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25.février.201625.2.2016 // Les Crises

Poutine contre l’Europe, par George Soros

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Bel exemple de propagande… Il est intéressant de voir ce que ces gens ont dans la tête.

Source : Project Syndicate, George Soros, 10-02-2016

MUNICH – Les dirigeants américains et européens font une grave erreur s’ils croient que Poutine est un allié potentiel dans la lutte contre l’Etat islamique (EI). Les faits le démentent. Poutine veut maintenant encourager la désintégration de l’UE et il considère que le meilleur moyen pour cela est d’inonder l’Europe sous un flot de réfugiés syriens.

Ils ont quand même extraordinaires. L’Occident a décidé de déstabiliser la Syrie pour virer Assad, mais c’est la faute de Poutine si les Syriens fuient maintenant…

Les avions russes ont bombardé la population civile du sud du pays pour contraindre les habitants à fuir vers la Jordanie et le Liban. Quelques 20 000 réfugiés syriens campent aujourd’hui dans le désert dans l’attente d’être admis en Jordanie. Un plus petit nombre attend d’entrer au Liban, mais les deux groupes grossissent de jour en jour.

La Russie a également lancé une attaque aérienne de grande envergure contre les civils au nord de la Syrie, ce qui a entraîné la fuite de 70 000 civils vers la Turquie. Cet épisode a été suivi d’une attaque au sol des forces de Bachar Al-Assad, le président syrien, contre Alep (une ville qui comptait 2 millions d’habitants), ce qui pourrait aussi conduire à des départs massifs.

Les réfugiés syriens ne s’arrêteront peut-être pas en Turquie. La chancelière Angela Merkel s’est rendue à Ankara le 9 février pour prendre des décisions d’urgence avec le gouvernement turc afin d’inciter ceux déjà sur place à prolonger leur présence en Turquie. Elle a proposé le transfert de 200 000 à 300 000 réfugiés par voie aérienne en Europe à condition que la Turquie les empêche de rejoindre la Grèce et les réadmette s’ils y réussissaient.

Le président russe est un habile tacticien, mais pas un très bon stratège. Son intervention est une erreur, car elle l’a entraîné dans un conflit avec le président turc Erdogan, contraire à la fois aux intérêts de leurs deux pays.

Il n’y a aucune raison de croire que Poutine est intervenu en Syrie pour aggraver la crise des réfugiés en Europe. Mais quand il y a vu l’occasion de précipiter la désintégration de l’UE, il n’a pas hésité. Il a camouflé son objectif en parlant de coopération dans la lutte contre un ennemi commune, l’EI. Il a fait la même chose avec l’Ukraine : il a signé l’accord de Minsk, pour ensuite ne pas l’appliquer.

Il est difficile de comprendre pourquoi les dirigeants américains et européens font confiance à Poutine plutôt que de le juger sur ses actes. La seule explication est qu’ils cherchent à rassurer leur opinion publique en affichant un excès d’optimisme. Le fait est que la Russie de Poutine et l’UE sont engagé dans une course contre la montre : la question est de savoir qui va s’effondrer en premier.

Moi je sais, moi je sais, moi, je sais… 🙂

Une grande partie de la dette étrangère russe arrivant à maturité en 2017, Poutine sera confronté au risque de faillite, mais on ne peut exclure des troubles politiques avant cette échéance.

La dette de 20 % du PIB ?

La popularité du président russe est encore élevée, mais elle repose sur un contrat social qui suppose que le gouvernement veille à la stabilité financière et assure une augmentation lente mais régulière du niveau de vie. Or le régime est appelé à échouer sur ces deux fronts en raison de la concomitance des sanctions occidentales et de la chute du prix du pétrole.

Le déficit budgétaire de la Russie s’élève à 7% de son PIB et le gouvernement doit le ramener à 3% afin d’éviter une inflation hors contrôle. La sécurité sociale russe est à cours d’argent et pour la sauver, son budget doit être fusionné avec celui consacré aux infrastructures publiques. Tout cela va porter atteinte au niveau de vie et déteindre sur l’opinion des électeurs avant les élections législatives qui auront lieu en automne.

Pour Poutine, le moyen le plus efficace d’éviter l’effondrement est de provoquer auparavant celui de l’UE.

Y-a-t-il un psychiatre parmi vous, amis lecteurs ?

Etant donné les difficultés dans laquelle cette dernière est engluée, elle ne pourra maintenir les sanctions imposées à la Russie après son incursion Ukraine. Sur le plan économique, Poutine sera gagnant s’il parvient à diviser l’Europe en exploitant les intérêts commerciaux et les liens qu’il a soigneusement entretenus avec les partis anti-européens.

Aujourd’hui l’UE est sur la voie de la désintégration. Depuis la crise financière de 2008 et les plans de secours ultérieurs en faveur de la Grèce, elle a appris à se débrouiller tant bien que mal pour passer d’une crise à l’autre sans trop de dommages. Mais elle est confrontée aujourd’hui à 5, voire 6 crises simultanément, ce qui est sans doute trop. Ainsi que Merkel l’a prévu, la crise des réfugiés peut faire éclater l’UE.

Quand un pays ou un ensemble de pays est confronté à un danger mortel, il est préférable pour ses dirigeants de faire face à la réalité, aussi dure soit-elle, plutôt que de l’ignorer. Une course à la survie oppose l’UE à la Russie de Poutine. L’EI constitue une menace tant pour l’une que pour l’autre, mais il ne faut pas la surestimer. Les actes des terroristes jihadistes, aussi terrifiants soient-ils, ne se comparent pas avec la menace russe.

L’EI (et Al Qaïda auparavant) ont identifié le talon d’Achille de la civilisation occidentale – la peur de la mort – et il a appris à l’exploiter. En réveillant l’islamophobie latente de l’Occident et en attisant la méfiance de l’opinion publique et des autorités à l’égard des musulmans, l’Etat islamique espère convaincre les jeunes musulmans qu’il n’y a aucune alternative au terrorisme. Une fois que l’on a compris cette stratégie, l’antidote est simple : ne pas se comporter comme l’ennemi le voudrait.

La menace émanant de la Russie de Poutine sera plus difficile à contrer. Et elle le sera d’autant plus si l’on n’en a pas conscience.

Et encore plus si elle n’existe pas, hein…

(non mais la Russie plus grave menace que Daech, il faut le faire…)

Traduit de l’anglais par Patrice Horovitz

Source : Project Syndicate, George Soros, 10-02-2016

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Commentaire recommandé

FracoisG // 25.02.2016 à 04h14

Zieg Heil.

Digne de la grande époque.

Discours de haine.
Discours de propagande.
Discours de guerre.

110 réactions et commentaires - Page 2

  • Cédric // 25.02.2016 à 21h39

    Sorros ennemi public n°1.

    Nous danserons et boirons du champagne quand Satan l’accueillera …

      +0

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  • Inox // 25.02.2016 à 22h00

    Des propos dignes du maccarthysme d’antan. Une sorte de névrose qui ressurgit à chaque fois que leur business plan mondial ne se passe pas comme prévu.

    Ce qui est extraordinaire avec ces gens là, qui prônent « le bien, la liberté et la démocratie »™®, est leur aptitude à devenir pire que le mal quand ils se sentent menacés.

    Il n’y a plus qu’à espérer qu’ils ne pètent pas tous un plomb.

      +1

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  • CrimalSoros // 25.02.2016 à 22h02

    Un Mandat international contre G. Soros plusieurs pays non alignés le considère comme un haut criminel, fiché interpole.

      +1

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  • Max // 25.02.2016 à 22h09

    C’est triste pour Sorros, Kissinger, Brezezinski , Mc-Cain, BHL et les autres, rien ne s’est passé comme prévue.
    Ils doivent se repasser en boucle le film, ou les USA gagnent toujours et ne ils comprennent pas que la réalité ne se calque pas sur le scenario.
    Ils ont provoqué les crises des refugiés et en accusent la Russie.
    Ils refusent d’admettre officiellement que si les refugies se déversent dans l’UE c’est simplement que le Liban, la Jordanie et maintenant la Turquie débordent de refugiés et que tout a commencé dans les années 1947.
    Ce sera pire quand les refugiés climatiques commenceront leurs longs périples.
    Sur les conflits, tous ceux qui s’informent savent que les USA, depuis des 10enes d’années, sont en guerres permanentes, c’est même une spécialité des USA et maintenant de l’UE.
    D’ailleurs les deux candidats antisystème aux USA, surtout Sanders en ont fait la démonstration flagrante et le candidat Bush, plombé par son nom malgré 135 millions de $ dépensé a été balayé.
    Ils ont fortement dégradé leurs pays et ils ne peuvent plus arrêter cette dégradation et en rendre la Russie responsable ne résoudra pas cette descente de plus en plus raide.

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  • A(r)gentwell // 25.02.2016 à 22h59

    Témoignage d’un Georges sur un autre :
    https://www.youtube.com/watch?v=zMALuEYxK6U

    C’est bluffant de relever la double pensée du système en ce qui concerne les conspirations, d’un côté on amalgame les conspirations fantaisistes (du genre « On a pas marché sur la lune ») avec celles qui dérange, les premières permettant de balayer les secondes d’un revers de la main, et d’un autre côté on a jamais autant vendu de conspirations inexistantes en les présentant comme des faits, en premier lieu sur la Russie.

    A relire l’article de Lordon :
    http://blog.mondediplo.net/2012-08-24-Conspirationnisme-la-paille-et-la-poutre

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  • Catherine // 25.02.2016 à 23h13

    Il y a une forme de dépit dans les propos de Soros.
    « Ils » sont tombé sur un os avec Poutine. « Leur » plan bat de l’aile et les choses ne seront pas aussi aisés que ce qu’elle avaient pu l’être dans les décennies de conquêtes précédentes.
    Poutine a bien vu venir les choses. Il n’est pas dupe et il le dit sans fard. On ne fait plus semblant de ne pas voir.
    Les méthodes cyniques, louvoyantes, hypocrites, corruptrices, mensongères commencent à être démasquées.

    C’est une lutte à mort.La Russie cherche à conserver conserve son âme et les Russes veulent rester russes à leur manière.

    Relisez les propos de Vladimir dans on discours devant la grande assemblée à l’occasion du retour de la Crimée dans la Russie :

    « Evidemment, nous rencontrerons une opposition externe, mais c’est une décision que nous devons prendre pour nous-mêmes.
    Sommes-nous prêts à défendre systématiquement nos intérêts nationaux, ou bien allons-nous toujours céder, nous retirer Dieu sait où ?
    Certains politiciens occidentaux nous menacent déjà non seulement de sanctions, mais aussi de la perspective de problèmes de plus en plus graves sur le plan intérieur.
    Je voudrais savoir ce qu’ils ont précisément à l’esprit : des actions par une cinquième colonne, ce groupe disparate de « traîtres à la nation » ?
    Ou bien ont-ils l’espoir de nous mettre dans une situation sociale et économique qui se dégrade de manière à provoquer le mécontentement populaire ?
    Nous considérons de telles déclarations comme irresponsables et clairement agressives dans leur ton, et nous allons y répondre en conséquence.

      +1

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  • Silk // 25.02.2016 à 23h26

    faudrait vérifier et traduire la source indiquée ça pourrait être intéressant si c’est avéré.

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  • Philippe // 26.02.2016 à 00h04

    C’est du Soros, le spéculateur sans scrupule malgré sa volonté de se vendre comme un philanthrope. Avec ça, tout est dit…

      +1

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  • Scorpionbleu // 26.02.2016 à 00h20

    « Vieux, usé, milliardaire et méchant » ce Soros ! Ras le bol de ces litanies haineuses.

    Je vous conseille plutôt le lire le jeune écrivain politique Zakhar Prilépine, par exemple son dernier
    livre : « De Gauche, jeune et méchant », son énergie, ses analyses nous donne un bol d’air…

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  • DvD // 26.02.2016 à 06h18

    La ruine de l’Europe de l’Est, au premier rang la Russie, du fait du communisme a déjà coûté très cher à l’Europe de l’Ouest en termes de dépenses militaires, de défauts sur la dette, d’échanges commerciaux potentiels non concrétisés avec ses voisins devenus misérables, d’aides en tous genres après la chute du communisme et de financement de la réunification avec l’Allemagne de l’Est dans un état de délabrement avancé.

    Tous ces coûts énormes, l’Europe de l’Ouest les a d’ores et déjà subi. Elle s’en est trouvé affaiblie, bien sûr, mais pas détruite.

    Pour ce qui est de détruire l’Union Européenne, les dirigeants de l’UE s’en chargent très bien eux-mêmes. Cela ne peut d’ailleurs pas échapper à Georges Soros car l’UE le fait en renonçant à tous les principes de « société ouverte » qui ont fait la prospérité et la liberté de l’Occident.

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  • SanKuKai // 26.02.2016 à 11h36

    Donc, d’après G.Soros, V. Poutine serait en train d’oeuvrer à la destruction de l’Union Européenne.
    Supposons qu’il dise vrai.
    A moins d’être parmis les 1%, c’est encore une raison supplémentaire de le soutenir. 🙂

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  • lon // 26.02.2016 à 20h52

    Soros…quand je vois sa tête de vieux vautour..
    La propagande anti Poutine atteint des sommets , les russes responsables de l’afflux des réfugiés ! Les premiers responsables sont bien sûr les turcs, qui les utilisent comme monnaie d’échange avec l’UE . Poutine veut  » inonder » l’Europe sous le  » flot  » de réfugiés ? On dirait du discours d’extrême droite la plus rassie , venant de Soros ça prouve bien qu’ils sont prêts à dire n’importe quoi .
    Ensuite l’UE a largement les moyens d’accueillir quelques millions de réfugiés syriens sans pour autant se désintégrer, et elle devrait le faire , il suffit que la volonté politique soit là, mais la volonté politique en Europe ils ne savent plus ce que c’est , ils ne connaissent que les contingences comptables du  » marché » .  » Si des pays comme la Hongrie la Macédoine ou la Grêce renaclent ce n’est pas par racisme mais plutôt qu’ils considèrent qu’ils n’ont pas à payer pour les conneries proche-orientales des allemands et des français . A ce propos , où en est l’accueil des réfugiés en France , à part les beaux discours ?
    Il y a des gens aux commandes de l’empire des deux côtés de l’atlantique qui ne veulent pas que les européens envisagent une seule seconde ce qu’est la vocation culturellement naturelle et géographiquement logique de la construction européenne , qui est de s’allier à la Russie, de Lisbonne à Vladivostok . On préfère des « cousins  » à 6000 kms séparés par un océan . J’arrive pas à comprendre ça .

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  • HELLEBORA // 28.02.2016 à 03h35

    Et voilà : Orban accuse réception des menaces de l’UE… et s’en contrefiche ouvertement – c’est CA qui les agace 🙂 ! http://www.breitbart.com/london/2016/02/27/eu-commission-slaps-down-hungary-for-daring-to-hold-referendum/

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