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11.octobre.201211.10.2012 // par Olivier Berruyer

[TSCG] Contre la dette publique, Contre le TSCG, Pour une autre Europe – confédérale !

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Allez, un billet de fond aujourd’hui…

I. Contre la dette publique

À quoi revient finalement la dette publique ? A ce que l’État emprunte une partie de l’épargne des plus aisés contre rémunération – au lieu de la prendre sous forme d’impôts… Les intérêts à verser sont donc un impôt à l’envers, qui prend de 1 à 3 % du revenu des 90 % les plus pauvres pour les transférer aux plus aisés. Que personne en s’interroge sur la stupidité d’avoir réussi à endetter à outrance la puissance qui lève l’impôt, me stupéfie…

Karl Marx : « La dette publique, en d’autres termes l’aliénation de l’État, qu’il soit despotique, constitutionnel ou républicain, marque de son empreinte l’ère capitaliste. La seule partie de la soi-disant richesse nationale qui entre réellement dans la possession collective des peuples modernes, c’est leur dette publique. […]. Le crédit public, voilà le credo du capital. » [Karl Marx, Le Capital, 1867]

Étrange raisonnement que de considérer d’ailleurs qu’il faille financer de pseudo investissements (Aéroports à quelques années du pic pétrolier ? Avions rafale ? Baisse de TVA dans la restauration ? Baisse de 3 centimes du litre d’essence ? Ronds-points ? etc.) par de la dette, en raison d’hypothétiques « retours sur investissements futurs », le retour minable des 2 000 Md€ de dette publique démontrant l’inanité de la proposition. Personne ne soutient jamais que les 13 000 Md€ de patrimoine du pays permettent de financer de nombreux investissements, qui, s’ils étaient rentables, laisseraient plutôt un excédent aux générations futures. Mais la règle est « Surtout, ne touchez pas à mon épargne, après moi, le déluge ».

Joseph Stiglitz : « Les États-Unis devraient épargner pour la génération du baby-boom, pas emprunter. » [Joseph Stiglitz, Le Triomphe de la Cupidité, 2010]

Comme souvent, la réalité est niée, avec le bon vieux « Cette fois c’est différent, nous sommes plus intelligents que nos ancêtres ». Deux siècles d’abus permanents démagogiques des élus démontrent le caractère indispensable d’une règle d’or budgétaire, interdisant la dette publique hors récession, avec obligation de la rembourser dès la fin de la récession après une indispensable intervention publique de soutien.

John Kenneth Galbraith : « Il faut comprendre qu’il existe un décalage permanent entre les idées admises […] et la réalité. Et au bout du compte, on ne s’en étonnera pas, c’est la réalité qui compte. » [John Kenneth Galbraith, Les mensonges de l’économie, 2002]

On crie au crime contre le keynésianisme, plutôt que dénoncer le crétinisme consistant à faire de la dette quand ça va mal et de la dette quand ça va bien.

John Maynard Keynes en 1944 : « J’étais le seul non-keynésien présent à cette réunion ».

On pourrait également espérer que les « thuriféraires de la dette publique » de gauche verraient la réalité, qui a consisté à ce que les néoconservateurs fassent exploser les dettes publiques, pour ensuite s’en servir de prétexte pour démanteler l’État, les services publics et les acquis sociaux. Et, comme ils aiment l’État, ils pourraient en tirer la conclusion que, quand on aime une structure, on la préfère en saine situation financière pour en assurer la pérennité. Mais non.

Jean-Claude Guillebaud : « On se réapproprie une croyance, disons une façon de raisonner, qui fait partie elle aussi de l’héritage communiste : l’indifférence à l’égard des faits, la capacité de résister aux leçons du réel, la manière impavide avec laquelle on affirme des choses que les réalités « têtues » ne cessent de démentir. » [Jean-Claude Guillebaud, La Force de conviction, 2005]

Plus largement, nous soutenons enfin le caractère antidémocratique de la dette publique, car elle revient à ce que les représentants élus d’une génération se mettent d’accord pour endetter la génération suivante – personne ne représentant les intérêts de cette dernière, évidemment. Comme nous laissons à la suivante une énorme dette écologique, il aurait été logique de leur laisser des excédents, et non pas des dettes. Alors oui, il est indispensable de lier les mains des élus, comme on lie les mains des fous irresponsables.

George Washington en 1789 : « Aucune génération n’a le droit de contracter des dettes qui ne pourront pas être remboursées durant sa propre existence. »

Charles De Gaulle : « Il est fâcheux de légaliser un supplément de déficit. […] Tout le monde doit s’apercevoir qu’un jour, il faut payer. […] Le budget [1965] doit être équilibré ! […] L’État doit veiller aux équilibres ; à plus forte raison, il ne doit pas lui-même mettre en danger l’équilibre par sa propre masse. [Interdire le déficit par la loi ?] Pourquoi pas ? Dans les anciens budgets, il n’y avait pas [de déficit]. Un budget de stabilité, […] il faut que ça devienne la règle. […] Ce qui fait que, pour les jeunes, c’est-à-dire pour l’avenir, c’est énorme, c’est révolutionnaire ! » [Charles De Gaulle, cité par Alain Peyrefitte, C’était De Gaulle]

II. Contre le TSCG

L’argument sera relativement simple pour expliquer qu’il faille refuser violemment le TSCG.

Si l’idée de base semble bonne, conformément à l’argumentaire précédent, la finalité ne l’est nullement. S’il faut refuser ce traité, c’est pour une raison bien simple : il est plus que probable qu’il soit tout à fait impossible de le respecter, même avec la meilleure « volonté austéritaire » du monde. Ce n’est qu’une tentative désespérée visant à protéger l’épargne des 10 % les plus aisés, pourtant inévitablement condamnée pour des raisons purement comptables.

Comme c’est logiquement prévisible, et comme on le voit en Grèce, en Angleterre en Espagne, en Italie, au Portugal, etc., l’austérité ne marche tout simplement pas. C’est trop tard, les dettes sont trop grosses, les économies trop faibles. Il fallait le faire dans les années 1990. Là, plus d’austérité, ce sera plus de troubles sociaux, plus de récession, et donc plus de déficit, et donc plus de défiance des prêteurs, donc des taux d’intérêts plus élevés, donc plus de charge d’intérêts, donc plus de déficit au final. Game over.

Joseph Stiglitz : « Certains pensent que l’austérité est le prix à payer, un mal passager mais nécessaire. Mais non – l’austérité mène au désastre. Elle ne fait que retarder la solution des problèmes. Les économies seront plus faibles, les rentrées fiscales aussi, et le chômage sera plus élevé. […] C’est intenable. […] En fait, par les tensions qu’elle génère, l’austérité est une menace pour les démocraties. » [Joseph Stiglitz, Marianne, janvier 2011]

Certains soutiendront que cela ne sera pas grave, qu’on ne respectera pas plus le TSCG que les critères de Maastricht. Voire. On peut aussi juger criminel de donner la parole de la France au peuple allemand, sachant qu’on ne la tiendra pas. Peut-être, en effet, que cela ne sera pas grave, comme en 2002. Peut-être que cela le sera. C’est finalement comme à la roulette russe : en moyenne, on gagne 5 fois sur 6… L’Histoire devrait pourtant nous conduire à faire très attention, et à ne pas jouer avec la confiance entre les peuples.

Ceci étant, et très cyniquement, accepter le TSCG pour ne pas l’appliquer pourrait aussi se révéler être une façon d’accélérer l’inévitable moment de vérité, cruel, où la vérité se fera jour : fin de l’euro et restructuration des dettes publiques.

III. Pour une autre Europe

Plus généralement, « l’Europe » s’est bâtie sur un véritable esprit de solidarité, hérité de la fin de la guerre – ce fut le temps de la PAC et des politiques d’intervention. Mais depuis les années 1980, le virus néolibéral s’est emparé de l’Europe, et a conduit à un logique rejet de plus en fort des populations – moins aveugles que ses représentants. C’est la réalité. On peut rêver très fort dans sa tête à autre chose, mais nous en sommes là. On nous chante la proximité (mais toujours repoussée…) d’une Europe plus démocratique, plus solidaire – mais ce « lendemain fédéral qui chante » n’arrive jamais – et n’arrivera nullement dans un proche avenir. Il nous faut observer la réalité : il n’y a aucune volonté, aucun acte réel de solidarité approfondie en Europe. Aucune coopération, l’Europe de l’Organisation de Bruxelles, c’est la guerre, économique, permanente. Dumping fiscal, délocalisations, dumping fiscal, lois Hartz, etc.

Il n’y a qu’à voir la façon dont nous traitons la Grèce depuis 2 ans pour se faire une idée de l’idéal européen – nous en sommes à lui demander de travailler 6 jours sur 7 alors que c’est déjà le pays qui travaille le plus en Europe. Les Grecs ne sont pas des rats de laboratoires, des figurants pour la prochaine superproduction libérale « Retour vers les XIXe siècle ». Les aveugles eurobéats objecteront avec raison que la bien-nommée Troïka n’a pas (encore) demandé aux enfants de travailler, mais enfin, la vraie solidarité aurait quand-même consisté à abandonner d’urgence les 200 Md€ de créance que nous avons sur elle – et qu’elle ne remboursera de toute façon jamais. Pour situer, cela couterait quand même la bagatelle d’environ 15 000 € aux 10 % des ménages français les plus aisés (les 3 millions gagnant plus de 60 k€ par an). « Il n’y a qu’à le prendre » chanteront les économistes – la démocratie risque cependant d’y voir quelques difficultés pratiques. Il y a le rêve européen, et il y a la réalité.

Peter Ustinov : « Malheureusement, une surabondance de rêves se paye par une augmentation proportionnelle de cauchemars. »

Bien sûr qu’il nous faut améliorer de nombreuses choses pour bâtir une Europe qui correspondra aux attentes des peuples – démocratie, social, éducation, justice, etc. Mais il faut pour cela détruire le corset néolibéral, et on voit bien que ce n’est pas pour demain. Au moins, ne le serrons pas plus et protégeons nos populations, ce qui quand même l’objectif numéro un. À défaut, les populations se jetteront dans les bras des populistes – personne n’aimant être sacrifié…

Niant toutes les leçons économiques du XXe siècle, nous avons réussi l’exploit d’accumuler les âneries les plus incroyables depuis 30 ans, à commencer par l’euro, projet suicidaire voué à l’échec en l’absence de la solidarité et de la coopération décrite précédemment. Certains se disent pour plus de démocratie, mais on porte une utopie fédérale alors qu’un sondage montrait cette semaine que 80% des allemands n’en veulent pas. Qui les respecte ? Qui cherche une stratégie intelligente de long terme pour avancer ? « Tout tout de suite, écrasons-les » semblent être la seule stratégie – bravo…. Mais là aussi, qu’importe aux pseudo-élites la réalité, quand on est porteur du grand « idéal communiste fédéraliste » ?

Il ne faut enfin pas trop rêver : nous ne bâtirons jamais « Les États-Unis d’Europe », ou en tout cas, pas à horizon de vie humaine : trop de différences, trop d’écarts, trop d’individualisme. « L’Europe sociale » est un mythe – que pourrait-elle être sinon l’alignement sur le moins-disant à chaque fois ? Nous n’avons même pas réussi à fixer une durée maximale du travail en Europe, c’est dire…

Mais loin de l’utopie, il y a beaucoup de choses à construire en Europe, dans un cadre plus confédéral. Poursuivre l’exemple Erasmus en ayant une vraie politique éducative commune, en groupant tous les moyens affectés à la Recherche, en avançant bien plus sur une harmonisation en matière de justice et de police, de santé publique, d’environnement, etc etc. Mais de grâce, cessons de vouloir imposer une solidarité financière inacceptable, cessons de fouler aux pieds les gouvernements nationaux et les attentes populaires, ou pour le coup, « l’Europe », cette Europe-là, l’Organisation de Bruxelles, ce sera encore plus de montée des extrêmes, du totalitarisme, avec en ligne de mire, le pêché de notre continent : la guerre, et plus seulement économique…

Nouriel Roubini : « Seul le temps dira si parier la maison {= l’Europe} pour sauver le garage {= l’euro} a été le bon choix. » [Nouriel Roubini, Project Syndicate, 15 aout 2012]

Épilogue

En paraphrasant Camus, on pourrait ainsi dire que la tâche de notre génération n’est nullement de construire une Europe fédérale. Notre tâche est peut-être plus grande encore. Elle consiste à empêcher que l’Europe ne se défasse.

John Kenneth Galbraith « Personne ne pourra imaginer qu’après des années d’une politique économique aberrante, il existe un moyen parfaitement indolore de s’en sortir. Que l’on n’exige pas de ceux qui ont mis en garde contre l’aberration passée qu’ils fournissent une solution sans faille aux conséquences néfastes du cours qui a été choisi. Et ceux qui ont encouragé l’aberration ne le feront pas davantage. L’abus économique, comme l’abus d’alcool, a son lendemain, inévitable. » [John Kenneth Galbraith, préface de 1988 à La crise économique de 1929]

eurss

249 réactions et commentaires - Page 2

  • odeur_de_sapin // 12.10.2012 à 08h43

    Que disent les chiffres …un taux 56,x % de dépenses publiques, juste derrière le Danemark, nous sommes pas loin d’être leader mondial en taux de dépenses publiques.

    Et pourtant beaucoup voit le libéralisme comme le problème n°1 de la France, étrange ….j’ai du mal à comprendre.

    D’autant plus que c’est vrai que chez nous l’argent du contribuable est respecté, entre le pédalo et un Falcon Jet (trajet estimé au minimum à 140 000 euros), notre ministre délégué à la Francophonie n’avait pas le choix pour aller à une réunion à Kinshasa… dit-elle, dur dur .. le gouvernement soutien son choix, normal le pédalo n’est pas adapté à la haute mer.

    Plutôt que d’accuser régulièrement les Chinois, les Allemands, les Américains, Les Anglais, les Indiens, les Suisses, les Polonais, ect ect ect comme la cause de nos malheurs… bref à peu près les ¾ de la planète, serait-il possible de commencer par faire qque chose en France pour la France ?

    La Cour des Comptes, elle délivre du PQ ou des analyses dignes d’être suivi d’effet ? Si jamais d’effet, quel intérêt de l’avoir ?

    La Cour des Comptes a par exemple relevé qques irrégularités concernant le CE de la RATP qui je cite … « Le comité d’entreprise ne fait pas certifier ses comptes. Ces comptes ne sont ni publiés ni affichés. Le CE détient des actifs importants : « 72 millions d’euros enregistrés au bilan 2009, générant des charges à hauteur de 82 millions d’euros. »

    Ce qui est drôle, vous trouvez pas, c’est que SYSTéMATIQUEMENT, l’organisme incriminé estime que la Cour des Comptes est vraiment trop injuste et se trompe … ils sont vraiment pas doués à la Cour des Comptes ! Il faudrait la supprimer tout simplement tellement elle est incompétente et pas du tout gratuite en plus.

    Et puis pour bien montrer qu’en France le problème vient des entrepreneurs, ces libéraux (ils ont bien pris la liberté d’entreprendre n’est ce pas !) d’auto-entrepreneurs qui rêvent de s’enrichir (honte sur eux), qui pour 90% d’entre eux ne gagnent même pas le SMIC et aux lendemains incertains, il était urgent de les faire rentrer dans le rang … des files d’attente à Pôle Emploi. ouf ! la France se porte déjà mieux depuis.

    Tel un cancer ce gouvernement essaime des métastases fiscales à une vitesse affolante. C’est in fine peut-être la meilleure chose … l’agonie sera moins longue et une nouvelle incarnation verra le jour.

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    • step // 12.10.2012 à 11h39

      le libéralisme critiqué n’a rien à voir avec les 56% mais avec la liberté concédée à environ 5% de la population de détourner toute somme financière en dehors des tuyaux dans lesquels elle aurait du rester tout en envoyant balader toute responsabilité sur les conséquences de ces opérations. l’entrepreneur au smic n’a rien à voir là dedans non plus.
      Si tu t’imagines n’avoir rien à faire de cette micro-population, sache que leur capacité d’investissment est supérieur au restant de la population. Sachant que ni la notion de solidarité ni la notion de responsabilité ne les concerne, disons qu’on a fillé le bouton atomique économique à une gamine de 3 ans. Le système n’est pas libéral pour tous, faut quand même pas partager la possibilité d’emmerder le monde entier avec n’importe qui, quand même !

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    • A-J Holbecq // 12.10.2012 à 13h24

      56% du PIB de dépenses publiques … oui
      Mais seulement 19% du PIB (35% des 56%) en dépenses de fonctionnement et 26% en prestations sociales (45% des 56%) , qui sont de la redistribution car aussi bien les fonctionnaires que les bénéficiaires de la « manne » sociale sont aussi des consommateurs et participent donc au fonctionnement de l’économie.
      La circulation interne de la monnaie au sein d’un pays ne « coûte » rien en termes de monnaie : ce qui « coûte » ce sont les importations (ou plus précisément le solde négatif de la balance des transactions => http://postjorion.wordpress.com/2011/05/08/171-balances-des-transactions-en-2010/ ) .

      Il est bien certain néanmoins que si l’on peut obtenir le même résultat avec moins de dépenses, ça n’en est que mieux…

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      • step // 12.10.2012 à 16h18

        elle coute le cout de la circulation de cette monnaie soit quelque pourcent, pour l’entretien du cout du tuyau financier que représente le traitement de la prestation sociale en quelque sorte.

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        • A-J Holbecq // 13.10.2012 à 07h37

          Les coût peuvent se réduire en salaires (et en charges, en investissements, etc…) et il n’y a donc aucune « disparition » de monnaie … nulle part!

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  • Surya // 12.10.2012 à 22h28

    Je n’arrive plus à trouver quel était le ministre des finances (français) qui avait déclaré quelque chose comme « il est bon qu’un pays fasse défaut tous les 100 ans afin d’assainir les finances publiques »; c’était avant Necker il me semble. Cela évoque quelque chose à quelqu’un ?

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    • Christophe Vieren // 13.10.2012 à 11h41

      @Surya : je n’ai pas retrouvé non plus mais c’est à peu près me semble-t-il le discours de Frédéric Lordon.

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  • A-J Holbecq // 13.10.2012 à 08h15

    A propos des risques d’une augmentation de la masse monétaire, voici un avis de Natixis
    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=66302
    Rédacteur :
    Patrick ARTUS
    « Il ne faut pas avoir la vision simpliste selon laquelle la monnaie offerte par une Banque Centrale doit être gagée par les actifs détenus par la Banque Centrale. Selon cette vision, si la qualité des actifs à l’actif du bilan de la Banque Centrale se dégrade, mécaniquement la valeur de la monnaie émise se réduit parallèlement d’où inflation et dépréciation du taux de change (ce qui est lié à la qualité des actifs de la Banque Centrale et non simplement à la taille du bilan de la Banque Centrale).
    Mais en réalité cette « approche mécanique » est erronée car les Banques Centrales n’ont pas de passif exigible qu’il faudrait comparer à leur actif. Le risque associé à la création monétaire excessive ne se produit que pour des niveaux de création monétaire très élevés et conduisant à la dégradation de la qualité du bilan de la Banque Centrale. C’est le risque de « fuite devant la monnaie » : les agents économiques essaient de se débarrasser de la monnaie du pays, pour acheter d’autres monnaies ou pour acheter des actifs réels (matières premières, immobilier…). »
    […]
    « Selon la vision simpliste, mécanique, de la qualité de la monnaie, la dégradation de la qualité des actifs détenus par la Réserve Fédérale a entraîné une baisse parallèle de la qualité du dollar, d’où une dépréciation correspondante du dollar par rapport aux autres devises et de l’inflation aux Etats-Unis, qui génère la baisse nécessaire de la valeur réelle de la monnaie.
    Or on a observé depuis 2008 :
    – une appréciation effective du dollar (graphique 2)
    – l’absence de signe de hausse de l’inflation (graphique 3) »

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    • chris06 // 13.10.2012 à 10h56

      @A.J. H

      vu que ce sont toutes les principales banques centrales (FED, BCE? BoE, BoJ) qui ont dégradé la qualité de leurs actifs depuis 2008, se baser sur l’évolution du taux de change du dollar par rapport aux principales devises pour voir si cette dégradation du bilan de la FED a entraîné une dépréciation du dollar n’a aucun sens.
      Si on regarde par rapport à l’or et aux autres matières premières (ce qui n’est pas un indicateur parfait, je sais, mais c’est déjà mieux que de regarder par rapport aux autres devises) on se rend mieux compte de la dépréciation du dollar et des autres devises.

      Il y a bien une « fuite devant la monnaie »: les agents économiques se débarrassent en partie de leurs devises (dollars et autres puisque toutes les banques centrales dégradent leurs bilans) pour les convertir en or et autres actifs réels.

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      • Surya // 13.10.2012 à 14h31

        Je modèrerai le propos sur le débasement monétaire, si on voit une montée des prix des métaux précieux (entre autres); cela ne touche pas toutes les matières premières; il y a sans doute partiellement un effet un peu bullesque lié à la situation.

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  • Franck // 15.10.2012 à 02h31

    Ce qui reste bêta avec les investisseurs/entrepreneurs, c’est qu’ils considèrent que comme ils prennent le risque de perdre (9 fois sur 10, d’après une des dernières émissions des Experts que tu as postées) le capital qu’ils investissent, ils sont légitimes de ramasser la mise quand leur investissement réussit. Ils ne veulent pas du tout regarder le coût social/sociétal de ces tentatives qui ont échoué et qui ont envoyé ceux qui les ont suivis à la casse (notamment ceux qu’ils ont employés dans un métier qui s’est révélé un cul-de-sac).

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  • beconomicus // 15.10.2012 à 11h28
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