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9.septembre.20209.9.2020 // Les Crises

Décret de retour au travail des personnes vulnérables : « On nous envoie à la morgue parce qu’on coûte trop cher »

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Covid-19. « On nous envoie à la morgue parce qu’on coûte trop cher »

Source : L’Humanité, Loan Nguyen, 07-09-2020

Obèses, diabétiques, malades atteints de pathologies cardio-vasculaires ou respiratoires ne font plus partie des personnes vulnérables bénéficiant d’un arrêt indemnisé par le chômage partiel depuis le 31 août. Celles-ci craignent d’être contaminées au travail.

« La santé n’a pas de prix. Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies. Quoi qu’il en coûte. » Cet engagement pris solennellement par le président de la République dans son allocution du 12 mars, les personnes vulnérables l’ont désormais en travers de la gorge. Par le biais d’un décret publié au Journal officiel le 30 août, un grand nombre d’entre elles se sont retrouvées exclues du dispositif d’indemnisation au chômage partiel, et donc sommées de reprendre le travail. Le diabète, les maladies cardio-vasculaires, l’obésité et les affections respiratoires sont par exemple sortis de la liste des pathologies justifiant un arrêt de travail automatique… les malades pouvant encore se tourner vers leur médecin traitant pour espérer bénéficier d’un arrêt maladie classique. Mais sans garantie que celui-ci accepte.

Atteint d’une broncho-pneumopathie chronique obstructive (BPCO), Lucien, magasinier dans un atelier de mécanique, s’est vu essuyer un refus catégorique de la part de son généraliste. « Elle m’a dit que ma maladie était sortie de la liste, qu’elle ne pouvait rien faire et que c’était comme ça. Sauf que j’ai déjà du mal à respirer en temps normal au travail. Avec le port de charges, je dois souvent faire des pauses pour aller respirer. Alors avec le masque, c’est encore pire », explique-t-il. Mais le plus difficile reste « l’angoisse » d’attraper le coronavirus dans un contexte d’usine où tous ses collègues ne portent pas systématiquement de masque ou ne parviennent pas à respecter la distanciation physique.

« Pourquoi ils nous font ça, en plein rebond de l’épidémie ? » s’indigne Bchira, atteinte de diabète sévère et de la maladie de Crohn. Pour cette technicienne de laboratoire, qui travaille dans un centre qui réalise des tests PCR où « tous les collègues ont attrapé le Covid », hors de question de retourner au travail. Même si elle enrage de voir ses revenus chuter puisqu’elle ne peut désormais plus prétendre qu’à un arrêt maladie classique. « Depuis le début du confinement, je ne suis sortie que pour mes rendez-vous médicaux et faire quelques courses, ma colocataire s’est mise en télétravail pour ne pas m’exposer. Je ne me suis accordée aucune vacance, et là, on devrait risquer notre santé parce que le gouvernement veut faire des économies ? » s’emporte-t-elle.

Autres personnes sorties du public éligible à l’indemnisation au chômage partiel : les conjoints ou parents de malades vulnérables. Une vraie source d’inquiétude pour certaines familles. Si Ewa et son mari, tous deux atteints d’obésité, risquent de contracter une forme sévère de coronavirus, ceux-ci s’alarment aussi des conséquences sur leurs enfants. « J’ai un fils qui a des problèmes respiratoires pour lesquels la pédiatre n’exclut pas qu’une contamination au Covid puisse engendrer une forme grave, et une petite fille qui souffre de myocardiopathie. Je devais reprendre un travail en septembre après une période de chômage, j’ai dû différer cette reprise pour éviter les risques. Mon mari, qui, lui, fait le ménage dans un HLM, était obligé de reprendre », explique-t-elle. S’il a finalement réussi à se faire prescrire un arrêt de deux semaines, Ewa redoute qu’il ne doive ensuite prendre sur ses congés pour protéger sa famille. Entre la crainte d’une contamination liée au travail de son époux et les risques induits par la rentrée scolaire, la jeune femme envisage carrément de scolariser ses enfants à domicile.

« Ce n’est pas une vie d’avoir peur que vos proches vous tuent », dénonce Shana, 22 ans, des larmes dans la voix. « Mon conjoint est serveur dans un grand restaurant parisien qui assure des centaines de couverts par jour. La distanciation physique y est impossible. Dans le rush du service, ils ne peuvent pas se laver les mains fréquemment. Son patron l’a rappelé pour lui dire qu’il devrait reprendre dans les jours qui viennent, on est dans l’attente », angoisse-t-elle. Souffrant d’une maladie auto-immune qui lui cause notamment de sévères douleurs articulaires, des œdèmes et l’expose à des accidents vasculaires cérébraux, la jeune femme fait partie des quelques malades dont la pathologie reste sur la liste du fameux décret donnant droit à un arrêt indemnisé au titre du chômage partiel. Mais, sauf à décohabiter d’avec son conjoint ou à lui demander de démissionner – deux options difficilement tenables pour ce couple aux revenus modestes – l’étudiante voit se profiler une situation extrêmement anxiogène. « Ça fait six mois que je ne sors plus de chez moi, que je ne vois plus ni mes parents ni mes petits frères, que j’ai mis mes études sur pause, parce que je sais que si j’attrape le Covid, entre ma maladie auto-immune et mon nodule au poumon, je risque de finir en réanimation, voire pire. Si mon conjoint reprend le travail, je ne me sentirai plus en sécurité nulle part »,s’alarme-t-elle.

Sa seule lueur d’espoir : la mobilisation de plusieurs centaines de malades et de leurs proches qui prend forme depuis quelques semaines autour d’un collectif sur les réseaux sociaux et d’une pétition signée par plus de 19 000 personnes sur la plateforme change.org pour tenter de faire abroger le décret du 29 août. « On nous fait passer pour des faignasses qui ne veulent pas retourner au boulot, alors que moi j’échangerais ma vie contre n’importe laquelle juste pour pouvoir sortir de chez moi et travailler », insiste Shana.


Les diabétiques de Schrödinger

Source : Libération, Christian Lehmann, 02-09-2020

Lire l’article complet sur le site de Libération

Christian Lehmann est écrivain et médecin dans les Yvelines. Pour «Libération», il tient la chronique d’une société suspendue à l’évolution du coronavirus.

Plus fort que l’hydroxychloroquine. Là où la médecine patine, l’administration fait des miracles. Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2020, des milliers de personnes atteintes de pathologies vasculaires ou pulmonaires ont soudain cessé d’être considérées vulnérables au coronavirus.

Depuis le début de l’épidémie, ces patients fragiles, ainsi que les proches de personnes vulnérables, pouvaient bénéficier d’un certificat d’isolement et télétravailler ou bénéficier du chômage partiel si leur fonction rendait le télétravail impossible. Ce pouvait être le cas d’une femme porteuse d’une mucoviscidose, ou d’un homme prenant soin à domicile d’un grand-parent fragile, ou d’une femme lors du troisième trimestre de la grossesse.

Du jour au lendemain, la liste des sujets susceptibles de bénéficier de ce dispositif a été singulièrement amputée. Seuls les patients atteints d’un cancer évolutif sous traitement, les patients atteints d’une immunodépression (congénitale, ou médicamenteuse, ou liée à une maladie : VIH, maladies sanguines), les patients dialysés, et certains diabétiques, peuvent bénéficier du dispositif.

Le cas des diabétiques est particulièrement éclairant sur les principes qui ont fondé l’action du gouvernement. Seuls peuvent continuer à bénéficier du dispositif les diabétiques obèses ou présentant des pathologies vasculaires (artérite, infarctus, etc.)… à condition d’avoir plus de 65 ans.

Plus. De. 65 ans. Nous ne sommes pas encore dans l’Amérique de Trump mais nul doute que certains y pensent fortement, en font leur rêve mouillé. Quel diabétique avec des complications vasculaires travaille au-delà de 65 ans ? (hors du milieu médical, s’entend). Cette restriction montre bien à quel point la liste a été établie en dépit du bon sens, avec la volonté de feindre une bienveillance démentie dans les faits.

Et lorsqu’on découvre le communiqué de France Assos Santé, «organisation de référence pour représenter les patients et les usagers du système de santé et défendre leurs intérêts», on croit rêver : «Pour la première fois depuis le début de cette épidémie, ce ne sont pas les scientifiques du Haut Conseil pour la Santé Publique ou les professions de santé qui ont dicté ce décret. Il a été négocié avec nous, les représentants de patients.» Interpellée par des patients et des médecins interloqués, France Assos Santé supprime le lendemain son tweet et déclare : «Le tweet d’hier, sorti de son contexte, ne traduit pas nos actions. Suite à la décision unilatérale du Gouvernement de mettre fin aux certificats d’isolement, nous avons obtenu leur maintien pour les personnes parmi les plus à risque. Nous poursuivons nos actions pour les exclus.»

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Retour au travail des personnes vulnérables : une pétition récolte 19 000 signatures

Source : What’s up doc ?, 07-09-2020

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Une pétition demande l’abrogation d’un décret qui réduit drastiquement la liste des personnes vulnérables face au Covid-19.

« Pour la continuité du certificat d’isolement pour les personnes vulnérables », s’intitule la pétition qui a déjà réuni plus de 19 000 signatures. Elle fait référence aux personnes malades susceptibles de développer une forme grave de Covid-19. Et demande l’abrogation du décret n°2020-1098 du 29 août et le prolongement jusqu’au 31 décembre 2020 du dispositif de certificat d’isolement pour les personnes vulnérables face au Covid-19.

De quoi s’agit-il exactement ? Dans la nuit du 31 août au 1er septembre 2020, des milliers de personnes atteintes de pathologies vasculaires ou pulmonaires ont soudain cessé d’être considérées vulnérables au coronavirus, expliquait dans Libération le Dr Christian Lehmann. Il faisait référence à ce fameux décret qui fixe un terme au dispositif exceptionnel d’activité partielle pour les salariés partageant le même domicile qu’une personne vulnérable, tout en introduisant de nouvelles modalités de prise en charge pour les personnes malades susceptibles de développer une forme grave de Covid-19.

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Commentaire recommandé

jp // 09.09.2020 à 08h51

couter une fortune à la sécu et finir de la ruiner et la démanteler, c’est le but : la remplacer par des assurances médicales privées.

25 réactions et commentaires

  • Paty // 09.09.2020 à 08h04

    Quand j’entends les critiques, voire les moqueries sur la soi-disant fainéantise des professeurs, j’enrage !
    Ma fille, professeur de collège et toute jeune maman d’un bébé de 6 mois, a repris les cours en présentiel alors qu’elle fait toujours partie de la liste des personnes vulnérables. J’ai essayé, en vain, de la dissuader …
    Ceci dit, réduire cette liste à 4 pathologies, c’est prendre le risque de sacrifier des vies humaines jeunes, et ça me scandalise !!!

      +9

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  • Fabrice // 09.09.2020 à 08h09

    Pendant ce temps on rembourse à tour de bras des tests dont la majorité ne sont pas fiables et parfois quitte à mettre l’assurance maladie en difficulté tout ça pour atteindre les chiffres fixés par Jupiter pardon asclepios en chef.

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    • Fabrice // 09.09.2020 à 08h15

      Pour illustrer mes dires la vidéo de média sur le manque de fiabilité des tests qui eux coutent un fortune à la sécurité sociale : https://youtu.be/vrjmY_ffgAg

        +8

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      • jp // 09.09.2020 à 08h51

        couter une fortune à la sécu et finir de la ruiner et la démanteler, c’est le but : la remplacer par des assurances médicales privées.

          +25

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  • jp // 09.09.2020 à 08h29

    c’est pas les US de Trump, on se rapproche du programme T4 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aktion_T4
    et encore plus « rentable », sans dépenser pour construire des chambres à gaz, juste en « laissant faire la nature » comme on laissé crever les vieux dans les EHPAD au début de l’épidémie, pas seulement morts du covid mais de « glissement » à cause de la solitude due au confinement.
    A qui le tour ? Faut économiser sur les retraites et la sécu, voyons !

      +12

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    • X // 09.09.2020 à 09h28

      Oh! arrêtez! On en est franchement pas là!

      Au contraire, tout cela montre qu’on est totalement englué dans un individualisme totalement mortifère qui nous fait prendre la survie de chaque individus pour l’horizon indépassable du sens que nous donnons à notre passage sur cette terre!
      Nous appliquons par là, à la lettre, les préceptes du libéralisme qui pense que la prospérité des nations se fait grâce aux déchaînement des passions tristes (« vices » selon Mandeville) des individus.
      Oui, dès la première seconde après notre naissance nous nous acheminons vers la mort, et notre organisme dégénère lentement à plus ou moins brève échéance!
      Certains sont atteints de plus de handicaps et de « co-morbidités »(quel terme fascinant !) que d’autres. A la bonne heure ! Est-ce que nous devons focaliser l’ensemble de l’énergie qui nous est impartie dans ce monde uniquement sur la lutte pour la réduction de ce genre d’inégalité ?!
      On nage en pleine absurdité!

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      • Grd-mère Michelle // 09.09.2020 à 14h29

         » Certains sont atteints de plus de handicaps et de co-morbidités que d’autres ».

        Je vous propose, ainsi qu’à ceux et celles qui approuvent vos propos, sans doute totalement sain-e-s de corps et d’esprit, ainsi que leurs proches qu’ils/elles chérissent, et aussi, donc, totalement dénué-e-s de « passions tristes », de vous porter volontaires pour tester l’un ou l’autre vaccin contre le covid 19.

        Vous ferez ainsi preuve de votre total altruisme, et de votre totale cohérence, en contribuant totalement à la sauvegarde de votre Nation(à moins que vous ne préféreriez que les malades et les gueux, que vous semblez totalement mépriser, disparaissent totalement?)

        Attention, quand même: on apprend aujourd’hui qu’un de ces programmes de tests en vue d’un vaccin(envisagé par la Belgique- mais cette autre petite nation ne vous intéresse sans doute pas) est interrompu pour cause de graves complications qui menacent la survie d’UN des cobayes.

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        • X // 09.09.2020 à 16h11

          Ah la la!.., La ligue de vertu est de retour…
          Je trouve votre façon de détourner mes arguments en insinuant qu’il s’agirait d’une sorte de promotion du futur vaccin est à la limite de la malhonnêteté intellectuelle!

          Le message de @JP auquel je répondais parlait d’opération T4…Vous considérez peut-être les tests en vue du vaccin (vous parlez de la Belgique – pourriez-vous partager un lien à ce sujet?) sont une sorte d’opération T4-2.0 ?! Hein?!
          Faut rester sérieux quand même !

          D’autre part, où avez-vous lu que je « méprise les gueux »? Pouvez-vous développer?
          Détrompez-vous, au contraire, je suis très gênée par la banalisation de ce terme « les gueux » (dans les réseaux sociaux notamment) : c’est un terme insultant, chargé d’une profonde violence qui ne peut qu’exciter haine et rancune. Un terme typique des réthoriques fascistes.

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        • Grd-mère Michelle // 09.09.2020 à 19h32

          Rien insinué de tel, d’autant plus que j’approuve les vaccins, à condition qu’ils ne soient pas imposés d’une manière ou d’une autre aux populations concernées, et que celles-ci soient suffisamment informées pour pouvoir choisir de se les faire injecter…ou pas(pareil pour la contraception, par ex).
          Les avancées de la médecine moderne (pas question ici des délires trans-humanistes) sont certainement parmi les principaux réels progrès de l’humanité, et la conséquence d’une coopération scientifique internationale que la compétition des grands groupes pharmaceutiques dévalorise.
          Pourquoi n’avons-nous pas, tout autant, focalisé nos énergies sur la lutte pour la réduction des inégalités en tout genre? Sans doute parce que des gens comme vous, satisfaits de leur relatif confort et de leur bonne santé, n’en ont rien à cirer…
          Car, même si vous ne méprisez pas les gueux(merci de votre mise au point, que votre discours plutôt confus ne laissait pas présager), vous ne semblez pas du tout préoccupé par les malheurs de vos concitoyen-ne-s moins chanceux-ses!

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          • X // 09.09.2020 à 23h04

            Vous vous illusionnez en pensant qu’on peut séparer radicalement « les avancées de la médecine moderne » des « délires transhumanistes ». Les deux sont évidemment liés par un continuum. La médecine traditionnelle cherche à rétablir un équilibre, une harmonie préexistante (plus ou moins fantasmée). La médecine moderne cherche à transcender la condition humaine, à la dépasser. Cette « lutte contre les inégalités en tout genre » que vous appelez de vos vœux s’inscrit dans cette volonté de remodelage de la nature selon nos désirs – désir des vivre le plus longtemps possible, désir de jouir pleinement de nos sens tout le temps (en tout cas pas moins que le voisin…) , etc.

            Je n’ai rien contre le désir ; il est certainement le propre de l’homme.
            Mais en revanche, je me méfie de sa transformation (fréquente) en ressentiment (ce que trahit, à mon humble avis, votre petite phrase très présomptueuse : »les gens comme vous, satisfaits de leur relatif confort et de leur bonne santé (…)»).
            L’obsession au sujet de la prévention toujours insuffisante des risques sanitaires est une manifestation de ressentiment. La culpabilisation de ceux qui ne partagent pas cette obsession est aussi une manifestation de ressentiment. La culpabilisation de ceux qui n’adhèrent pas au désir transhumaniste de suppression des «  inégalités en tout genre » comme vous dites… est également du ressentiment…

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            • Grd-mère Michelle // 10.09.2020 à 12h52

              Le désir n’est pas le propre de l’homme, c’est celui de tous les êtres vivants (de subsister et de se perpétuer/se reproduire).
              C’est la source de la vie et (selon ma vision personnelle de la cosmologie) la matérialisation d’un des rêves de l’Esprit lorsqu’il s’endort.

              J’ai écrit « la réduction des inégalités » (comme vous précédemment), et non pas « suppression ».
              Il est question des inégalités provoquées, non pas par des causes « naturelles », mais par des volontés de domination et leurs systèmes bien huilés.

              Le trans-humanisme de la médecine est une monstruosité qui ne répondra jamais au désir humain d’améliorer les conditions de vie sur terre(d’autant plus qu’il néglige la nécessité de s’accorder avec les autres êtres vivants, tous interdépendants).
              Cependant, l’être humain bénéficiant naturellement du don de parole(qu’il a cultivé au cours des millenaires), celui-ci lui permet de penser et d’imaginer des conditions de vie moins pénibles, pour lui-même ET pour les autres.

              Le ressentiment que vous évoquez est, dans mon cas, plutôt une sorte d’exaspération par rapport à la régression mentale que j’observe, provoquée par un abrutissement/une confusion programmés des populations, et par un détournement de leurs aspirations naturelles d’évolution positive, dans la paix et la coopération, afin de réduire le plus grand nombre à des « utilités » déshumanisées, perpétuellement compétitives et combatives.
              Et le bourrage de crâne exercé à l’aide de l’intelligence artificielle(si prônée en ces temps de « crises ») ne va rien arranger…

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              Alerter
  • Jean // 09.09.2020 à 08h55

    Vous avez mal interprété les propos de notre président orwelien. Lorsqu’il annonce :

    « La santé n’a pas de prix. Le gouvernement mobilisera tous les moyens financiers nécessaires pour porter assistance, pour prendre en charge les malades, pour sauver des vies. Quoi qu’il en coûte. »

    Il faut comprendre :

    La privatisation de la santé publique permet aux copains de se faire un max de fric et ceci d’autant plus facilement qu’on peut leur verser des subventions sans contreparties. Alors il ne faut pas que les gueux imaginent que nous allons détourner une partie de cette manne financière pour sauver leurs vies.

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    • X // 09.09.2020 à 09h41

      Si si, les « gueux », comme vous dites, doivent comprendre que tout cette masse de fric (et d’énergie et de ressources naturelles) qui est engloutie dans l’industrie (privatisée) de la santé, c’est pour leur bien, c’est pour « sauver des vies »

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      • Jean // 09.09.2020 à 15h50

        @X,

        En logique orwelienne, « sauver des vies » consiste à estimer le coût d’un mort, avant d’évaluer combien on peut en laisser mourir sans que cela se voit trop, pour pouvoir calculer combien cela va rapporter. Ceux qui auront réussi à survivre malgré tout auront été sauvés.

          +2

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        • X // 09.09.2020 à 16h28

          Vous voulez dire évaluer le coût de ne pas empêcher quelqu’un de mourir.
          Je ne pense pas qu’il s’agisse d’une logique spécialement orwellienne.
          Il s’agit d’une logique du chiffre. De la quantité. C’est typique de la façon dont gouvernent les états modernes (À.Supiot a fait un cours au collège de France sur ce sujet : « le gouvernement par les nombres).

          J’ai d’ailleurs été très frappé de lire sur l’un des billets d’Olivier Berruyer consacré au Coronavirus, une de ses réponses à l’un des contradicteurs au sujet des données sources à utiliser pour les statistiques : «C’est le nombre de morts qui compte, un point c’est tout »(je cite de mémoire, quelqu’un pourrait peut-être retrouver la citation exacte). Un point c’est tout.

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  • Pipo // 09.09.2020 à 09h16

    donc l’etat donne des milliards d’euros aux banques et grandes entreprises du cac40 qui continuent de supprimer des emplois, milliards de dettes en fait puisque c’est de l’argent cree ex nihilo, que le peuple devra rembourser sous forme de nouvelles taxes probablement, ou augmentation de la tva, etc et signe un decret pour faciliter le menage des gens malades parce qu’ils coutent cher…… Qu’il est loin le temps de la guillotine

      +9

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    • X // 09.09.2020 à 09h48

      Attention… on ne va pas rembourser tout cet argent « sous forme de taxe »… Taxe est le mot qui désigne un processus comptable… ne jamais oublier que derrière les taxes, il y a augmentation de la charge de travail, baisse des prestations assurées par les services publics (qui est une forme de redistribution de la richesse)…baisse des revenus de transfert (les retraites par exemple…).

        +9

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  • Casimir Ioulianov // 09.09.2020 à 13h54

    Quel que soit X , on ne peut que constater la schizophrénie de ces mesures gouvernementales. Entre la quasi obligation d’appliquer strictement le principe de précautions faite à chacun à grand renfort de bourrage de crâne médiatique et le besoin impérieux de supprimer les blocages créés par ce même principe de précautions pour raisons économiques, le quidam a de quoi s’y perdre.
    D’aucuns pourrait se demander si ce n’est pas l’effet recherché … personnellement je pense plus pour un mix entre principe de Peter et rasoir de Hanlon. C’est le fameux « en même temps » : un mix entre autoritarisme et laissez faire… ça me dit quelque chose mais j’arrive plus à me souvenir quel régime politique appliquait ces principes …

      +8

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  • Grd-mère Michelle // 09.09.2020 à 20h48

    Ce débat révèle au moins une réalité choquante: le fait que des personnes malades travaillent « en temps normal ».
    Vous me direz que le travail, c’est bon pour la santé mentale, pour le moral, pour « l’intégration » dans la société, pour se sentir « utile », pour se sentir « exister ».
    Je vous répondrai que, probablement, si ces gens disposaient d’un revenu équivalent(ou moindre, car aller travailler coûte de l’argent), la plupart n’hésiteraient pas à rester chez elles à se soigner et/ou à choisir des activités et des horaires spécifiques, qui tiendraient compte de leurs diverses pathologies et de leurs capacités/aspirations/goûts respectifs.

    Et pendant ce temps-là… des tas d’autres, chômeurs-ses et désœuvré-e-s, plus jeunes, en état de meilleure santé, désespèrent de trouver un emploi, et surtout les moyens de mener une vie digne d’être vécue, à l’abri du besoin et occupé-e-s à des activités épanouissantes…

      +5

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    • Az // 10.09.2020 à 09h58

      Vous avez tout à fait raison en théorie. C’est d’ailleurs heureux qu’en France, on puisse bénéficier de l’allocation adulte handicapé. Elle est certes un peu maigre. Mais dans beaucoup de pays, y compris européens, il n’y a même pas ça. Dans le cas des handicapés « temporaires » du coronavirus ( les « personnes à risque »), l’état pourrait effectivement faire l’effort de reconduire les mesures de chômage partiel. Il faut néanmoins prendre en compte que « temporaire » peut signifier une très longue période de temps. Ce n’est qu’une quinzaine d’année après le début de l’épidémie de Sida qu’on a pu mettre au point des trithérapies capable de lutter efficacement contre la maladie. Est-ce qu’on peut envisager de laisser les « personnes à risque » en chômage partiel 10 ans, 20 ans, 30 ans… ?

      Effectivement, on pourrait tout à fait envisager de remplacer ces « personnes à risque », vieillissantes, pour la plupart, par des jeunes chômeurs désœuvrées… Par des migrants en souffrance et en quête d’intégration aussi…
      Mais, personnellement, je ne suis pas certaine que ce soit rendre service à ces personnes POTENTIELLEMENT à risque. Il n’est jamais bon d’être déclaré comme tel sur les registres de l’état, des assurances, des employeurs… L’opération T4 n’est évidemment actuellement pas à l’ordre du jour, comme je l’écris plus haut. Mais qui dit que ces temps obscurs ne reviendront pas à la faveur d’un changement politique majeur?

        +0

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      • Grd-mère Michelle // 10.09.2020 à 16h14

        Merci, avoir raison « théoriquement », c’est déjà ça…

        « … envisager de laisser les « personnes à risques » en chômage partiel… »
        Heu… En Belgique, on prévoit 30% en + de personnes en chômage tout court dès le mois d’octobre… (pour cause de restructurations/faillites d’entreprises).
        Pas sûr que c’aurait été très différent sans le virus… mais nous ne le saurons jamais.

        L’organisation du « travail », sa répartition, sa fonction même, dont les motivations de productions(pour la plupart excessives et/ou nuisibles, et leur obsolescence programmée), le remplacement des humains actifs et en bonne santé par des machines et « objets intelligents » (voir la « numérisation » galopante favorisée par les mots d’ordre liés au confinement total ou relatif), les « Accords de Libre Échange commercial », les « délocalisations », ainsi que le peu de moyens consacrés aux métiers essentiels qui ne peuvent être accomplis valablement que par des humains: tout cela doit être étudié, ré-évalué, et re-conçu en fonction des besoins réels et des aspirations légitimes des populations (qui, heureusement, ne sont pas encore tout-à-fait décervelées, malgré leur propension à se grouper en troupeaux domestiqués, apeurés).

        Grande manifestation, dimanche à Bruxelles, autour de et avec « La santé en lutte ».

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  • Ninkasi // 10.09.2020 à 06h52

    à quel point faut il être strict sur les mesures restrictives? Que ceux qui ont peur qu’on « sacrifie la santé pour sauver l’économie » n’oublient pas que l’économie est un des plus gros pilier de la santé. Pr Yonathan Freund

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    • Jean // 10.09.2020 à 12h19

      @Ninkasi,

      J’ai le sentiment que ceux qui préconisent que l’on « n’oublient pas que l’économie est un des plus gros pilier de la santé » ne sont pas ceux à qui l’on demande de sacrifier leur santé pour sauver l’économie. Les conseilleurs ne sont pas les payeurs.

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    • Grd-mère Michelle // 10.09.2020 à 13h10

      L’économie est un des plus gros piliers de toute société organisée.
      À noter que « la crise sanitaire » est venue à point pour masquer le délabrement, l’échec inéluctable de l’économie capitaliste.

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      • X // 11.09.2020 à 10h51

        Ou bien pour lui permettre de rebondir sans qu’elle soit mise en cause.

        Est-ce qu’on ne nous annonçait pas que la moitié des emplois allaient devoir être supprimés à cause de l’IA à très court terme. Nous y voilà, en quelque sorte…
        Il y a des entreprises qui font d’énormes profits en ce moment : Google, Facebook, Amazone…,

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