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11.juin.201811.6.2018 // Les Crises

La loi dite « secret des affaires » : extension du domaine de la répression, restriction du champ des investigations, par Acrimed

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Source : ACRIMED, Denis Souchon, 31-05-2018

Le 18 avril nous avons publié une pétition [1] lancée par le collectif « Stop secret d’affaires », adressée aux parlementaires et visant à amender la proposition de loi, dite de « protection des savoir-faire et des informations commerciales » qui, en l’état, est lourde de menaces :

« (…) Sous couvert de protéger les entreprises, [la loi « secret des affaires »] verrouille l’information sur les pratiques des firmes et les produits commercialisés par les entreprises. Des scandales comme celui du Mediator ou du bisphénol A, ou des affaires comme les Panama Papers ou LuxLeaks, pourraient ne plus être portés à la connaissance des citoyens.

En gravant dans le marbre la menace systématique de longs et coûteux procès, cette loi est une arme de dissuasion massive tournée vers les journalistes, les syndicats, les scientifiques, les ONGs et les lanceurs d’alertes. »

Autant de raisons de consacrer à l’examen des effets probables de cette loi (qui n’est pas encore promulguée) sur l’activité journalistique le prochain Jeudi d’Acrimed qui se tiendra le 7 juin, avec Olivier Petitjean (journaliste à Basta, en charge de l’Observatoire des multinationales) et Laura Rousseau (de l’association Sherpa) [2].

L’émergence des poursuites-bâillons

Cette proposition de loi, aussi potentiellement délétère soit-elle pour la liberté d’informer, ne saurait surprendre. Elle s’inscrit en effet dans une tendance durable de la part des détenteurs du pouvoir économique à mobiliser les ressources du droit pour dissuader les enquêtes portant sur la façon dont ils mènent leurs affaires et soustraire ainsi à l’attention du public des informations d’intérêt général. Voici quatre exemples qui illustrent cette tendance.

– Le 9 mai 2018 Bastamag titre « Bolloré perd définitivement son premier procès en diffamation intenté à Bastamag ». Ce premier procès portait sur un article publié le 12 octobre 2012, c’est à dire il y a plus de 5 ans. Yvan Du Roy note : « Cette première procédure, qui aura duré cinq ans depuis notre mise en examen, a coûté plus de 13 000 euros à notre modeste budget. C’est, en temps de travail rémunéré, l’équivalent d’une dizaine d’articles comme celui que nous avons publié et sur lequel la justice nous a donné raison. Dix articles que nous n’aurons pas écrits, autant d’informations pour « un débat d’intérêt général » qui n’auront pas été publiées, autant d’injustices qui n’auront pas été mises en lumière. »

– Le 5 février 2018 nous écrivions : « Challenges condamné pour infraction au secret des affaires – L’hebdomadaire économique Challenges a été condamné mi-janvier par le tribunal de commerce pour avoir révélé dans un article qu’un administrateur judiciaire avait été nommé dans une grande entreprise. D’après le Canard enchaîné du 31 janvier, Challenges a dû retirer l’information de son site et ne peut plus rien publier sur le sujet « sous astreinte de 10 000 euros par infraction constatée ». L’hebdomadaire satirique s’interroge sur le bien-fondé de cette condamnation : « Certes, les procédures de conciliation et de mandat ad hoc revêtent un caractère confidentiel… pour les parties prenantes ! En quoi cela engage-t-il un journal ? La divulgation de cette information contribue à “l’information du public sur une question d’intérêt général”, a plaidé Challenges, rappelant que les difficultés financières de la société avaient déjà fait l’objet de nombreux articles. Où débute et où s’arrête le secret des affaires ? » Challenges a fait appel de cette condamnation. »

– Le 26 avril 2017 nous retracions les étapes du « traitement » que le groupe Bolloré réserve au journaliste de France Inter Benoît Collombat (3 plaintes en diffamation) depuis plus de 8 ans et relevions que « parmi les passages poursuivis par Bolloré dans sa dernière plainte [3], figure celui-ci :

« Plus efficace encore que le harcèlement judiciaire, l’arme fatale de Bolloré reste incontestablement l’argent. Ainsi, selon le Canard enchaîné, l’homme d’affaires a récemment fait supprimer d’importants budgets publicitaires de l’agence Havas au journal Le Monde, à la suite de deux articles qui lui ont profondément déplu. Le premier présente Bolloré comme « le plus grand prédateur de la place de Paris ». L’autre article concerne l’implantation de Bolloré en Côte d’Ivoire, notamment les conditions dans lesquelles il a décroché la concession du deuxième terminal à conteneurs du port d’Abidjan. Au total, il s’agit d’une perte de plus de sept millions d’euros sur deux ans pour le quotidien détenu par les hommes d’affaires Pierre Bergé, Xavier Niel et Mathieu Pigasse. »

– Le 22 janvier 2016, dans un article titré « Tentative de bâillonner la critique des sondages : un observatoire menacé » nous avons relaté « les étapes du marathon judiciaire imposé par Christian Latouche et Fiducial à l’Observatoire des sondages et à Alain Garrigou [4]. »

Nous citions alors un texte de mars 2013 dans lequel Alain Garrigou analysait ainsi la multiplication des poursuites-bâillons : « Cette stratégie consiste, pour des citoyens riches, ou des entreprises, à attaquer leurs critiques sur le terrain judiciaire. Rejouant la partie du pot de fer contre le pot de terre, ils tentent ainsi d’imposer à leurs adversaires des frais judiciaires démesurés. Quant à eux, ils ne risquent pas grand-chose, puisque leur fortune leur permet de perdre en justice. Ils soulignent le danger de s’en prendre à eux, même avec de bonnes raisons. »

Vers une pérennisation des poursuites-bâillons ?

Pour comprendre en quoi la la loi dite « secret des affaires » représente une évolution dans les « poursuites-bâillons » en France il nous paraît de bonne méthode d’exposer un cas pratique [5] : si le texte adopté par l’Assemblée nationale le 28 mars 2018 avait été en vigueur en 2014, lors de la publication des LuxLeaks, ces documents révélant les pratiques d’évitement fiscal mises en œuvre au Luxembourg par de nombreuses multinationales, ils seraient tombés sous le coup de la loi !

En effet, voilà comment l’article L. 151-1 du code de commerce définit les informations relevant du secret des affaires :

« Est protégée au titre du secret des affaires toute information présentant l’ensemble des caractéristiques suivantes :

1° Elle n’est pas, en elle-même ou dans la configuration et l’assemblage exacts de ses éléments, généralement connue ou aisément accessible à une personne agissant dans un secteur ou un domaine d’activité s’occupant habituellement de cette catégorie d’informations ;

2° Elle revêt une valeur commerciale, effective ou potentielle, parce qu’elle est secrète ;

3° Elle fait l’objet de la part de son détenteur légitime de mesures de protection raisonnables, compte tenu des circonstances, pour en conserver le secret, notamment en mentionnant explicitement que l’information est confidentielle ».

Or il s’avère que les documents obtenus par des lanceurs d’alertes dans l’affaire des LuxLeaks, soit le contenu de plusieurs centaines d’accords fiscaux conclus par des cabinets d’audit avec l’administration fiscale luxembourgeoise pour le compte de nombreux clients internationaux et révélés par les journalistes du Center for Public Integrity contiennent bien des informations :

– que des gens qui ne veulent pas les voir diffusées dans l’espace public peuvent déclarer comme revêtant une valeur commerciale [6] ;

– qui ne sont pas aisément accessibles à une personne agissant dans un secteur ou un domaine d’activité s’occupant habituellement de cette catégorie d’informations [7] ;

– qui ont dû faire l’objet de la part de leurs détenteurs de de mesures de protection raisonnables.

Comme cela s’est produit au Luxembourg [8], dès lors que la proposition de loi entrera en vigueur, les lanceurs d’alerte et les journalistes se verront opposer le secret des affaires lorsqu’ils détiendront et divulgueront des informations répondant à ces trois critères si flous et généraux qu’ils semblent pouvoir recouvrir toute péripétie de la « vie des affaires » dès lors qu’elle n’a pas été rendue publique par une entreprise elle-même – il est d’ailleurs fort probable qu’il appartiendra au juge de préciser au cas par cas quelle information relève du secret des affaires ou pas.

Toutefois, l’article L.151-6 prévoit des exceptions :

« I. – Le secret des affaires n’est pas protégé lorsque l’obtention, l’utilisation ou la divulgation du secret est requise ou autorisée par le droit de l’Union européenne ou le droit national, notamment dans l’exercice des pouvoirs d’enquête, de contrôle, d’autorisation ou de sanction des autorités judiciaires ou administratives.

Il n’est pas non plus protégé lorsque l’obtention, l’utilisation ou la divulgation du secret est intervenue :
1° Pour exercer le droit à la liberté d’expression et de communication, y compris le respect de la liberté de la presse, et à la liberté d’information telle qu’établie dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ;
2° Pour révéler, dans le but de protéger l’intérêt général et de bonne foi, une activité illégale, une faute ou un comportement répréhensible, y compris lors de l’exercice du droit d’alerte tel que défini par l’article 6 de la loi n° 2016-1691 du 9 décembre 2016 relative à la transparence, à la lutte contre la corruption et à la modernisation de la vie économique ;
3° Pour la protection d’un intérêt légitime reconnu par le droit de l’Union européenne ou le droit national, notamment pour empêcher ou faire cesser toute menace ou atteinte à l’ordre public, à la sécurité publique, à la santé publique et à l’environnement.

II. – Le secret des affaires n’est également pas protégé lorsque :
1° L’obtention du secret des affaires est intervenue dans le cadre de l’exercice du droit à l’information et à la consultation des salariés ou de leurs représentants ;
2° La divulgation du secret des affaires par des salariés à leurs représentants est intervenue dans le cadre de l’exercice légitime par ces derniers de leurs fonctions, pour autant que cette divulgation ait été nécessaire à cet exercice. »

Ainsi, dans le cas des LuxLeaks les journalistes auraient donc pu se défendre en prouvant que la divulgation des informations protégées a été effectuée dans l’exercice de leur « liberté d’expression et de communication, y compris le respect de la liberté de la presse, et à la liberté d’information telle qu’établie dans la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne ».

Par conséquent, les journalistes ne seront peut-être pas condamnés pour la violation du secret d’affaires mais le seul risque d’être poursuivi a un effet dissuasif en ce qu’il fait peser une pression financière et sociale sur les personnes visées, qui, selon leur statut, pourraient être conduites à abandonner toute velléité de divulguer les informations qu’elles détiennent. Ces pratiques, désormais clairement identifiées comme étant des « poursuites bâillons » sont devenues monnaie courante pour certaines multinationales qui sont de plus en plus imaginatives sur leur supposé fondement.

En ce sens, il est important de prévoir des amendes civiles dissuasives en cas de procédure dilatoire ou abusive de la part des plaignants pour éviter ces pratiques. Or, l’article L. 152-6 du code du commerce plafonne l’amende à « 20 % du montant de la demande de dommages et intérêts »demandés, ou, en l’absence de demande de dommages et intérêts, à 60 000 euros. Une somme évidemment dérisoire s’il s’agit de dissuader des multinationales faisant des milliards d’euros de profits de se servir de la justice pour empêcher la divulgation d’informations gênantes. Plus inquiétant encore, le Sénat a supprimé la sanction civile lors de l’adoption de son texte en première lecture.

***
La loi dite « secret des affaires » : une étape supplémentaire dans un travail de sophistication des outils juridiques permettant à ceux qui ont intérêt à ce que ne soient pas dévoilées au public certaines informations relatives aux activités des entreprises, de restreindre le nombre et le type de thèmes et d’ objets considérés comme légalement « investigables » par des journalistes, chercheurs, ONG, syndicats, etc. [9]. Cette loi agira probablement comme un poison plus ou moins lent selon la solidité financière du média attaqué et la position dans l’espace médiatique des médias et journalistes concernés et sera une arme au service des intérêts privés contre l’intérêt général.
Denis Souchon

Source : ACRIMED, Denis Souchon, 31-05-2018

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Commentaire recommandé

Fabrice // 11.06.2018 à 06h29

Cette loi est une preuve supplémentaire de la dictature « soft » qui s’est installée.

Je pensais que le contre effets que n’avaient pas anticipé les politiciens c’est que le domaine qui serait mis en lumière pour les enquêtes journalistiques du coup seraient les magouilles politiciennes et que l’on verrait exploser les affaires mais j’ai réalisé que la loi sur les fake news ferait un parfait contrefeu la boucle est bouclée.

37 réactions et commentaires

  • Fabrice // 11.06.2018 à 06h29

    Cette loi est une preuve supplémentaire de la dictature « soft » qui s’est installée.

    Je pensais que le contre effets que n’avaient pas anticipé les politiciens c’est que le domaine qui serait mis en lumière pour les enquêtes journalistiques du coup seraient les magouilles politiciennes et que l’on verrait exploser les affaires mais j’ai réalisé que la loi sur les fake news ferait un parfait contrefeu la boucle est bouclée.

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    • caliban // 11.06.2018 à 09h19

      C’est comme un rasoir à deux lames : premier passage, on censure les personnes, deuxième passage on condamne les diffuseurs. Il reste quoi à la fin ? JP Pernaud.

        +9

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      • Bibendum // 11.06.2018 à 12h07

        Non, il reste la révolution du clavier. Ici c’est un bastion. C’est rassurant 🙂

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    • Chris // 11.06.2018 à 09h57

      Cette loi est le pendant civil des tribunaux d’arbitrage qui trônent dans tous les traités de libre-échange.
      Conjugués, ils lient pieds et mains des citoyens et donnent plein pouvoir aux multinationales/transnationales : de facto, en se positionnant comme courroie de transmission, nos états n’existent plus. La féodalité internationalisée.
      Un article éclairant :
      https://lilianeheldkhawam.com/2017/02/03/la-destruction-de-la-classe-politique-dirigeante-a-commence-liliane-held-khawam/

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      • Bibendum // 11.06.2018 à 12h03

        Que nenni. Le citoyen est libre que lorsqu’il décide de s’interroger lui même. En aucun cas à cause d’une pseudo main mise féodale dont vous détournez le sens de façon pernicieuse.

        Votre commentaire apparaît bien après le mien alors que vous l’avez écrit plus tôt. Bizarre. Vous avez dit bizarre ? Comme cest….

        Merci de rajouter un lien, un texte, histoire de sur-enfumer.

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      • Haricophile // 11.06.2018 à 18h48

        Si la loi ne garantis plus l’équilibre entre les citoyens et la défense de l’intérêt collectif, il n’y a plus besoin de loi. C’est ce qui va bientôt arriver. Ou plutôt c’est ce qui arriverait si tout ce beau système n’allait pas se casser la gueule, chant du cygne des prétentions insensées de « la civilisation occidentale ».

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        • Bibendum // 11.06.2018 à 21h36

          Et oui et oui.
          C’est bien ce que nous dit J.J.Rousseau.
          C’est un contrat. On peut donc le dénoncer. Encore faut-il l’avoir lu.

          Mais comme le bon citoyen sait plus lire, ou alors il a piscine entre deux séances de smartphone, forcément, comme disait Bourvil: « elle va marcher beaucoup moins bien, forcément…. »

          À noter le bourgeois à gauche, de Funès. Et l’inénarrable Bourvil, le prolo. Belle parabole n’est il pas ?

          https://youtu.be/Ipl67KqEkWc

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    • Bibendum // 11.06.2018 à 10h54

      Non, cette loi est une preuve supplémentaire de la démission citoyenne.

      Cessez cette victimisation qui, insidieusement, donne un pouvoir supranaturel à la minorité qui gouverne.

      Elle ne gouverne pas, elle édicte et votre attitude valide cet état de fait que vous exprimez dans un français approximatif.

      Bien à vous.

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      • Bouddha Vert // 12.06.2018 à 02h04

        Il me semble que vous partez sur un malentendu.
        Le gouvernement édicte sous propositions des capitaux qui font la nation.
        Ces capitaux s’appuient sur des concepts comme la croissance infinie, l’absence de prix donné aux ressources, une finance complètement décorrélée de l’économie réelle…
        Tout devient incompatible avec les 13 000 km de diamètre de notre vaisseau spatial: consommations, démographie, pollutions etc…
        L’ensemble de ces concepts étant les composantes de notre paradigme.

        Du coup, la liberté de s’interroger soi même qui n’est déjà pas simple pour notre humanité de 2018 ne pourra se faire que pour un nombre décroissant.
        La question est donc de savoir quelles lois vont encadrer une humanité qui n’a jamais rencontré d’équivalent historique.
        Je la sent se profiler, ancien régime?

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        • Bibendum // 12.06.2018 à 08h45

          Bonjour,

          Cela vous semble basé sur un malentendu, hors je n’ai pas cité le gouvernement mais bien une minorité qui gouverne. Les gouvernements sont des décors posés devant un rideau derrière lequel se prennent les décisions par d’illustres inconnus… Enfin presque.

          Ensuite je rejoins complètement votre analyse sur les limites de Gaïa. À cette exception prêt…

          Ils le savent et ne se priveront pas d’essayer de remettre les compteurs en équilibre. Puisque les ressources sont indubitablement limitées, comprenons bien qu’elle est et sera la variable d’ajustement.

          Bien à vous

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    • Haricophile // 11.06.2018 à 18h50

      Pas si soft que ça pour certains, genre ceux qui crèvent en essayant de fuir nos bombardements, ou même les citoyens européens de 3e classe comme les Roms.

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  • Aladin0248 // 11.06.2018 à 07h37

    Effectivement, la loi sur « le secret des affaires » et la loi contre les « fake news » sont parfaitement complémentaires. Le dévoilement de grosses magouilles ne pourra plus d’un côté sortir sur les média officiels qui bénéficient du label de qualité, et de l’autre, il sera censuré sur les médias alternatifs comme conspirationniste. Là je dis ‘bravo’. La dictature est bien en marche. N’oubliez pas que cette dictature ne sera pas si soft que ça : les récalcitrants peuvent tout à fait finir en prison ou se faire casser la gueule par des groupes d' »anti-fa ».

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  • caliban // 11.06.2018 à 09h12

    Si la vérité ne peut plus être publiée, pourquoi la rechercher ?
    Autant parler des chiens écrasés, des grands de ce monde et pourquoi pas, des chiens écrasés des grands de ce monde.

    Le bâillon pour les lanceurs d’alerte et la laisse pour tout le monde.

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    • Vlois // 11.06.2018 à 09h28

      Nous sommes montés d’un cran dans la guerre économique: propagandes d’état, censure systematique des informations si elle ne correspondent pas au récit.

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    • Bibendum // 11.06.2018 à 11h16

      La vérité existe pas !

      Seuls des points de vue dualistes exacerbés, qui s’expriment dans un rapport de force antagoniste, créaient un artifice manichéen.

      Pensez plutôt équilibre, vous verrez que le jour ne nuit pas à la nuit, il la sacralise.

      L’aube et le crépuscule sont deux points ambiguës qui nous laisseraient croire que le consensus est possible.

      Autant appeler Méduse pour qu’elle nous pétrifie. Plus de dilemme. Ouf, on est sauvé.

      Ps: Méduse = La gouvernante 🙂

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    • caliban // 11.06.2018 à 14h52

      @Bibendum

      Je comprends votre point de vue relativiste mais vous n’êtes pas sans ignorer que les mots sont polysémiques.

      Quand je parle de vérité (sans majuscule évidemment) je parle de l’établissement des faits et non pas de la quête platonicienne :
      • Certains faits sont vrais, d’autres sont faux.
      • Pour le savoir il faut enquêter, c’est le métier des journalistes qui – par le truchement de cette législation sur le Droits des affaires – se complique singulièrement.

      Jadis la restriction était du ressort de l’Etat (plusieurs dispositions telles que le Secret défense, ou le « verrou de bercy » …). Maintenant s’ajoute la restriction privée.

      Cette évolution est symptomatique d’une inversion capitale et d’une crise institutionnelle :
      • hier la loi formait le cadre dans lequel évoluaient les acteurs économiques
      • aujourd’hui ces sont ces acteurs qui soumettent et aménagent la loi, pour la rendre conforme au dogme du « marché »

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      • Bibendum // 11.06.2018 à 15h16

        Super sympa de me répondre. Je pensais être devenu totalement transparent dans cet univers de domination sous la dictature beruriesques.

        Je vous invite à relire quelques penseurs qui ont planché sur l’idée de contrat social, des fois que vous ayez oublié qu’un combat, ce n’est pas ni se lamenter, ni revendiquer, mais aussi prendre, avec si nécessaire la force.

        Vos disputions sont vaines tant elles transpirent le renoncement face à vos responsabilités.

        Mais je vous aimes. Tant de ferveur pour noyer le chagrin du deuil ne peut qu’être respecté, même si pas idéalement respectable d’un point de vue supérieur.

        C’est peut-être pour cela que le supérieur vous méprise. Comportement de limace ? J’exagère à peine…

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    • caliban // 11.06.2018 à 17h51

      @Bibendum

      C’est pénible ces suppressions à répétition des commentaires aujourd’hui, désolé mais pas le courage de vous répondre une deuxième fois 🙁

      Tant pis pour le développement sur la « vérité » et autres considérations sur la soumission de la Loi aux règles du marché …

        +2

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      • Bibendum // 11.06.2018 à 18h21

        Désolé caliban,

        Je suis d’humeur chagrine aujourd’hui et j’ai un peu titillé le grizzli qui se défend de bonne guerre 🙂

        Du coup, quelques uns de mes coups de…. Clavier ont sautés, et nos considérations sur la liberté avec 🙁

        Mais nous aurons certainement l’occasion de réouvrir cette discussion 🙂

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  • Bibendum // 11.06.2018 à 09h37

    Lorsque l’omerta, la loi du silence non écrite, passe dans les tables de la loi, support fondamental de la sacro-sainte gouvernerie.

    Gouvernerie comme supercherie, pâtisserie, déchèterie, écurie. Incurie ? Lol

    Ne nous y trompons pas, nos dirigeur comprennent fort bien la situation qu’ils développent.

    L’incurie est celle des masses qui s’ignorent tant et si bien qu’il ne s’agirait plus de nettoyer les écuries d’ Augias, souillées par milles boeufs, que de réduire les fractures d’une société mutilée par les coups de pieds des ânes qu’elle mène, soi même, à la carotte et au bâton.

    Nous ne cessons de dénoncer ce 1℅, minorité active, qui spolie l’humanité tout en s’évertuant, fort aise et avec succès, à pulvériser la cohésion des 99℅ restant; les masses abêties par moult âneries, de l’ânesse à l’ânon… Ah non ? Si si!

    Interrogeons nous sur tout ces ismes, minorités dominantes qui imposent au général le silence auto-administré. Oui, autocensure par respect d’un politiquement correct, d’une bien séance veule, stérile, aseptisée.

    Supercherie donc. Comme féministerie, gentristerie, philosophisterie, religiosisterie, sur fond de droguerie et autres boutiqueries paroissiales.

    Chacun son commerce dilatoire, report constant vers l’au delà et l’infini. Merci toy story et buzz l’éclair, de nous prévenir qu’à chacune de nos fêtes, nous sommes relégués plus que jamais dans une obsolèterie programmée, déjà supplanté par une relève plus minoritaire que la minorité, l’individu issu de l’individualisterie.

    C’est article le dit sans y penser: « Dix articles que nous n’aurons pas écrits, autant d’informations pour « un débat d’intérêt général » qui n’auront pas été publiées, autant d’injustices qui n’auront pas été mises en lumière. »

    Fumisterie. Multiplier l’information pour la diluer et noyer le poisson. Ici même, chaque jour, l’information chasse l’information et éloigne le débat. Plus rien ne fait sens commun. Du bruit, des plaintes et la caravane passe.

      +5

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  • Roger // 11.06.2018 à 09h40

    Espérons qu’un nouvel Orwell est en train d’écrire « 2084 », appelé à devenir un best seller mondial…Peut-être que la soumission volontaire à ces fous furieux finira par se retourner en une profonde révolution?
    A moins que d’ici là il n’y ait plus personne pour « profiter » du « Meilleur des mondes » promis par le « totalitarisme neo-libéral »…

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    • Bibendum // 11.06.2018 à 11h35

       » Des révolutionnaires sans horizon

      Il y a bien aussi les révolutionnaires ou soi-disant tels, mais ils sont si peu habitués à faire fonctionner cette partie du cerveau que l’on dit propre à l’Homme, qu’ils se contentent généralement, soit de défendre des options inverses de celles imposées par les dominants, soit de tenter d’appliquer aujourd’hui ce que les créateurs du siècle dernier ont imaginé pour leur époque. Tout ce qui n’entre pas dans leurs schémas préfabriqués n’est pour eux qu’utopie, démobilisation des masses, idéalisme petit-bourgeois. Il faut cependant reconnaître que les idéologies à facettes qu’ils défendent furent toujours proposées par de petits-bourgeois, ayant le temps de penser et de faire appel à l’imaginaire. Mais aucune de ces idéologies ne remet en cause les systèmes hiérarchiques, la production, la promotion sociale, les dominances. »
      H.Laborit. Éloge de la fuite.

      Original de convoquer Orwell et Huxley dans un même propos pour les rendre complémentaire.

      Mais c’est pas si faux, mon coco, clin d’oeil à Nougaro, que de les réunir.

      Préalablement définir le portrait type/robot de l’ange et de la sorcière. Puis, innocemment of course, opposer l’un à l’autre.

      Choisi ton camp camarade. Ton sacrifice glorifie la postérité.

      Mais qui a pensé Salem ? Ok, nous voyons bien dans 1984 que la délation peut aussi sortir de la bouche des enfants qui, cela est de notoriété publique, détiennent la vérité 🙁

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    • Birdy // 11.06.2018 à 17h52

      Ce 2084 existe déjà, et c’est un livre génial !
      https://fr.wikipedia.org/wiki/La_Zone_du_dehors

        +3

      Alerter
      • Suzanne // 11.06.2018 à 21h44

        Ah haaa !! Merci ! C’est un de mes livres préférés, tous azimuts.

          +2

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  • nulnestpropheteensonpays // 11.06.2018 à 09h42

    surtout qu’il n’y a aucune nécessité a cette loi , si ce n’était aider financièrement les lanceurs d’alertes dans leurs futurs procès . Alors a nous de créer un fond pour régler les frais de justice des futurs procès des lanceurs d’alertes .

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    • Bibendum // 11.06.2018 à 11h46

      Un trésor public ? Révolutionnaire ? En proportion de nos revenus et notre engagement ?

      Ok, je signe. Vous faites le président et je fais le percepteur. Hi hi….

      On se marre sur les crises fr….

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      • Alfred // 11.06.2018 à 15h46

        Allez je veux bien jouer avec vous dans votre bac à sable. Vous ne vous sentez pas seul?

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        • Bibendum // 11.06.2018 à 15h55

          Ben, un peu moins grâce à vous. Comme quoi, la solidarité ce n’est pas que dépouiller les riches, c’est aussi parfois tendre une main au désespoir. Vous êtes noble, cela se voit 🙂

          Et je commençais à désespérer dans mon désert….

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          • nulnestpropheteensonpays // 11.06.2018 à 16h59

            les lecteurs des crises sont combien ? 100 000 mais il n’y a pas que les crises , et puis pour lutter contre le pognon , y’a que le pognon …si nous mettons chacun 5 euro on se retrouve avec 500 000 euro , on peut pas s’acheter un macron , mais du petit député on peux , avec 5 000 t’en achète un et avec 100 tu fait passer une loi …

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            • Bibendum // 11.06.2018 à 18h13

              Reste à savoir si les lecteurs des crises voudront acheter le même, tout en doutant qu’un député se négocie à 5000. Je crois que c’est ce qu’il gagne en un mois.

              Mais l’idée n’est pas si saugrenue qu’elle en à l’air à priori. De lecteur à électeur il n’y qu’un « é »….. É pourquoi pas du coup ? 😉

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  • ZX // 11.06.2018 à 12h24

    Libéralisme: Laissons les riches s’enrichir et les pauvres s’appauvrir. Néolibéralisme: Aidons les riches à s’enrichir et tous les autres à s’appauvrir.

    Autant promulguer une seule loi pour remplacer toutes les autres. Justice, politique, etc. : « Celui qui a la plus grosse… fortune a gagné ». C’est la loi de la jungle financière avec intérêts.

    Liberté, égalité, fraternité ?
    La liberté c l’esclavage
    L’égalité c l’oligarchie.
    La fraternité c la domination.

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  • Dominique // 11.06.2018 à 12h33

    On ne peut en même temps vouloir lutter contre les « fake news » et bâillonner l’information. Car si chacun comprend qu’il n’aura jamais d’information sur ce qu’une caste veut garder secret, alors il ne lui restera que l’imagination pour remplacer la connaissance.
    Ce gouvernement est sur cette question comme dans sa politique extérieure : en pleine contradiction

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    • Bibendum // 11.06.2018 à 14h36

      C’est le peuple qui est en contradiction. Il se précipite pour aduler son, ses élites et le Mondial 2018 va conforter mon propos.

      Cool une jolie Britney qui fait dans le showbiz porno avec millions de dollars et tout le peuple limace libidineuse qui rajoute sa pièce dans la fente*…. La fiente….

      Au moins sur les crises on ne s’étouffe pas avec la réalité. Un peu de poudre de relativité, et hop, comme un super dopé à la coke, on écrit son monde idéal.

      Même Warhol n’écrirait pas ce qui s’écrit ici. Alice, ils sont fous, ils ne savent plus ce qu’ils disent.

      * Fente: réservée au delà de 18 ans…

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    • Haricophile // 11.06.2018 à 17h58

      Il n’y a aucune contradiction dans la politique du gouvernement :

      – Le $ est la religion officielle, quand bien même il s’agirait de €$

      -Il y a eu les gouvernements tribaux, puis les gouvernements aristocratiques, puis les gouvernement de la république bourgeoise, au tour de la gouvernance par les multinationales de la finance.

      – Il est au service de la convoitise, qu’on appelle aussi « ultra-libéralisme » (ce qui ne veut rien dire mais est moins compromettant).

      – Comme vous vous obsédez a lui prêter des intention qu’il n’a pas et qu’il n’a jamais eu, comme veiller a la prospérité du pays ou défendre l’intérêt général, toutes ces conneries pour idéalistes dont ils n’ont rien a foutre, vous avez du mal a trouver de la cohérence dans votre analyse des actions gouvernementale. Mais c’est en réalité votre raisonnement qui est incohérent puisque basé sur les prémisses fausses.

      – Bien entendu, tous les discours publicitaires a usage de segments de marchés bien ciblés du Président et de En-Marche™ (encore un nom con qui ne veut rien dire), et qui semblent occuper avec succès votre temps de cerveau disponible, ne vous aident pas a avoir le raisonnement lucide avec des réalités que vous niez à vous même tellement elles sont contraire à vos propres convictions. Il parait que les psy peuvent améliorer ces déni de réalité.

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      • Dominique // 12.06.2018 à 18h02

        « qu’on appelle aussi “ultra-libéralisme”, ce qui ne veut rien dire »
        Si, ce terme a bien un sens.
        C’est l’aboutissement extrême du libéralisme dans lequel toutes les règles sont rejetées, les multinationales et « le marché » dictent les lois aux États, les inégalités sans limites sont récompensées.

        « les discours du Président et de En-Marche™ qui semblent occuper avec succès votre temps de cerveau disponible, ne vous aident pas a avoir le raisonnement lucide avec des réalités que vous niez à vous même. les psy peuvent améliorer ces déni de réalité. »

        Vous vous inquiétez de mon état mental sans rien savoir de la résonance qu’ont les discours de Macron sur moi et vous venez me parlez de réalité !?

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  • RGT // 12.06.2018 à 08h06

    Cette loi est parfaite pour préserver le « secret des affaires » et j’ai la certitude que la Mafia va en profiter pour préserver l’intimité de ses affaires qui sont par nature secrètes.

    Quiconque osera désormais dénoncer les danger de l’utilisation des drogues illégales risquera d’être poursuivi et condamné pour « atteinte au secret des affaires ».

    Vous me répondrez que c’est déjà le cas pour les drogues légales (tabac, alcool, médicaments), alors dans son grand souci d’équité vis à vis du business, pourquoi ces produits ne devraient-ils pas être aussi protégés par la loi ?
    Surtout depuis qu’ils sont intégrés dans le PIB, ce qui permet à nos dirigeants de remonter au cric les résultats de leur « efficacité politique ».

    Bientôt, si par malheur un flic vient importuner un dealer ou un receleur il risquera de se retrouver poursuivi pour « atteinte au secret des affaires ».

    Finalement les Bolloré, Niel, Arnault et tous ces « grands humanistes qui œuvrent pour le bien de l’humanité » ne sont que des petites crapules de quartier qui on réussi.
    Il ne faudrait pas tarir la source de ces « bienfaits de l’humanité ».

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  • step // 12.06.2018 à 18h03

    dieu que c’est mal formulé cet article. En fait si j’ai compris ce que dénonce l’auteur, c’est que les sources ne sont pas protégées par la loi en cas d’activité immorale et pas illégales ???
    Car avant il y avait des procédures bâillons, après il y aura des procédures baillons. Je ne vois pas ce qui change. Les attaquants avaient tord avant ils auront tord après mais ils s’en foutaient avant et s’en foutront après. Le but n’est pas de faire valoir le droit mais d’étouffer économiquement l’adversaire. Effectivement à 10% du CA de la boite, les zélotes de l’offensive juridique se calmerait, mais cela n’a jamais été une perspective proposée.

    Celle loi ne fait aucune avancée pour les lanceurs d’alerte, mais qu’attendiez vous de macron ?

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