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16.novembre.201816.11.2018 // Les Crises

Matthew Alford : Hollywood, la machine à propagande

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Sujet très intéressant, et bien trop peu abordé : le soft-power cinématographique des États-Unis….

Nous vous recommandons son passionnant livre Hollywood Propaganda – excellemment traduit.

Et nous vous renvoyons également vers cet article : La fabrication du consentement au cinéma, de Laurent Dauré

Source : Le Média, Matthew Alford, Irving Magi, 02-11-2018

Matthew Alford, écrivain et professeur de l’Université de Bath, est venu sur le plateau du Média pour nous parler d’Hollywood Propaganda. Cet ouvrage est le fruit d’un long travail de recherche dont le but est de démontrer les ingérences de la CIA et du département de la Défense américain dans les productions du cinéma hollywoodien. Avec Irving Magi.

Source : Le Média, Matthew Alford, Irving Magi, 02-11-2018


Source : Russia Today France, Matthew Alford, 27-09-2018

Dans la Grande Interview, Katia Pecnik reçoit l’écrivain britannique Matthew Alford, auteur du livre « Hollywood propaganda ». Selon lui, cette gigantesque industrie du cinéma désinforme le public et sert les intérêts de la politique américaine.

Source : Russia Today France, Matthew Alford, 27-09-2018


Source : Acrimed, 8/10/2018

Critique de Hollywood propaganda, par Michael Parenti

Les travaux récents sur le pouvoir idéologique d’Hollywood sont rares en français, en particulier pour les films qui traitent – plus ou moins explicitement – de la politique étrangère des États-Unis. C’est pourquoi il est heureux que le livre (paru en 2010) de l’universitaire britannique Matthew Alford sur les rapports entre l’industrie du cinéma et l’hégémonie américaine ait fait l’objet d’une traduction. Hollywood propaganda a été publié en septembre aux Éditions Critiques, avec une préface inédite de l’auteur.

Passant en revue des dizaines d’œuvres sorties depuis le début des années 1990, de la superproduction au film indépendant, Alford examine la façon dont celles-ci représentent les actions des États-Unis dans le monde ainsi que leurs autorités civiles et militaires. Hollywood propaganda analyse aussi le fonctionnement interne de cette « industrie politisée » souvent bien disposée à l’égard des préoccupations de Washington, du Pentagone et de Wall Street. L’auteur applique à Hollywood le « modèle de propagande » exposé par Edward Herman et Noam Chomsky dans leur livre de référence sur les médias La Fabrication du consentement (Agone, 2008 ; 1988 pour la 1re édition en anglais).

Nous reproduisons ci-dessous, avec l’accord de l’éditeur, l’avant-propos de l’historien et politologue Michael Parenti, un dissident américain qui a beaucoup travaillé sur la question de l’impérialisme. À noter qu’il a également une œuvre dans le domaine de la critique des médias, malheureusement méconnue en France car très peu traduite.

Chaque année lors de la cérémonie de remise des Oscars, Hollywood invite le monde entier à venir partager l’illusion qu’une noble industrie œuvre pour le bien de l’humanité en lui offrant des divertissements magnifiques, émouvants, qui vont susciter chez lui joie, tendresse, chagrin, des films riches à la fois en scènes d’action époustouflantes et en promesses réconfortantes. Devant cette autocélébration festive, on a tendance à oublier que « le monde du cinéma » est une industrie motivée par le profit — comme toutes les grandes industries —, qu’elle est assez fermement centralisée et qu’elle se préoccupe bien plus de nous faire les poches que de créer un art qui viendra nourrir nos rêves.

On néglige tout autant le fait qu’Hollywood fonctionne selon des paramètres idéologiques bien arrêtés. Si l’industrie du cinéma recherche en permanence gloire et dollars, elle n’en est pas moins une industrie culturelle. Les produits qu’elle commercialise sont constitués de personnages, d’images, d’histoires, d’expériences et, à leur manière, d’idées, des éléments qui affectent directement la conscience du public. Et si le premier objectif des grands studios est de faire de copieux profits, ils en ont un autre — que celui-ci soit explicitement assumé ou non : le contrôle idéologique. Ils l’exercent en ne s’aventurant jamais au-delà du cadre du système de croyances dominant, tout en le présentant comme une représentation naturelle et authentique de la vie. Il serait peut-être donc plus approprié de décrire l’industrie du cinéma comme engagée, non seulement dans le contrôle idéologique, mais aussi dans le self-control idéologique.

Les dirigeants de cette industrie contesteraient pareilles affirmations. Ils avanceraient que notre société est une démocratie culturelle dont les produits finis ne sont pas déterminés par l’idéologie mais engendrés par de nombreux choix libres au sein d’un marché libre. À leurs yeux, c’est la main invisible d’Adam Smith qui part du cœur d’Hollywood pour atteindre les centres villes. Pour rapporter de l’argent à ses actionnaires, l’industrie doit toucher les plus grands marchés possibles, c’est-à-dire qu’elle doit donner aux gens ce dont ils ont envie.

Ainsi, d’après les nababs du cinéma, la culture populaire est le produit de la demande populaire. Si le monde du cinéma propose des films nuls, disent-ils, c’est parce que c’est ce que le public apprécie ; c’est ce qui se vend. Les gens préfèrent être divertis et distraits plutôt qu’informés et tirés vers le haut. C’est ce qu’ils affirment, et à n’en pas douter c’est souvent le cas.

Mais bien plus que le goût des spectateurs, n’est-ce pas plutôt la puissance du marketing et de la distribution dont bénéficient les films qui détermine la taille de leur public ? Des millions de gens ont vu les suites de Rambo, des productions extravagantes à la gloire d’actes de bravoure militaristes et sanguinaires. Chacun des épisodes de Rambo est sorti dans plus de deux mille salles aux États-Unis à la suite de campagnes publicitaires de plusieurs millions de dollars. Un autre exemple : en aout 2001, malgré des critiques catastrophiques méritées, Disney a décidé, à la surprise générale, de prolonger la durée d’exploitation nationale de Pearl Harbor a sept mois au lieu des deux à quatre mois ordinaires, ce qui signifiait que ce blockbuster « estival » allait finalement être projeté jusqu’en décembre. Bénéficiant d’une distribution aussi massive et envahissante, il était impossible que Pearl Harbor n’atteigne pas un très grand nombre de gens. En revanche, seuls quelques milliers de personnes ont jamais pu voir Le Sel de la terre (1954) [1], un film à petit budget traitant des luttes menées aux États-Unis par des syndicalistes d’origine mexicaine. Ce film vibrant et saisissant, conservé des décennies après par la Bibliothèque du Congrès et le Musée d’art moderne de New York, a été soumis à toutes sortes de contraintes au cours de sa production et de sa distribution, et a dû se contenter d’une courte vie en salle, avec seulement onze petits exploitants.

Si des films dissidents comme Le Sel de la terre ne parviennent pas à toucher un large public, ne serait-ce pas parce qu’ils en sont tenus à l’écart du fait de la distribution minimale et de la publicité limitée qu’ils reçoivent ? Faute de fonds suffisants, ils doivent compter sur le bouche-à-oreille et sur les critiques qui leurs sont souvent politiquement hostiles. Le contraste est saillant avec les campagnes publicitaires de plusieurs millions de dollars qui favorisent la création de marchés de masse pour les films censément plus populaires. Si un Rambo ou un film tel que Pearl Harbor dispose vraiment d’un grand public « naturel » et est attendu par des millions de spectateurs, en ce cas pourquoi est-il nécessaire de dépenser des fortunes en publicité avec pour seul objectif de constituer une audience massive ?

En résumé, ce n’est pas simplement une question de demande qui va créer l’offre. C’est souvent l’inverse : l’offre crée la demande. La première condition nécessaire à toute consommation est la disponibilité du produit. Qu’il s’agisse de films, d’émissions de télévision ou de boissons sans alcool, la consommation dépendra largement de la distribution et de la visibilité du produit. Un film qui va sortir dans tous les multiplexes d’Amérique va toucher un grand public, non pas parce qu’il y a une vague spontanée de demande émanant de la base de l’ordre social, mais parce qu’il est commercialisé avec fracas à partir du sommet.

Avec le temps, les gens sont conditionnés à accepter des films faciles, superficiels, médiocres et politiquement biaisés. Les images standardisées et les scénarios cousus de fil blanc sont prédigérés. Avec un conditionnement suffisant, les consommateurs iront voir même ce qui ne suscite pas grand enthousiasme chez eux. Rarement exposés à autre chose, ils sont d’autant plus enclins à chercher la distraction dans ce qui se trouve offert.

Mais il ne faut pas exagérer cet argument. Le public n’est pas malléable à volonté. L’offre ne crée pas toujours la demande. Certaines offres d’Hollywood sont des échecs cuisants, malgré une publicité abondante et une distribution offensive. Malgré leurs déclarations sur l’importance de donner au public ce qu’il veut, les dirigeants des studios se trompent souvent. Les préférences du public peuvent être difficiles à prédire, surtout quand la perception qu’on en a est elle-même influencée par ses propres inclinations sociopolitiques.

Ainsi, durant une période s’étalant sur plus de deux décennies, et qui comprenait toutes les années 1970 et 1980, les commentateurs et experts des médias dominants n’ont eu de cesse de répéter que le public américain était gagné par une « humeur conservatrice », soit exactement la direction qu’ils espéraient. Les patrons des chaînes de télévision et des grands studios ne se sont pas fait prier pour se joindre au chœur, dans ce qui a fini par devenir l’une des tentatives de prophétie autoréalisatrice les plus longues de l’histoire. Puisqu’ils avaient décidé que la nation se laissait envahir par une humeur conservatrice, ils se sont mis au travail pour favoriser à la fois cette évolution et cette humeur. Les huiles de la télévision ont produit tout un tas de séries sur la justice et l’ordre telles que Walking Tall, Strike Force et Today’s FBI (1981-1982). Tous ces programmes étaient émaillés de sous-textes conservateurs ; ils ont tous souffert d’audiences lamentables et ont vite été interrompus. Cela s’est reproduit dans les années 2000 avec des séries telles qu’Agence Matrix (2003-2004), Spy Girls (2002-2004) et Espions d’État (2001-2003), cette dernière bénéficiant du soutien de la CIA.

Idem avec l’industrie du cinéma. L’Étoffe des héros (1983), un film à la gloire des aventures spatiales des États-Unis, a fait un bide au box-office. Des films d’action tels que Cobra (1986), Rambo III (1988) et L’Inspecteur Harry est la dernière cible (1988) s’en sont mal sortis eux aussi. Grâce à des campagnes publicitaires se chiffrant à plusieurs millions de dollars, ils ont fait un bon départ lors de leur premier week-end, mais ils se sont rapidement effondrés ensuite. Inchon (1982), un autre film de guerre droitier, dont le budget était de 48 millions de dollars auxquels il faut ajouter entre 10 et 20 millions de dollars de publicité, avait tout ce dont le public est censé avoir envie : un casting prestigieux, une production spectaculaire, une histoire d’amour, des scènes de bataille sanglantes, un patriotisme exacerbé, une réécriture simpliste de l’histoire politique et une intrigue écervelée à propos d’agresseurs communistes prêts à tuer qui se font dégager par un héros de guerre de droite. Pourtant Inchon a été un désastre au box-office. Cela laisse penser que même les spectateurs conditionnés pour cela en ont parfois marre de consommer toujours les mêmes âneries.

En résumé, dire que l’industrie du cinéma « donne aux gens ce qu’ils veulent » est une explication trop simple. Les grands studios nous imposent ce qu’ils pensent que nous voulons, et font souvent la promotion de films que nous n’avons jamais demandés et qui ne nous plaisent pas particulièrement. Mais avec une publicité et une distribution suffisantes, même ces bides sont destinés à atteindre bien plus de gens que des films dissidents aux financements exsangues, auxquels on n’accorde ni distribution, ni publicité de masse dignes de ce nom.

* * *

Les commentateurs et éditorialistes conservateurs ne cessent de donner d’Hollywood l’image d’un repaire de gauchistes. Divers propagandistes de droite nous disent que « les élites culturelles » d’Hollywood (et d’autres endroits tels que New York, San Francisco et Washington) véhiculent des valeurs qui visent à saper le patriotisme et d’autres « vertus américaines » du même ordre.

L’impressionnante critique que propose Matthew Alford dans les pages qui suivent terrasse ces incantations à propos d’un dessein gauchiste de nature élitiste. Implicitement, la dissection des films de guerre hollywoodiens proposée par l’auteur lève le voile sur les représentations déformées de la politique impérialiste américaine elle-même et les mythes politiques dominants qui la soutiennent.

Ce livre détaillé dévoile comment les agences de l’empire américain jouent un rôle actif jusque dans l’écriture et la production des films à propos des manœuvres politico-militaires des États-Unis à l’étranger. Ce débat étouffé sur les politiques (pas toujours si) cachées de l’empire se manifeste dans la production des films elle-même, dans ce qui est atténué, ce qui est glorifié, et ce qui ne quittera pas le banc de la salle de montage.

Après un passage en revue de quasiment tous les films importants de ces dernières années, Alford conclut que tandis qu’« il y a [certainement] des progressistes importants à Hollywood », il n’y a pas d’« establishment de gauche » poursuivant un dessein politique. Il nous rappelle également qu’il y a de « nombreuses stars, censeurs et professionnels de l’industrie situés à droite » qui œuvrent activement au sein d’Hollywood. Des représentants du Pentagone et des agences de sécurité nationale suivent à la trace certains scénaristes, monteurs et producteurs. Et avant toute chose, il y a les patrons et les banquiers — riches et conservateurs — qui travaillent dans l’industrie, ceux-ci opérant « à l’intérieur d’un système entrepreneurial rigide ».

Grâce à un examen minutieux des véritables intrigues, dialogues et personnages de dizaines de films grand public, non seulement Alford nous dit, mais en plus il nous démontre que le cinéma dominant ne propose aucune critique des « principales prémisses postulant la bienveillance des États-Unis sur la scène internationale ». Au point que lorsque l’on concède des remarques critiques dans tel ou tel film, elles ne sont fondées sur rien de tangible. Les héros se contentent de corriger le tir lorsque se produisent des bourdes opérationnelles, des accidents malencontreux et des erreurs individuelles. Il est possible de critiquer certains cas d’excès du pouvoir militaire, mais pas la puissance militaire des États-Unis à proprement parler, étant entendu que les forces américaines ont le droit absolu de mener des opérations militaires dans n’importe quelle « zone à problème » de la planète. Alford décrit des films qui propagent l’idée que la guerre est une « tragédie regrettable, qui découle de ce que l’idéalisme des États-Unis se heurte à une situation qu’ils n’ont pas entièrement comprise et n’ont pas pu maîtriser ».

Dans le monde du cinéma, les interventions de l’armée américaine sont toujours bien intentionnées même si, parfois, ces entreprises tournent mal. On ne nous dit rien des intérêts globaux transnationaux qui se cachent derrière de telles expéditions, sur qui paie et sur qui tire profit de ce qui se passe. De telles questions nous mèneraient au cœur de la façon dont le pouvoir politique et économique est exercé aux États-Unis et dans une grande partie du monde.

En résumé, les cinéastes (à quelques notables exceptions près) n’iront pas bien loin dans leurs critiques, ayant à l’esprit — de façon plus ou moins consciente — qu’ils ne peuvent se permettre de faire un film véritablement radical ; ils sont incapables de remonter à la racine et d’exposer les intérêts colonialistes de l’empire mondial ou la nature dangereuse et antidémocratique de l’État de sécurité nationale. S’y essayer, ce serait attirer des ennuis au film qu’on essaie de produire et de distribuer. Il s’ensuivrait une perte de financements, une exposition de moindre envergure, et un jeu de massacre pour les critiques de cinéma des médias dominants qui se gardent bien d’oublier pour le compte de qui ils travaillent. Il suffit de demander à Oliver Stone ce qu’il en pense, lui qui n’a cessé de recevoir des attaques pour sa tentative de s’aventurer en zone interdite à propos de l’assassinat de Kennedy avec son film JFK (1991).

On peut donc dire que l’on ne se contente pas de nous divertir. Les cinéastes grand public ont une capacité innée à traiter des sujets brûlants de façon à neutraliser leur impact et à atténuer leur signification. On intègre des réalités contradictoires dans le scénario, mais sous une forme prédigérée. L’injustice et la corruption au sein des institutions ne sont plus que les actes de quelques rares francs-tireurs ou brebis galeuses. La guerre n’est alors pas grand-chose d’autre qu’une expérience dure et amère pour les soldats concernés. Comme le dit Alford : « C’est monnaie courante à Hollywood, comme parmi les élites américaines [dans le domaine de la vie politique réelle], de partir du principe que les étrangers ne comptent pas, que les ennemis des États-Unis sont implacablement vils, et que la puissance américaine est par essence bonne et désintéressée. »

Dans le monde du grand écran, les dirigeants politiques doivent faire des choix difficiles portant sur l’intégrité et l’équité, mais ils se prononcent rarement sur des problèmes économiques concrets. La résistance face à l’injustice s’exprime à travers la courageuse opposition d’un individu. (« Un seul et unique homme s’est levé pour affronter la menace… »). Grâce à son alchimie cinématique, Hollywood produit des films qui peuvent sembler d’actualité et socialement pertinents, sans avoir à composer avec les divers aspects de la réalité sociale conflictuelle, des films dans lesquels on « combat le terrorisme » sans approcher la réalité de trop près.

* * *

Si tout ceci est vrai, si les films sont implicitement conservateurs dans leur représentation avantageuse de l’État de sécurité national, de l’impérialisme et de la supériorité morale présumée des États-Unis, alors pourquoi les conservateurs se plaignent-ils de « partis pris progressistes » à Hollywood ? Ils adressent aussi ce reproche aux médias d’information américains, essentiellement pour les mêmes raisons, alors que ceux-ci penchent à droite et sont toujours plus soumis et timorés.

Les films n’ont de cesse de restreindre leur attention critique à une sphère étroite et superficielle et proposent rarement une critique véritablement radicale. Pourtant même cette timide démarche est considérée comme une entreprise de dénigrement, menée par les progressistes, du système politico-économique américain et de sa domination mondiale. Montrer un soldat sans pitié qui tue un civil innocent, dans ce qui est par ailleurs présenté comme une entreprise militaire noble contre le terrorisme, c’est déjà trop pour les idéologues de droite. La moindre critique — aussi édulcorée, fortuite et innocemment décontextualisée soit-elle — sera toujours choquante aux yeux des réactionnaires intransigeants.

En outre, à sa manière, Hollywood a vraiment été culturellement « subversive », avec ses scènes sexuellement explicites, ses jurons, sa tolérance pour les modes de vie déviants (dont l’homosexualité), et son dédain supposé pour les valeurs familiales. Pour les réactionnaires, de telles inclinations apparemment décadentes sont les preuves à brandir pour démontrer que l’industrie du cinéma est aux mains des ennemis de l’Amérique.

Dire qu’Hollywood est gouvernée par des gauchistes est aussi un moyen d’exercer en permanence une certaine pression qui aide à faire bouger le centre de gravité politique vers la droite, pour maintenir l’industrie dans l’inconfort, et ainsi l’obliger à prouver sa bonne foi patriotique. L’industrie du cinéma revêt donc constamment les atours qui plaisent à la droite sans jamais oser se déplacer trop fermement vers la gauche sur la moindre question fondamentale.

L’essentiel du processus de contrôle idéologique se fait implicitement. Alford nous rappelle que les gens qui œuvrent au sein des systèmes de pouvoir ne sont pas toujours pleinement capables « d’identifier les frontières idéologiques fixées par les forces étatiques et économiques à l’intérieur desquelles ils travaillent ». Et s’ils s’aventuraient à soulever des points de vue fâcheux quant aux dangers d’un système de pouvoir antidémocratique et ploutocratique, ajoute-t-il, cela compromettrait sérieusement leurs carrières.

Nous pourrions nous rappeler que les formes de contrôle social les plus répressives ne sont pas toujours celles que nous vouons consciemment aux gémonies, mais celles qui s’insinuent d’elles-mêmes dans le tissu de notre conscience afin de ne pas être remises en cause, et qui sont alors acceptées comme faisant partie de la nature des choses. Il y a sans doute des progressistes et des gens de gauche à Hollywood qui ne se sont toujours pas rendu compte à quel point ce qu’ils entreprennent sert la cause des pouvoirs en place.

Alford conclut ce livre par un appel dont nous devrions tous tenir compte, un appel en faveur d’un système de propriété et de production plus libre, moins concentré, dans lequel les cinéastes créeraient des récits novateurs et captivants et « auraient moins peur de questionner la façon dont la puissance des États-Unis dépend des firmes privées. » En résumé, dans le but de faire de meilleurs films et donc des soirées de remise des Oscars au service de la démocratie plutôt que de la ploutocratie.

Michael Parenti

Source : Acrimed, 8/10/2018

Nous vous proposons cet article afin d'élargir votre champ de réflexion. Cela ne signifie pas forcément que nous approuvions la vision développée ici. Dans tous les cas, notre responsabilité s'arrête aux propos que nous reportons ici. [Lire plus]Nous ne sommes nullement engagés par les propos que l'auteur aurait pu tenir par ailleurs - et encore moins par ceux qu'il pourrait tenir dans le futur. Merci cependant de nous signaler par le formulaire de contact toute information concernant l'auteur qui pourrait nuire à sa réputation. 

Commentaire recommandé

Alfred // 16.11.2018 à 09h28

Il y a une incohérence à citer comme exemple de propagande la longue distribution de certaines daubes et la distribution très confidentielle de films progressistes pour à la fin proposer une reprise en main de la production qui devrai être « plus libre ».
Le problème n’est pas la production (pas plus aux Etats Unis qu’en France) puisque des films de tous ordres et origines sont produits. Le problème c’est la distribution (partout dans le monde) qui condamne à la mort economique et à la confidentialité tout ce qui sort des clous. Comme pour tous les médias le probleme principal est qui tient les vannes, pas la variété de l’offre.
Ce n’est pas la seule contradiction soit dit en passant.

27 réactions et commentaires

  • Louis de Constance // 16.11.2018 à 07h53

    Hi from DC ❤ ✌ ?. Thx. Very interesting. What about the propaganda through the Chinese, Russian,French movies and specially at the Cannes Festival??

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    • Laurent Dauré // 16.11.2018 à 14h43

      Sur ce point, permettez-moi de citer un passage de mon article :

      « Il est indéniable qu’il existe des productions françaises, britanniques, japonaises, russes, chinoises, israéliennes, etc., qui présentent de façon avantageuse la politique étrangère et les autorités des pays en question. Mais, en règle générale, ceux-ci s’exportent beaucoup moins que les films américains, ils sont davantage à usage interne (ce qui n’est assurément pas une excuse). Compte tenu du statut de superpuissance des États-Unis et du fait qu’Hollywood a un impact mondial avec lequel aucune autre cinématographie ne peut rivaliser pour l’instant, il est intellectuellement et politiquement légitime de porter une attention appuyée à la production culturelle états-unienne. Notons une tendance révélatrice : dès qu’émerge un film russe, chinois ou iranien critiquant le “régime” de son pays d’origine, il a de bonnes chances de sortir dans les salles françaises et d’être encensé par les médias dominants. »

      https://www.les-crises.fr/hollywood-propaganda-la-fabrication-du-consentement-au-cinema-par-laurent-daure/

        +8

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    • Fool Prophet // 17.11.2018 à 13h14

      China, Russia are not ruling the war…
      China, Russia haven’t their army all over the world.
      En France nous ne sommes pas « condamnés » à aimer la Chine ou la Russie.
      Fin des comparaisons boiteuses.

        +0

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  • LBSSO // 16.11.2018 à 08h13

    Reviens Fantômas !
    Se sont créés en France les premières sociétés cinématographiques industrielles. Pathé et Gaumont ont dominées le monde.
    – 1895 : Gaumont , plus ancienne société cinématographique au monde.
    – 1905 : Max Linder engagé par Pathé est la 1ière grande vedette mondiale du cinéma (comique burlesque).
    – 1907: Pathé produit 351 films
    – 1911: à Clichy le Gaumont-Palace ,3400 places.
    – 1914 : Louis Feuillade (Fantômas) est alors considéré comme le plus grand cinéaste français .
    Mais déjà, juste avant la première guerre mondiale , le cinéma américain profitant des techniques et trouvailles françaises, de la taille de son marché, de financements importants , et de prises de risque audacieuses, s’organise et se développe.
    La première guerre mondiale met fin à la suprématie du cinéma français alors très affaibli.Il faudra attendre l’avènement du cinéma parlant (1927 ).En effet :pour un film, il faut dorénavant non seulement un visage mais aussi une voix .Le spectateur se redirige alors vers un cinéma français .C’est l’ère,dans les années 30 des Arletty, Michèle Morgan, Louis Jouvet, Michel Simon, Jean Gabin.

    (je ne retrouve pas les références du doc historique que j’avais écouté récemment à ce sujet)

      +10

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    • lefredle // 16.11.2018 à 13h06

      et puis…1946…Accords Blum-Byrnes: quotas imposés sur la diffusion de films « made in the USA » et sabotage de l’industrie cinématographique Française qui ne s’en remettra pas jusqu’à la « nouvelle vague » (intéressant d’ailleurs la partie de la vidéo sur Jean Seberg)
      Merci pour les liens à l’équipe des crises!

        +6

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    • LBSSO // 16.11.2018 à 13h36

      Le documentaire était celui-ci, j’avais pu le voir cet automne:
      http://www.lesfilmsdeladecouverte.com/1418-coup-de-canon-sur-le-cinma-franais/
      Un film écrit et réalisé par Véronique Garcia
      Diffusé sur – initial broadcasts on Histoire | TLM
      © 2018 – Les Films de la Découverte / Histoire / Ville de Lyon
      Avec le soutien de la PROCIREP-ANGOA et de la Mission Centenaire 14-18

        +5

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  • Catalina // 16.11.2018 à 08h26

    Pierre Conesa : « Hollywood, une usine à stéréotypes racistes »

    https://www.youtube.com/watch?v=8hXj_iYd2lM

    Pas de ministère de l’éducation nationale dans la « démocratie » us, pas de livres d’histoire…
    bref.
    https://www.youtube.com/watch?v=etvPGe22Cfg

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  • Alfred // 16.11.2018 à 09h28

    Il y a une incohérence à citer comme exemple de propagande la longue distribution de certaines daubes et la distribution très confidentielle de films progressistes pour à la fin proposer une reprise en main de la production qui devrai être « plus libre ».
    Le problème n’est pas la production (pas plus aux Etats Unis qu’en France) puisque des films de tous ordres et origines sont produits. Le problème c’est la distribution (partout dans le monde) qui condamne à la mort economique et à la confidentialité tout ce qui sort des clous. Comme pour tous les médias le probleme principal est qui tient les vannes, pas la variété de l’offre.
    Ce n’est pas la seule contradiction soit dit en passant.

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    • LBSSO // 16.11.2018 à 12h39

      Pour compléter votre commentaire sur la distribution qui connaît une évolution fulgurante.

      « Le paysage de la vidéo à la demande en « streaming », en 2020

      2006 : Prime Vidéo
      2007 : Netflix
      2007 : Hulu
      2014 : HBO NOW
      2014 : CBS All Access
      2017 : Facebook Watch
      2018 : You Tube Premium
      2019 : Disney Play (aura le catalogue de Walt Disney Studio – Pixar – Lucasfilm – Marvel – 21st Century Fox – Disney Media Networks – ESPN – A & E Networks (History, Lifetime)
      2019 : Comcast (aura le catalogue de NBCUniversal -DreamWorks – Sky UK)
      2019 : AT&T (détient WarnerMedia – HBO – Cinemax -CNN – Warner Bros – DC Comics)
      2019 : Apple  »
      https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/netflix-vs-hollywood-797180.html
      https://www.latribune.fr/technos-medias/internet/pourquoi-les-gafa-entrent-dans-la-bataille-face-a-netflix-797297.html
      Face à cette nouvelle concurrence : « Plutôt que de s’accrocher à un catalogue passé, Netflix préfère chiper les plus grands talents des studios, pour tenter de s’assurer un avenir. »

      Les conséquences sur le cinéma traditionnel sont d’ores et déjà considérables.

        +4

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      • Sebcbi1 // 16.11.2018 à 13h40

        On se croirait revenu dans les années 80, lorsque l’on nous annonçait que la vidéo allait tuer le cinéma traditionnel. C’est pareil ici.

        Les conséquences sur le cinéma traditionnelles sont d’abord la faute de ce cinéma, et pas des plateformes de streaming.

        Posez-vous cette question : pourquoi des cinéastes comme Scorsese ou les frères Cohen se tournent désormais vers Netflix ?

        « 70% des salles de cinéma sont d’une qualité médiocre. Je pense vraiment qu’on a touché le fond dans ce domaine. Et quand on me dit : ‘hey, des gens qui ont construit des multiplexes en béton et sans âmes vont faire faillite’, franchement, ça m’est égal. Ce n’est pas ça, aller au cinéma. C’est juste un moyen de soutirer vingt dollars au public en lui montrant le dernier truc qu’a produit Hollywood. Aujourd’hui, on va à l’abattoir. Entrez, BOUM ! Voici le film, merci, au revoir au suivant. C’est une version pervertie de ce en quoi je crois. […] Et aussi, quand des critiques français disent que pour que l’on considère un film comme un ‘vrai’, il doit être vu dans une salle de cinéma, mais que cela signifie de le voir dans une salle merdique avec un écran minuscule et des enceintes qui grésillent, c’est n’importe quoi. Si Netflix fait fermer cette salle, ça ne me dérange pas du tout. » – David Fincher

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        • LBSSO // 16.11.2018 à 14h10

          « Posez-vous cette question : pourquoi des cinéastes comme Scorsese ou les frères Cohen se tournent désormais vers Netflix ? »

          Parce que tout simplement , ils gagneront plus d’argent.
          (voir un de mes commentaires sur la chasse aux talents)

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          • Sebcbi1 // 16.11.2018 à 15h13

            « Parce que tout simplement , ils gagneront plus d’argent. »

            Je laisserais la parole à Bertrand Tavernier sur le sujet (Alfonso Cuaron et son film ROMA, produit par Netflix) :
            « Si les studios et les diffuseurs étaient plus intelligents, plus combatifs, plus ouverts, il n’aurait pas à le faire ! Le problème, c’est que son film a été refusé par tous les studios d’Hollywood. Et que Netflix accepte un film en espagnol, en noir et blanc, autobiographique, sans vedette, qui finit par obtenir le Lion d’Or à Venise. C’est une décision qui témoigne de la lâcheté et de l’étroitesse d’esprit du système. Un témoignage sur le fait que les studios américains ne veulent plus faire que du Marvel et du super-héros, que des trucs pour les enfants entre 6 et 11 ans. Moi, s’il le fallait, j’irais m’adresser à Netflix. Je n’arrive pas du tout à monter mon nouveau film, ni Pathé ni Gaumont n’en veulent, on se fait lourder comme à l’époque de L’Horloger de Saint-Paul ! Mais Cuarón a obtenu quelque chose de très important : que son film soit distribué en salles. Donc, petit à petit, on va grignoter ça. »

            Et toujours Tavernier, mais sur Scorsese qui tourne pour Netflix :
            « Ah mais ça pose des problèmes, je ne dis pas le contraire ! Mais regardez Scorsese : ses films coûtent très cher, alors quoi ? Il va arrêter de tourner ? Non, il va faire son film et il va arracher lui aussi le fait qu’il soit montré en salles. Scorsese n’abandonnera jamais là-dessus. Netflix va devoir mettre de l’eau dans son vin. Il y a des metteurs en scène qui s’en foutent d’être distribué en salles. Et d’autres pour qui c’est important. Ce que vise Scorsese, en fait, c’est le type d’exploitation qu’il a parfois sur certains de ses autres films qui ne sont pas produits par Netflix. C’est-à-dire 3 à 4 semaines, dans une poignée de salles, et puis voilà. Ça, il l’obtiendra. Et Netflix aura tout intérêt à lui accorder, parce qu’il y aura toujours une frange du public qui n’ira pas sur Netflix et continuera à aller voir ces films en salles. Autant ne pas perdre ce public. »

            AMHA, c’est légèrement (un tout petit peu) plus compliqué que « c’est parce qu’il gagnera plus d’argent ».

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    • Laurent Dauré // 16.11.2018 à 15h41

      Matthew Alford aborde la question de la distribution dans « Hollywood propaganda ». Cela dit, je ne vois pas bien où se situe l’incohérence dont vous parlez, la production et la distribution étant deux pôles étroitement liés, économiquement, industriellement et idéologiquement.

      Par ailleurs, il me paraît hautement contestable d’affirmer qu’il n’y a pas de problème majeur du côté de la production et que la pluralité de l’offre actuelle est satisfaisante. En effet, sur les questions de politique étrangère, de relations internationales et de guerre, le spectre en matière de fictions est relativement restreint. Une fois qu’on a vu « La Chute du Faucon noir » de Ridley Scott, où trouver d’autres films – avec si possible un point de vue différent… – sur l’opération Restore Hope en Somalie ? À part « 13 Hours » de Michael Bay, y a-t-il des longs-métrages qui traitent de la guerre en Libye ? « Argo » de Ben Affleck a-t-il fait l’objet d’un « contre-film » rétablissant la vérité sur les faits relatés ? Etc., etc.

      Sur la guerre en Irak, toujours dans le domaine de la fiction, existe-t-il vraiment « des films de tous ordres et origines [qui] sont produits » ? Les œuvres réellement critiques se comptent sur les doigts d’une main (à laquelle il manquerait quelques doigts). Il est vrai que « Redacted » de Brian De Palma a justement été massacré à la distribution outre-Atlantique (il n’a été projeté que dans quinze salles sur tout le territoire), mais aussi dans la couverture médiatique dominante.

      Je reproduis ici un passage de mon article : « Les facteurs matériels sont […] déterminants. À part les États-Unis, quel autre pays a les moyens de faire autant de reconstitutions historiques de grande ampleur, en particulier des films de guerre, a fortiori quand ceux-ci nécessitent l’emploi de… matériel militaire made in USA ? »

      Bref, pluralité n’est pas nécessairement diversité. Il y a certes un gros problème au niveau de la distribution mais il n’est ni surdéterminant, ni indépendant de ce qui se passe en amont. C’est pourquoi il faut aussi – et même surtout – critiquer la production au sens large.

      N’hésitez pas à exposer les autres « contradictions » que vous avez en tête, je me ferai un plaisir d’en débattre avec vous.

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    • Jean // 17.11.2018 à 06h39

      => Il y a une incohérence à citer comme exemple de propagande la longue distribution de certaines daubes et la distribution très confidentielle de films progressistes pour à la fin proposer une reprise en main de la production qui devrai être “plus libre”.
      Le problème n’est pas la production (pas plus aux Etats Unis qu’en France) puisque des films de tous ordres et origines sont produits.

      Ce n’est pas incohérent puisque la maitrise de la distribution et de la production sont une nécessité pour tous les médias qui se veulent non soumis à la rhétorique du pouvoir dominant. Les journalistes peuvent bien être de gauche par exemple mais c’est toujours celui qui paye qui décidera ce qui est imprimé dans le journal qui lui appartient. La production d’une autre version de l’Histoire est aujourd’hui possible grâce au financement participatif et c’est, à mon avis, ce à quoi l’auteur fait allusion.

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      • Alfred // 18.11.2018 à 00h08

        Vous n’y êtes pas. Vous parlez conceptuellement. Mais c’est ce n’est pas ça. En vrai il est presque facile et relativement peu coûteux de lancer un journal (ai essayé il y a 15 ans environ). Ce qui est très compliqué et dans la pratique insurmontable (en fait très simple car totalement verouillé) c’est la distribution. Soit vous êtes totalement hors système et c’est très cher (sauf bénévolat et très petite diffusion très locale (les de uts de Fakir). Soit vous êtes dans le système et il vous faut à la fois une énorme trésorerie et accepter de ne pas avoir prise sur nombre de paramètres capitaux.
        Pareil pour le ciné. Il se fait régulièrement des films de bric et de bric avec trois fois rien qui valent largement les sempiternelles daubes du cinéma français qui se regarde le nombril. Le problème la encore est le verrouillage quasi intégral de la distribution. Vous pouvez produire « hors système » . Pas distribuer. Du moins pas plus loin qu’un petit circuit de festivals. C’est mort.

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        • Jean // 18.11.2018 à 02h55

          => En vrai il est presque facile et relativement peu coûteux de lancer un journal.

          Un journal confidentiel oui, mais nous parlons ici de médias qui ont pour vocation d’influencer la société dans son ensemble, comme le font les productions hollywoodiennes.

          => Ce qui est très compliqué et dans la pratique insurmontable (en fait très simple car totalement verouillé) c’est la distribution.

          Internet peut modifier ce qui été vrai jusqu’ici. Reste le problème de la publicité et les réseaux de la dissidence doivent être efficaces pour y remédier.

          => Vous pouvez produire “hors système” . Pas distribuer. Du moins pas plus loin qu’un petit circuit de festivals. C’est mort.

          Je crois que dans le domaine de la création des médias nous sommes aussi à la croisé des chemins. Les youtubeurs, qui dépendent encore malheureusement des outils du système, réalisent des vidéos qui totalisent plusieurs millions de vus. Le financement participatif permet à des musiciens, des cinéastes, des concepteurs de jeux de produire et de distribuer leurs créations sans passer par les circuits traditionnels. Beaucoup reste à inventer mais je suis persuadé que nous avons l’opportunité historique de nous affranchir de la main mise du grand capital sur l’information et la création, même si cela ne se fera pas sans combats comme celui qui reste à mener contre la directive sur le droit d’auteur de l’UE. Les jeunes générations ne s’y trompe pas en choisissant les nouveaux médias du web de préférence à la télévision. Et nous même qui sommes ici, plutôt que dans notre fauteuil à lire le journal, nous avons fait le plus dur en choisissant de modifier nos habitudes et je pense que nous sommes les précurseurs d’un mouvement de fond, qui terrorise ceux qui jusqu’ici pouvaient nous imposer leur version de l’Histoire.

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  • DocteurGrois // 16.11.2018 à 10h27

    +1 pour Michael Parenti, mais ce texte laisserait penser qu’Hollywood ne fait qu’adhérer ou se soumettre aux narratifs des diverses agences d’État (Armées, CIA, FBI, etc), or Hollywood collabore activement et directement avec ces agences.

    Pour tout film qui touche de près ou de loin l’armée, l’espionnage, ou le crime organisé, rares sont les producteurs qui ne vont pas demander le soutien des agences correspondantes qui on toutes un service de relations publiques dédié, car les avantages ne sont pas négligeables. Par exemple, l’équipe sera autorisée à filmer dans le hall d’entrée de la CIA ou sur un navire militaire, ou bien des armements et véhicules militaires récents ou d’époque seront mis à disposition, etc.

    En échange, l’agence exige un droit de regard sur le script et se réserve le droit de supprimer ou de modifier ce qu’elle veut… Et l’écrasante majorité s’en arrange très bien.

    Je conseille vivement le blog/podcast Spy Culture de Tom Secker, qui est une mine d’or. Il a aussi collaboré sur le livre National Security Cinema avec l’auteur de Hollywood Propaganda ci-dessus. (https://www.spyculture.com)

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    • Laurent Dauré // 16.11.2018 à 15h47

      Il ne faut pas oublier que le texte de Michael Parenti est un avant-propos à « Hollywood propaganda », qui aborde les aspects que vous mentionnez, mais certes pas autant que « National Security Cinema » d’Alford et Secker.

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    • Jean // 17.11.2018 à 06h54

      => +1 pour Michael Parenti, mais ce texte laisserait penser qu’Hollywood ne fait qu’adhérer ou se soumettre aux narratifs des diverses agences d’État (Armées, CIA, FBI, etc), or Hollywood collabore activement et directement avec ces agences.

      Il suffit de ce rappeler de ce que notre Histoire récente nous raconte pour se faire une idée de ce que collaboration peut signifier. Personnellement je préfère voir un film dans lequel le hall de la CIA n’apparait pas mais qui me raconte les véritables agissements de l’Agence. Ce ne devrait pas être un film trop difficile à faire puisque le scénario est déjà écrit par les documents déclassifiés par l’administration américaine.

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  • BernArd // 16.11.2018 à 11h00

    Ce qui est indiqué dans le reportage, que je n’ai pas visionné… m’étonne guère !
    J’en fais régulièrement la remarque, tant sur les films, que les séries qui sont anglophones !
    tout simplement…
    Les anglophones veulent tout simplement nous envahir, par leur culture « à la noix », en nous assommant de leurs turpitudes… les Français sont des bouffeurs de baguettes et de saucissons… et ils sont péteux… mais nous, les barbares… sommes là pour sauver le monde… du moins, leur monde, tel qu’ils voudraient qu’il soit… !
    Je fais certes, un résumé, mais dans les grandes lignes, c’est leur « volonté »…
    Aussi, lorsque je visionne un film ou série ‘barbare », j’ai en permanence mon esprit critique, qui relève « tout » ce qui cloche… indépendamment des inepties des scénarios 🙁
    Belles journées Ensoleillées à Toutes et Tous 🙂

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  • christiangedeon // 16.11.2018 à 12h09

    Tout est vrai. Juste deux remarques. Hollywood travaille d’abord pour le marché intérieur US,dont le niveau est,comment dire,un peu bas du front. Sauf sur les deux côtes,et encore.Ensuite,personne n’est obligé d’aller voir des blockbusters…çà s’appelle choisir.

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    • LBSSO // 16.11.2018 à 14h00

      Vous avez raison , à nous de choisir tant qu’on le peut encore.
      Sur la stratégie des « Majors américaines » : elles sont de plus en plus dans une logique d’intégration verticale : » chaque studio veut sa plateforme de streaming pour maîtriser à la fois la production, la diffusion et la distribution dans le temps de SES programmes « . Elle n’est plus uniquement géographique.On assèche les programmes des concurrents (en particulier ceux des nouveaux entrants du net) et empile les marges.
      Le consommateur risque donc d’être obligé de souscrire à plusieurs plateformes pour regarder des films ou séries issus de différentes productions d’où guerre des prix –> concentration –> monopole –> choix ?

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  • pascontent // 16.11.2018 à 12h21

    « Alford conclut ce livre par un appel dont nous devrions tous tenir compte, un appel en faveur d’un système de propriété et de production plus libre, moins concentré, dans lequel les cinéastes créeraient des récits novateurs et captivants ».

    Ma fois, au delà des considérations de géopolitique, et dans la mesure où le cinéma est un art, je demande que cet appel soit lancé en urgence d’abord vers le milieu du cinéma français sclérosé et poseur plutôt que vers celui américain vivant et audacieux.

    Car ce dernier a su ces dernières années créer au travers de gens comme Lynch Burton VanSant Cronenberg FrèresCohen Soderbergh Tarantino Eastwood Shyamalan DelTorolemexicain, … bien des récits novateurs et captivants, et des films artistiquement brillants.

    Je ne vois de mon point de vue rien de novateur, de captivant, d’artistiquement brillant par contre dans ce qu’a « créé » le cinéma français ces dernières années à travers ses « étoiles » que seraient les Klapisch Desplechin Podalydès Besson Ozon, …

    Merci aux américains de continuer à créer du cinéma, eux, au delà de leurs travers donc.

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    • DocteurGrodois // 16.11.2018 à 13h56

      Le problème en France provient surtout des financements. A quelques exceptions près, avec les financements publics on a droit aux films qu’aiment les critiques des Cahiers du Cinéma ou à des copié-collé de comédies dramatiques à titre rouge sur fond blanc. Et avec les financements privés on veut garantir un retour sur investissement minimum, donc ça sera la n-ième photocopie de photocopie du même film de Jeunet, de Besson, ou pire.

      De même, la science-fiction et la fantasy c’est vulgaire, l’Histoire c’est démodé depuis 1995, et la guerre c’est pas bien à moins que les Français y soient les méchants, les perdants, poètes, philosophes, déprimés, ou déserteurs.

      Du coup, on a pas vraiment besoin de propagande ni de censure, puisque tout ce qui dévie a très peu de chances de voir le jour faute de financement.

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      • pascontent // 16.11.2018 à 17h25

        « Le problème en France provient surtout des financements. »
        J’ai bien peur que le problème soit systémique pour expliquer fadeur, académisme, suffisance et entre soi, et absence de créativité du cinéma français depuis pas mal d’années.
        A mon avis au minimum le triptyque Femis CNC MinistèreCulture a des effets redoutables.
        A la fois en favorisant pro-activement les quelques « qualités » que je viens d’énumérer ainsi que quelques aspects des choses que vous relevez, et aussi en permettant à coups de subventions une fausse « création » cinématographique donnant illusion de « cinéma » à coups de marketing et passages media.
        Bref, tout un modèle stérilisant et formatant à l’oeuvre qui dépasse le seul cas du problème du financement pour toucher à d’autres rouages mortifères du triste milieu du cinéma français.

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  • Denis Monod-Broca // 17.11.2018 à 17h20

    Les films d’action américains, pas seulement eux mais c’est particulièrement flagrant dans leur cas, montrent des Bons combattant des Méchants. Evidemment.
    A la fin, les Bons gagnent. Evidemment.
    Comment font-ils ?
    Ils sont plus rusés et plus intelligents, évidemment, mais ils sont aussi et surtout, il le faut bien, plus méchants que le Méchants.
    Mais le filon est bon, les spectateurs aiment ça, cette contradiction – ce mensonge – n’empêche pas le succès de tels films.
    Eh oui, il s’agit bien de prosélytisme, de prosélytisme en faveur d’une croyance fallacieuse : pour vaincre les Méchants il faut être plus méchant qu’eux, pour vaincre la violence il faut user d’un surcroît de violence.
    Ainsi vont les USA, ainsi va le monde, et il y a lieu de s’inquiéter.

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  • Pierre // 17.11.2018 à 19h52

    Bonjour à tous,
    pour ceux qui veulent approfondir ce sujet, les traductions françaises de 3 articles US

    La CIA à Hollywood
    Cet article est la traduction de l’introduction de The CIA in Hollywood, par Tricia Jenkins, professeur à la Texas Christian University.

    http://triangle.eklablog.com/la-cia-a-hollywood-a126350000

    et

    Le Pentagone à Hollywood

    Traduction de deux articles publiés par Tom Secker sur le site Spy Culture : 7 Years of Reports from the Marine Corps Entertainment Liaison Office, suivi de The DOD’s Full Spectrum Dominance of the Entertainment Industry.

    http://triangle.eklablog.com/le-pentagone-a-hollywood-a127119610

    Bonne (enfin façon de parler) lecture

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