tel sous la direction de Louie l’ont été « dans des entreprises qui se spécialisent dans la collecte automatique, le filtrage et la compréhension d’océans d’informations, » selon News21 de la Medill School of Journalism, qui releva également que Louie en personne avait reconnu qu’il n’était pas certain « que la vie privée et les libertés civiques soient protégées » par l’usage par le gouvernement de ces technologies « pour la sécurité nationale ».

La transcription du discours de Richard O’Neill au séminaire d’Harvard fin 2001 démontre que le Highlands Forum du Pentagone avait initialement engagé Gilman Louie longtemps avant l’Island Forum, en fait peu après le 11-Septembre, pour explorer « ce qui se passe avec In-Q-Tel. » Cette session du forum s’est focalisée sur la méthode pouvant « tirer avantage de la rapidité présente dans le marché commercial, rapidité qui manquait au sein de la communauté scientifique et technologique de Washington, » et afin de comprendre « les implications pour le DoD en termes de revue stratégique, du QDR [Quadrennial Defense Review, révision de la politique de défense tous les quatre ans, NdT], de l’action du Capitole et des parties concernées. » Les participants à la réunion comprenaient « des militaires haut gradés », des officiers combattants, plusieurs officiers généraux, quelques « personnes de l’industrie de la défense » et divers élus US dont le représentant républicain au Congrès William Mac Thornberry et le Sénateur Démocrate Joseph Lieberman.

Thornberry et Lieberman sont tous les deux de farouches supporters de la surveillance par la NSA, ils ont constamment agi pour obtenir du soutien à une législation pro-guerre et pro-surveillance. Les commentaires de O’Neill indiquent que le rôle du Forum ne consiste pas seulement à permettre à des entrepreneurs d’écrire la politique du Pentagone, mais à obtenir un soutien politique aux orientations prises par le gouvernement, par la pression occulte des zones d’ombre du forum.

À plusieurs reprises, O’Neill a dit à son auditoire de Harvard que son boulot en tant que président du forum était de jauger des études de cas, issues d’entreprises réelles de l’ensemble du secteur privé, telles eBay et Human Genome Sciences, afin d’évaluer les bases d’une « Supériorité de l’Information » américaine – « comment dominer » le marché de l’information – et de s’en servir aux fins de « ce que veulent faire le président et le ministre de la défense vis-à-vis de la transformation du DoD et de sa stratégie. »

En 2007, un an après la réunion de l’Island Forum incluant Gilman Louie, Facebook reçut son second versement de 12,7 millions de dollars de financement de la part d’Accel Partners. Accel était dirigé par James Breyer, ancien président de la National Venture Capital Association (NVCA) (Association Nationale de Capital-Risque) où Louie avait aussi siégé au conseil d’administration quand il était encore PDG d’In-Q-Tel. Louie et Breyer avaient tous deux siégé ensemble au conseil de BBN Technologies – qui avait recruté l’ancienne patronne de la DARPA et administratrice d’In-Q-Tel, Anita Jones.

Le tour de table du financement de Facebook en 2008 qui s’élevait à 27,5 millions de dollars fut mené par Greylock Venture Capital. Les partenaires principaux de la firme comptent en leur sein Howard Cox, un autre ancien président de NVCA qui siège également au conseil d’administration d’In-Q-Tel. Hors Breyer et Zuckerberg, le seul autre membre du conseil d’administration de Facebook est Peter Thiel, co-fondateur de l’entreprise de défense Palatir qui fournit toutes sortes de technologies d’extraction et de visualisation de données au gouvernement américain, à des agences militaires et d’espionnage dont la NSA et le FBI, et qui fut elle-même nourrie jusqu’à la viabilité financière par des membres du Highlands Forum.

Les co-fondateurs de Palatir, Thiel et Alex Karp, ont rencontré John Poindexter en 2004, selon Wired, la même année où Poindexter avait assisté à l’Island Forum de Highlands à Singapour. Ils se sont vus au domicile de Richard Perle, un autre acolyte d’Andrew Marshall. Poindexter aida Palantir à ouvrir des portes, et à réunir « une légion d’avocats des plus hautes sphères du gouvernement. » Thiel rencontra également Gilman Louie d’In-Q-Tel, s’assurant du soutien de la CIA lors de cette phase de démarrage.

Et ainsi nous avons bouclé la boucle. Des programmes d’extraction de données comme ExecuteLocus et d’autres qui lui sont liés, qui furent développés tout au long de cette période, ont apparemment posé les fondations des nouveaux programmes de la NSA qui seront finalement dévoilés par Edward Snowden. En 2008, alors que Facebook recevait son nouveau tour de table de financement de Greylock Venture Capital, des documents et des témoignages de lanceurs d’alerte ont confirmé que la NSA ressuscitait effectivement le projet TIA avec une attention particulière portée à l’extraction de données sur Internet via une surveillance intensive des emails, des messages texte et des navigations sur le Web.

Grâce à Snowden, maintenant nous savons aussi que le système d’exploitation « Renseignement de Réseau Numérique » XKeyscore de la NSA était conçu pour permettre aux analystes de fouiller non seulement des bases de données d’Internet telles que celles des emails, des discussions en ligne et des historiques de navigation, mais aussi les services téléphoniques, l’enregistrement audio des téléphones mobiles, les transactions financières et les communications mondiales des transports aériens – grosso modo la totalité du réseau mondial des télécommunications. SAIC, le partenaire du Highlands Forum, y a joué, parmi d’autres entreprises, un rôle de premier plan en produisant et en administrant XKeyscore de la NSA, et fut récemment mis en cause dans le piratage par la NSA du réseau privé Tor.

Le Highlands Forum du Pentagone a donc été intimement mêlé à tout ceci comme réseau entremetteur – mais aussi très directement. Venant confirmer son rôle essentiel dans l’expansion de l’appareil de surveillance mondiale emmené par les États-Unis, le co-président d’alors du forum, le CIO du Pentagone Linton Wells, déclara au magazine FedTech en 2009 qu’il avait supervisé la mise en application d’une « impressionnante architecture à long terme l’été dernier qui fournira jusqu’aux alentours de 2015 une sécurité de plus en plus sophistiquée. »

La connexion Goldman Sachs

Lorsque j’interrogeai Wells sur l’influence exercée par le forum sur la surveillance de masse aux USA, il ne me répondit seulement qu’il ne ferait pas de commentaire, et qu’il ne dirigeait plus le groupe.

Comme Wells n’est plus au gouvernement, il fallait s’y attendre – mais il est encore connecté à Highlands. À partir de septembre 2014, après avoir livré son important livre blanc sur la transformation du Pentagone, il a rejoint l’Initiative de Cyber-Sécurité (CySec) de l’Institut d’Études Internationales de Monterey (MIIS) en tant que membre honoraire distingué.

Malheureusement, il ne s’agissait pas là d’une façon de rester actif pendant sa retraite. Le geste de Wells a souligné que le Pentagone conçoit que la guerre de l’information ne concerne pas uniquement la surveillance, mais l’exploitation de la surveillance pour influencer à la fois le gouvernement et l’opinion publique.

L’initiative CySec du MIIS est désormais officiellement associée au Highlands Forum du Pentagone à travers un Protocole d’Accord signé avec la principale du MIIS, le Dr Amy Sands, qui siège au Comité Consultatif de Sécurité Internationale du Ministre des Affaires Étrangères (Secretary of State’s International Security Advisory Board). Le site web de CySec au MIIS déclare que le Protocole d’Accord signé avec Richard O’Neill :

« … pose les jalons des réunions conjointes à venir du CySec du MIIS et du Highlands Group, qui exploreront l’impact de la technologie sur l’engagement en matière de sécurité, de paix et d’information. Pendant presque 20 ans le Highlands Group a engagé le secteur privé et des dirigeants du gouvernement dont le Directeur du Renseignement National, la DARPA, le Bureau du Ministre de la Défense, le Bureau du Ministre à la Sécurité du Territoire et le Ministre de la Défense de Singapour dans des conversations créatives pour encadrer les domaines de la politique et de la recherche technologique. »

Qui est le mécène financier de la nouvelle initiative conjointe de Highlands du Pentagone et de CySec au MIIS ? Selon le site de CySec au MIIS, l’initiative fut lancée « à travers une donation généreuse de capital de départ provenant de George Lee. » George C. Lee est un associé haut placé à Goldman Sachs, où il est le directeur principal de l’information de la division d’investissement bancaire, et président de Global Technology, Media and Telecom (TMT) Group.

Mais voici le meilleur. En 2011, ce fut Lee qui manigança l’estimation de Facebook à 50 millions de dollars, et qui s’était précédemment occupé des contrats d’autres géants du secteur connectés à Highlands tels Google, Microsoft et eBay. Le patron de Lee à l’époque, Stephen Friedman, un ex-PDG et président du conseil de Goldman Sachs puis plus tard associé principal du conseil exécutif de la firme, avait également été membre fondateur du conseil d’In-Q-Tel aux côtés du grand seigneur du Highlands Forum, William Perry, et du membre du forum, John Seely Brown.

En 2001, Bush nomma Stephen Friedman au Comité Consultatif sur le Renseignement du Président (President’s Intelligence Advisory Board), puis ensuite à la présidence de ce comité de 2005 à 2009. Friedman avait précédemment été membre, avec Paul Wolfowitz et d’autres, de la commission d’enquête présidentielle de 1995-6 sur les capacités américaines en termes de renseignement, et en 1996 du Jeremiah Panel qui produisit un rapport pour le Directeur du Bureau National de Reconnaissance (NRO) – l’une des agences de surveillance branchées au Highlands Forum. Friedman siégea au Jeremiah Panel avec Martin Faga, alors vice-président et directeur général du Centre pour des Systèmes de Renseignement Intégrés de MITRE Corp. – où Thuraisingham, qui avait dirigé le programme CIA-NSA-MDDS inspirateur de l’extraction de données contre-terroriste de la DARPA, avait aussi été ingénieur en chef.

Dans les notes de bas de page d’un chapitre du livre, Cyberspace and National Security (Georgetown University Press), le cadre de SAIC/Leidos Jeffrey Cooper révèle qu’un autre associé principal de Goldman Sachs, Philip J. Venables – qui en tant que directeur principal au risque informatique dirige les programmes de sécurité informatique de la firme – livra une présentation au Highlands Forum de 2008 lors de ce qui fut intitulé une « Session d’Enrichissement sur la Dissuasion ». Le chapitre de Cooper puise dans la présentation de Venables à Highlands « avec son autorisation ». En 2010, Venables prit part avec son patron du moment Friedman à une réunion de l’Institut d’Aspen sur l’économie mondiale. Au cours des dernières années, Venables a également siégé à divers comités d’attribution de prix de la NSA sur la cyber sécurité.

En somme, la firme responsable de la création des milliardaires des sensations de la tech du 21è siècle, de Google à Facebook, est intimement liée à la communauté américaine du renseignement militaire ; avec Venables, Lee et Friedman, ils sont liés soit directement au Highlands Forum du Pentagone, soit à des membres haut placés de celui-ci.

Combattre la terreur par la terreur

La convergence de ces intérêts militaires et financiers puissants autour du Highlands Forum, à travers l’appui de George Lee, nouveau partenaire du forum, l’initiative CySec du MIIS est en elle-même révélatrice.

La directrice de CySec au MIIS, le Dr Itamara Lochard, fait depuis longtemps partie du décor à Highlands. Elle « présente régulièrement les recherches en cours sur les acteurs non-étatiques, la gouvernance, la technologie et les conflits au Bureau américain du Highlands Forum au ministère de la Défense, » selon sa biographie de Tufts University. De plus, elle « conseille régulièrement des officiers combattants américains » et se spécialise dans l’étude de l’usage de la technologie de l’information par « des groupes sous-étatiques violents et non-violents. »

Dr Itamara Lochard

Dr Itamara Lochard

Dr Itamara Lochard est membre dirigeante du Highlands Forum et spécialiste des opérations d’information au Pentagone. Elle dirige l’initiative MIIS CyberSec qui soutient maintenant le Highlands Forum du Pentagone avec un financement de l’associé de Goldman Sachs, George Lee, qui a dirigé les valorisations de Facebook et Google.

Le Dr Lochard entretient une base de données sur 1700 acteurs hors-État comprenant « des insurgés, des milices, des terroristes, des organisations criminelles complexes, des gangs organisés, des cyber-acteurs malveillants et des acteurs non-violents stratégiques, » afin d’analyser leurs « schémas d’organisation, leurs domaines de coopération, leurs stratégies et leurs tactiques. » Prenez bien note, ici, de la mention « acteurs non-violents stratégiques » – ce qui couvre peut-être des ONG et autres groupes ou organisations engagés dans une activité ou une campagne politique ou sociale, à en juger par le centre d’attention d’autres programmes de recherche du DoD.

Depuis 2008, Lochard a été professeure adjointe à l’Université américaine des Opérations Spéciales Conjointes (US Joint Special Operations University) où elle enseigne un cours avancé top secret en « Guerre Irrégulière », qu’elle a conçu pour les officiers supérieurs des forces spéciales américaines. Elle avait auparavant donné des cours sur la « Guerre Interne » à des « officiers politico-militaires » supérieurs de divers régimes du Golfe Persique.

Ses points de vue dévoilent une grande part de ce que le Highlands Forum a défendu toutes ces années. En 2004, Lochard a co-écrit une étude pour l’Institut de l’US Air Force pour les Études de Sécurité Nationale (US Air Force Institute for National Security Studies) sur la stratégie US envers les « groupes armés non-étatiques ». L’étude arguait d’une part que les groupes armés non-étatiques devaient être d’urgence reconnus comme une « priorité sécuritaire de premier niveau, » et d’autre part que la prolifération de groupes armés « fournit des opportunités stratégiques qui peuvent être exploitées pour appuyer l’application d’objectifs politiques. Il y a eu et il y aura des occasions où les États-Unis peuvent trouver que la collaboration avec un groupe armé est dans son intérêt stratégique. » Mais « des outils sophistiqués » doivent être développés pour différencier les groupes entre eux et comprendre leurs dynamiques, pour déterminer quels groupes doivent être contrés, et lesquels peuvent être exploités au bénéfice des intérêts des objectifs américains de politique extérieure. »

En 2008, WikiLeaks a dévoilé au public un manuel de terrain confidentiel des Opérations Spéciales de l’armée américaine, qui démontrait que la façon de penser promue par le genre d’expert de Highlands qu’est Lochard avait été adoptée à la lettre par les forces spéciales.

Le travail de Lochard démontre ainsi que le Highlands Forum se tenait au croisement de la stratégie avancée du Pentagone sur la surveillance, les opérations secrètes et la guerre irrégulière : la mobilisation de la surveillance de masse pour développer des informations détaillées sur des groupes violents et non-violents perçus comme potentiellement menaçants pour les intérêts américains, ou offrant des opportunités d’exploitation, menant directement aux opérations secrètes américaines.

Ceci, en fin de compte, est la raison pour laquelle la CIA, la NSA et le Pentagone ont enfanté Google. Afin qu’ils puissent mener leurs guerres secrètes avec encore plus d’efficacité que jamais auparavant.

Source : Insurge Intelligence, le 22/01/2015

Traduit par les lecteurs du site www.les-crises.fr.

Deuxième partie à lire demain ici.


Le Dr. Nafeez Ahmed est un journaliste d’investigation, auteur à succès et spécialiste de la sécurité internationale. Ancien auteur au Guardian, il écrit la chronique « System Shift » pour le Motherboard de VICE et est également chroniqueur pour le Middle East Eye. Il est le lauréat d’un Project Censored Award en 2015 pour un journalisme d’investigation exceptionnel, en vertu de son travail au Guardian. Il a également écrit pour The Independent, le Sydney Morning Herald, The Age, The Scotsman, Foreign Policy, The Atlantic, Quartz, Prospect, New Statesman, Le Monde Diplomatique, New Internationalist, Counterpunch, Truthout, parmi d’autres.

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Commentaire recommandé

Jean // 08.12.2017 à 07h13

Nous en sommes parvenu au point ou ces institutions, conçus pour protéger le monde libre et les intérêts du peuple américain, sont devenu le pire danger mortel que l’Humanité n’est jamais eut à affronter.
Ne vous y trompez pas, ces gens là collaborent et protègent les pires réseaux mafieux de la planète et c’est pour cette raison que les données récoltés depuis tant d’années par la NSA n’ont aboutis a aucun démantèlement de ces réseaux. Leurs objectifs est la corruption et l’asservissement de l’Humanité, au point que Satan lui-même n’agirait pas autrement. Je me demande si tous ceux qui servent ces institutions en ont consciences…

40 réactions et commentaires

  • DidierF // 08.12.2017 à 06h49

    Je suis frappé par le nombre d’agences gouvernementales s’occupant de la sécurité des USA. De mémoire, Anna Arendth écrivait dans son livre sur les totalitarismes que ces régimes avaient besoin d’un très grand nombre de services de sécurité pour assurer un haut degré d’arbitraire des décisions de justice et donc garantir l’angoisse et la terreur des personnes qu’ils dirigeaient face à eux.

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    • Lysbeth Levy // 08.12.2017 à 12h29

      Oui si Hannah Arendt revenait elle serait surprise de l’état de surveillance de masse en Occident, tant on nous a fait croire qu’à l’Est (communiste) les systèmes étaient plus sophistiqué ! Or c’est l’inverse dès la fin de la guerre les Usa ont crée, investi perfectionné la NSA d’abord et les 16 autres services de surveillance, services secrets, qui amassent plus d’informations sur leurs propres citoyens que sur les « ennemis supposés » des Usa. https://en.wikipedia.org/wiki/Mass_surveillance_in_the_United_States Plusieurs millions de personnes travaillent pour les 17 services de surveillances, mises en fiches, de la Planète entière. « Big Brother » est américain en fin de compte. Orwell le voyait à l’est parce qu’on l’a financé dans le programme « aide a la culture » contre le communisme et il devait écrire dans ce sens là uniquement : http://www.dailymail.co.uk/news/article-480187/Was-George-Orwell-patriot-traitor.html et oh surprise même Hannah Arendt a reçu un « financement » pour certains de ces écrits anti-communistes..

        +9

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  • Jean // 08.12.2017 à 07h13

    Nous en sommes parvenu au point ou ces institutions, conçus pour protéger le monde libre et les intérêts du peuple américain, sont devenu le pire danger mortel que l’Humanité n’est jamais eut à affronter.
    Ne vous y trompez pas, ces gens là collaborent et protègent les pires réseaux mafieux de la planète et c’est pour cette raison que les données récoltés depuis tant d’années par la NSA n’ont aboutis a aucun démantèlement de ces réseaux. Leurs objectifs est la corruption et l’asservissement de l’Humanité, au point que Satan lui-même n’agirait pas autrement. Je me demande si tous ceux qui servent ces institutions en ont consciences…

      +47

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  • Jean // 08.12.2017 à 07h26

    Google est notre ennemi, dégooglisons Internet :

    https://degooglisons-internet.org/liste

      +29

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    • Kiwixar // 08.12.2017 à 08h04

      Un vraie mine d’or, votre lien, je découvre plein de trucs utiles (par exemple Framadrop, alternative à Wetransfer). Merci.

        +6

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    • Patte blanche // 08.12.2017 à 19h51

      Framasoft (qui développe bon nombre d’outils de façon libre), oui bonne idée.

      Par contre, cela ne permettra pas de contourner par exemple le visionnage des vidéos, youtube appartenant à google et étant utilisé majoritairement à travers les liens. Et rien qu’en visionnant une vidéo youtube dans une page quelconque plutôt que dans le site de youtube, les cookies de ce dernier s’installent automatiquement (pas cherché à trouver des moyens pour bloquer ces cookies, ceci dit).

      A moins que tout le monde se mettent à utiliser ces alternatives, un frama-quelquechose ou autre (et avoir majoritairement des liens vidéos sur ces dernières plutôt que par youtube) mais ce ne sera avant trés longtemps si ce n’est pas jamais :-\

        +2

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      • L’illustre inconnu // 09.12.2017 à 10h20

        Les nouveaux navigateur(firefox compris) et le HTML 5 etc sont des abominations coté sécurité, tu ne contrôles plus rien de sensible.

          +2

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  • DUGUESCLIN // 08.12.2017 à 08h14

    J’ai abandonné « google » en faveur d’un autre moteur de recherche.
    J’ai désinstallé google et mon nouveau moteur fonctionne correctement.
    Sommes-nous autorisés à donner sur « les.crises » une liste de moteurs de recherche qui pourraient être fiables, et cela pour des raisons de protection personnelle?

      +9

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    • Haricophile // 08.12.2017 à 09h10

      Tu peux même installer ton propre moteur sur tes machines.

      Jette un œil à Framabee https://framabee.org qui utilise searx,
      comme https://searx.laquadrature.net d’ailleurs

      C’est ça le vrai internet : quelque chose de décentralisé, ça a été conçu pour être décentralisé, pas pour refaire un mega-minitel Google

        +10

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  • Gabriel RABHI // 08.12.2017 à 09h59

    Et ce n’est pas une raison pour ne pas lui donner plus de visibilité ! Au contraire…

      +12

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  • david // 08.12.2017 à 10h16

    Normalement avec un tel amas de preuve sur la partialité de ce moteur de recherche, l’Etat Français devrait interdire l’utilisation de ce moteur sur le territoire national. En effet, il en va de l’interet national donc de la liberté des citoyens français
    Devinez quoi, il ne le fera pas…
    Vivement que l’amérique s’effondre, comme l’URSS. Cela ne devrait pas tarder puisque le sang de l’amérique à savoir le pétrole est en train de disparaitre à vitesse grand V
    Tiens je vais me reprendre des moules !

      +10

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    • Chris // 08.12.2017 à 12h58

      Vivement que l’Amérique s’effondre, comme l’URSS ?
      Oui et après ?
      A votre avis, où vont se recycler les milliers de corporations qui participent et vivent de ce plan hégémonique ? Elles reparaitront sous d’autres formes comme c’est le cas depuis les ténèbres des Lumières !
      Cet article me fait penser au film « Matrix », aux affirmations d’un Karl Rove et d’un Udo Ulfkotte, au procès de Nuremberg, 1984 et même à la crypto-monnaie Bitcoin qui prend une hauteur stratosphérique alors que la création monétaire par les banques centrales a doublé depuis 2008 ! Pour « dégonfler » le gigantesque excédent qui menace d’exploser sans endommager le système de façon irrémédiable ?
      Le pouvoir est une drogue bien trop puissante pour s’en passer, même temporairement.
      Tout est planifié pour nous manipuler, nous tromper, nous illusionner. Hitler déjà utilisait les avancées scientifiques de l’époque pour enrôler la population dans ses desseins morbides. Ça continue de plus belle et dans une proportion démesurée vu les moyens technologiques.

        +4

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  • patrickluder // 08.12.2017 à 10h17

    P….n Je suis fan de google sans le savoir, courriels, agenda, contacts …
    j’utilise Lilo comme moteur de recherche mais c’est tout.

    Existe-t-il réellement une alternative éco-citoyens-responsables pouvant offrir les mêmes services, même payant mais sans exagérations, n’est-ce-pas ?

    => SVP et par pitié, faites un débat ici-dessous pour arriver à répertorier les meilleurs alternatives !

      +3

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    • JC // 08.12.2017 à 11h12

      Google est surpuissant et attire les meilleurs ingénieurs, donc non, passer à une alternative ne se fera pas sans sacrifier un peu de confort. Le lien a été donné concernant la principale initiative francophone, celle de Framasoft.

        +2

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    • Arturo // 08.12.2017 à 14h28

      Vous devez vous sevrer radicalement. C’est dur, mais ça peut se faire.

      Pour le courriel, je vous suggère Yandex Mail. Ils ont aussi toutes les autres fonctionnalités: Maps, Disk, etc. Vous pouvez évidemment garder si longtemps que vous voudrez votre compte Gmail, mais si vous prenez le soin de répondre toujours depuis Yandex en ajoutant un message de signature automatique qui prie à vos contacts d’actualiser votre adresse, la transition devrait pouvoir se faire sans trop de mal.

      Pour la recherche, je vous conseille d’essayer une des multiples instances du méta-moteur Searx, comme par example Framabee. Moi, j’utilise searx.info et ça se passe vraiment très bien. Ce qui est important, c’est de configurer les préférences sur les moteurs afin d’exclure Google. Puis, si pour certaines recherches il vous reste un doute, ayez comme deuxième option Startpage, qui vous donne les résultats de Google mais de façon entièrement anonyme et donc sans bulle de confirmation.

        +5

      Alerter
    • Rgotfra // 08.12.2017 à 17h37

      Je vous invite à aller voir le site zaclys.com
      C’est une association française qui milite pour le respect de la vie privée et propose des services basés sur les logiciels libres.
      Vous y trouverez un cloud avec gestion des agendas et des contacts, mais aussi une boite mail, des transferts de fichiers lourds, un partage d’album photo, etc…
      En parallèle framasoft offre aussi beaucoup de services alternatifs (équivalent doodle, outils collaboratifs, sondages, googlegroups, etc…)

      Pour finir, j’utilise pour ma part qwant comme moteur de recherche dont les résultats me satisfont pleinement.

      Avec ce trio, j’ai réussi à quasi complètement me passer de Google.
      Il n’y a que googlemaps que j’utilise encore régulièrement comme service.

        +2

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      • patrickluder // 08.12.2017 à 18h36

        openstreetmap.org est très bien et mérite d’être connu …

          +3

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        • Rgotfra // 09.12.2017 à 10h20

          Merci Patrick.
          J’en ai entendu parler et vais voir si cela correspond à mes besoins

            +1

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    • RV // 08.12.2017 à 18h09

      faudrait lire les commentaires avant de poster . . .
      à moins que ce ne soit du second degré
      mais j’en doute
      _________________________________
      Jean Le 08 décembre 2017 à 07h26
      Google est notre ennemi, dégooglisons Internet :
      https://degooglisons-internet.org/liste

        +2

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      • patrickluder // 08.12.2017 à 18h39

        ??? y a que du framaxxx … le site degooglisons-internet est trompeur par son nom, c’est de la pub et cela ne fait que retomber sur un autre ToutPuissant

          +1

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        • Patte blanche // 09.12.2017 à 01h04

          Un autre ToutPuissant ? Non… Framasoft est une association qui défend le logiciel libre. Tout comme Linux comparé à microsoft ou apple.

            +3

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        • Rgotfra // 09.12.2017 à 10h18

          Framasoft est une association qui milite pour un internet décentralisé et degooglisé.
          Ils proposent progressivement de plus en plus de services qui sont tous basés sur des logiciels libres (avec donc une transparence du mode de fonctionnement puisque tout le monde peut le lire code source).
          ils sont les premiers à être heureux quand d’autres proposent des alternatives.
          De plus, ils ont fait le choix de ne pas s’appuyer sur un compte unique pour l’accès à tous leur site services, justement pour éviter par principe une concentration des données.
          Ceux ci sont donc indépendants les uns des autres même si c’est la même association qui en est à l’initiative.

            +3

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  • G. // 08.12.2017 à 10h21

    Alors ça y est, certains aimeraient faire la guerre au « grand méchant Google ». Bon, rien de nouveau sous le soleil: on prend au hasard l’une des multiples représentations des USA dans le monde, on la critique, et on constate que les américains l’utilisent pour leur propre intérêt… Rien d’étonnant là dedans, on peut faire de même avec le cinéma, les ONG, la cuture au sens large, l’ONU, le FMI, Amazon, etc etc…

    Monsieur Berruyer, votre travail à contre courant de la pensée « main stream » a beau être intéressant et souvent pertinent, faire la guerre à tout ce qui bouge risque de vous décrédibiliser, d’armer vos contradicteurs, ou simplement d’user vos forces.

    Vous me répondrez peut-être « il est important de défendre la démocratie », mais je vous répondrai qu’il y a des sujets beaucoup plus cruciaux pour la démocratie justement, sujets que vous avez déjà abordé: les médias par exemple… Google est en comparaison le moindre de nos soucis. D’aucuns diront d’ailleurs que tous les services gratuits et outils efficaces que Google a développé ont au moins une valeur utile pour les gens (recherche efficace, Google maps, Google street view, Gmail,…) là ou d’autres société auraient extorqué un peu plus l’argent des pauvres. Pendant ce temps les médias français non seulement nous extorquent de l’argent, mais nous abreuvent en prime de propagande. Choisissez des combats pertinents!

      +4

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    • JC // 08.12.2017 à 11h16

      Et Google, en position hégémonique (Internet = Google pour beaucoup de gens), commence à ouvertement afficher sa volonté de censurer tout ce qui n’est pas approuvé par le pouvoir, que ce soit sur YouTube, sur son moteur de recherche… Ce n’est pas parce que vous ne comprenez pas l’intérêt d’un combat qu’il ne faudrait pas relayer cet excellent travail de Nafeez Ahmed qui a toute sa place ici.

        +15

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    • Chris // 08.12.2017 à 13h14

      Procès d’intention ?
      J’ai lu cet article 2 mois après sa parution : professionnel et informationnel.
      Comme beaucoup, j’ignorais que Google était un bébé CIA/Pentagone, mais à y réfléchir, c’est logique. Ça fait partie de l’arsenal de domination et de la fureur paranoïaque qui s’est emparée des Etats-Unis depuis la fin de l’URSS. C’est un des instruments des guerres hybrides pour contrôler le monde.
      « Google a développé au moins une valeur utile pour les gens (recherche efficace, Google maps, Google street view, Gmail,…) là ou d’autres société auraient extorqué un peu plus l’argent des pauvres » : on n’attire pas les mouches avec du vinaigre ! Vieil adage qui garde toute sa pertinence.
      Perso, avant Gmail et Hotmail, j’était abonnée à Compuserve à un prix modique…
      Quant à « extorquer un peu plus l’argent des pauvres », c’est quoi les milliards de revenus générés par la pub et le ciblage des consommateurs ?
      Allez, redescendez sur terre et ouvrez les yeux !

        +11

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    • Les-crises // 08.12.2017 à 16h13

      « Google est en comparaison le moindre de nos soucis »

      Ce n’est pas le moindre des miens en tous cas – vu que, s’il le voulait, il pourrait quasiment faire disparaître un site du net vu sa puissance…

      Nul besoin de faire disparaître Google évidemment. On peut très bien demander sa socialisation, sa régulation et qu’il soit transparent…

        +9

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      • Jean // 08.12.2017 à 17h32

        L’Histoire se répète et ce qu’il nous faudrait c’est de nouvelles lois anti-trust. C’est amusant de constater que dans cet article des échos de juillet 2000 on pouvait encore parler de conspiration.

        Antitrust: L’Amérique s’attaque à la loi du plus fort

        http://archives.lesechos.fr/archives/2000/Enjeux/00160-116-ENJ.htm

        Avec le néolibéralisme nous sommes juste en train de faire exactement le contraire et il n’y a plus de Roosevelt ni de journalistes qui s’alarment de cette situation.

          +4

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        • TuYolPol // 08.12.2017 à 18h36

          À propos de Roosevelt. Dans un des derniers Thinkerview, l’invité compare la situation de crise et de monopole oligarchique précédant l’élection de Roosevelt avec celle d’aujourd’hui, et, ce qui m’a fait tilter encore plus, compare la rupture réalisée par Roosevelt (imposer les lois antitrust était une rupture aussi inconcevable à l’époque qu’il est tabou de les réactualiser aujourd’hui) avec le programme de l’avenir en commun (lucidité des constats et sévérité des ruptures)

            +2

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          • Jean // 09.12.2017 à 16h55

            Ce n’était pas inconcevable pour le peuple qui a voté pour ce programme politique. Mais ce qui étaient encore possible du temps de Roosevelt ne l’est plus aujourd’hui parce que les journalistes ont cessés de défendre l’intérêt général. Le « trust » média veille à ce que la nocivité des trusts ne soit plus dénoncée.

              +3

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      • Mavonsiaveur // 12.12.2017 à 23h22

        A propos de Google et de ce site, justement : je me demande pourquoi le flux RSS de les-crises.fr est maintenant hébergé par feedproxy.google.com
        Ça n’était pas le cas (en tout cas en apparence) il y a quelques mois, et maintenant j’ai un pincement à chaque fois que j’ouvre mon flux RSS les-crises parce que je me dis que Google trace cette activité (qui ne les regarde pas).

          +1

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  • Lysbeth Levy // 08.12.2017 à 12h05

    Très intéressant et quand cela soulève la question de la « liberté » tout court, car avec tous ces moyens de surveillances (17 services aux Usa inclue la CIA !) comme les peuples peux t’il un jour tenter d’échapper à la dictature qui vient et même celle qui est « là » ? Imaginez si l’Allemagne nazie et ces collaborateurs européens avaient eu ces système de surveillances pendant la der des der ? Quid des résistants, des réprouvés, des mal pensants déjà rattrapés souvent par leur Gestapo ou police politique ? Penses t’on au fait que les résistants qui avaient besoin de faux papiers, faux documents pour échapper au système terroriste de l’état nazi ne le pourrez plus de nos jours ? Comment allons nous « un jour » sait-on jamais, échapper aux systèmes sophistiqués (bio-passeports, fichage ADN, fichage de la population par des organismes plus ou moins publics, caméras etc.. ) De plus Nafeez Ahmed pour avoir un esprit trop « indépendant » » a été chassé du Gardian pour avoir écrit un article jugé pro-palestinien : http://www.jonathan-cook.net/blog/2014-12-04/why-the-guardian-axed-nafeez-ahmeds-blog/ Fait rédhibitoire il a écrit sur la faillite des médias suite au 11 septembre 2001. Un auteur a suivre mais classé comme « complotiste » par nos torquemada néocons.

      +9

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    • Sandrine // 08.12.2017 à 20h35

      Au risque de jeter un pavé dans la marre, je voudrais quand même rappeler que sans l’alliance avec la GB, de Gaule et la résistance n’auraient peut être pas pu faire grand’chose et auraient sans doute été assez rapidement écrabouillés par la puissance militaire, technique et financière de l’occupant.

        +1

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    • Un_passant // 08.12.2017 à 20h46

      Vous savez, dans un monde hyper-technologique, l’abus de technologie devient sa faiblesse, il suffit de revenir aux méthodes à l’ancienne, les bonnes vieilles méthodes « physiques ».
      C’est d’ailleurs le premier reproche qui a été fait à la CIA suite au 11 septembre : Trop de technologie, plus assez de renseignement sur place.
      Ce sans compter la facilité avec laquelle l’hyper-technologie favorise les usurpations d’identité.

        +1

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  • Philvar // 08.12.2017 à 12h06

    Il faut choisir son camp. Que Google fasse de l’espionnage commercial est tout-à-fait évident mais croire que chacun de nous ait une importance stratégique pour les USA fait partie de l’enfumage et donc probablement du complot mondial contre les USA. Vu autrement ne serait-ce pas la volonté destructrice des « couleurs » contre les « blancs » ?

      +0

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  • Arnould // 08.12.2017 à 12h56

    Bof… j’ai réussi à aller au bout de ce pavé plus indigeste qu’un big mac mais avec beaucoup de mal. Internet est une création de l’armée américaine pour tenter de garantir une continuité des communications en cas d’attaque nucléaire sur les USA. Que l’armée essaie de continuer de gérer sa propre invention n’est tout de même pas très étonnant. Je pense que le contraire serait encore plus étonnant. La vraie question est de savoir si nos amis du complexe militaro-industriel y parviennent. Assez souvent j’en doute.

      +8

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  • Gérard // 08.12.2017 à 13h14

    Fascinant ce paradoxe des évolutions technologiques, qui à priori apportent du mieux à l’homme (I love Internet) mais qui sont initiées par une motivation égoïste de contrôle hégémonique total à tendance guerrière.

    Rêvons qu’un jour, ces agences de sécurité et de renseignement soient remplacées par des agences « du bien être commun » qui financeraient avec volontarisme cette recherche technologique mais avec des motifs altruistes, nous pourrions sauter rapidement du XXI ème au XXXI ème siècle.

      +4

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  • Sandrine // 08.12.2017 à 19h23

    Google créé et dominé par la CIA…Sous couvert de libéralisme soi-disant dérégulé et soi-disant du règne de la libre entreprise et de la concurrence… l’enfumage est total en effet !

      +5

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  • Un_passant // 08.12.2017 à 20h29

    Ce qui est surprenant, c’est que les gens soient surpris. Les services secrets participent de près ou de loin à toutes les « aventures » technologiques qui peuvent servir leurs intérêts. On aurait le même genre de constat autour de la recherche aéronautique/aérospatiale. Ce sont les armées qui ont en premier souhaité avoir des avions de chasse, des fusées, des capteurs électroniques (photo, radars) de plus en plus précis et capables de fonctionner sur les spectres les plus larges etc.
    Maintenant croire en la toute-puissance de Google, c’est oublier la quantité de données à analyser et le nombre colossale de fausses alertes que ça doit générer. Parler de surveillance de masse ne dit rien sur son efficacité en pratique.
    Quant à critiquer le capitalisme, la différence entre USA et Chine ou feu-URSS, c’est que l’on remplace entreprise privée par entreprise d’Etat, quelle différence! A vrai dire, je préfère que ce soit une entreprise privée, au moins on peut s’enrichir sans appartenir au sacro-saint Parti.

      +1

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    • Sandrine // 08.12.2017 à 22h30

      Peut on encore parler d’entreprise privée lorsqu’elle est contrôlée (même indirectement) par la CIA?
      Peut-on vraiment s’enrichir aux US si l’on n’est pas « en phase » avec les autres riches, si l’on n’est pas adoubé d’une manière ou d’une autre par la caste dominante ? Rien n’est moins sur.

        +7

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      • Un_passant // 09.12.2017 à 07h51

        Bien sur que oui puisque l’actionnariat reste tout de même majoritairement privé (même si les fonds de pension restent un concept ambiguë).

        Vous inversez les responsabilités : la CIA se contrefiche de ceux qui créent des entreprises dans des secteurs non stratégiques.

        La réussite d’une entreprise dépend avant tout de votre réseau (inutile de chercher à créer une entreprise seul, sans réseau, sans fonds), ce quel que soit le pays, viennent ensuite de la clientèle (il faut qu’elle réponde présent), le travail et… la chance (dimension que beaucoup veulent nier car elle nuit à leur ego mais c’est pourtant sur ce point que va se produire la différence : avoir la bonne idée, au bon endroit, au bon moment, c’est de la chance, l’opportunisme ne permet que de la saisir, pas de la créer).

          +0

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