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8.mars.20158.3.2015 // Les Crises

[Propagande] Nemtsov : Mélenchon n’accuse pas Poutine, alors branle-bas de combat dans les médias !

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Histoire très intéressante dans notre analyse critique des médias.

Ceci étant je n’apporte pas un soutien inconditionnel à Mélenchon, en raison de l’outrance du propos (ceci étant, je confirme que, quand on est plongé à fond là-dedans, on finit par bouillir devant tant de bêtise et de manipulation). Sur l’international, je suis souvent en phase avec le fond de son propos, MAIS diable, il y a tant à faire pour combattre la propagande, ALORS il convient de tourner 7 fois sa langue dans sa bouche avant de parler pour trouver les propos justes, qui poseront des difficultés aux médias pour les critiquer ! Inutile donc de leur servir la critique sur un plateau, tombant ainsi dans le piège des médias, comme celui-ci… N’oublions pas par exemple que Nemtsov était un des rares à n’avoir pas fait fortune à son poste…

 

D’abord, la réaction de Mélenchon au meurtre de Nemtsov

Poutine a-t-il tué le cacique eltsinien Boris Nemtsov ?

Le malheureux a été assassiné Place Rouge devant le Kremlin, la veille de la manifestation à laquelle il avait appelé en compagnie d’une autre grande figure de l’opposition, le raciste et antisémite Alexey Navalny. Des flots d’encens sont aussitôt montés vers le ciel, votivement offerts par tous les médias « éthiques et indépendants ». Le premier d’entre eux, « Le Monde », a pieusement recopié, sans nuance ni recul, la notice de l’ambassade des États-Unis. Il a donc repeint Nemtsov aux couleurs du martyr de la démocratie, de l’Occident et ainsi de suite. Qualité à laquelle n’accédera jamais le blogueur saoudien qui reçoit chaque semaine sa ration des mille coups de fouets qu’il doit endurer sans bénéficier de l’indignation mondialement bruyante d’Obama, de François Hollande, et les autres. Ni, bien sûr, « Le Monde », ni l’ignoble Plantu, titulaire du prix de 10 000 euros « pour la liberté de la presse » que lui ont attribué les riant fouetteurs du Qatar. Sans vergogne, « Le Monde » écrit : « Boris Nemtsov, qui avait 55 ans, n’était pas un héritier du soviétisme. C’était un authentique démocrate, un homme qui croyait en l’universalité des valeurs de liberté et de pluralisme ». Quel besoin d’en rajouter à ce point ? Ne suffit-il que cet homme ait été assassiné pour déplorer sa mort ? Non, bien sûr ! L’apologie de Nemtsov, illustrissime inconnu avant son meurtre, fonctionne comme un piège à naïf pour créer une ambiance de « Sadamisation » contre Poutine. « A-t-on encore le droit de s’opposer en Russie » me demande une journaliste qui ne connait rien ni à cette affaire ni à aucune autre concernant la Russie contemporaine. On devine le sous-entendu. Ce Nemtsov aurait été assassiné par Poutine. Sans le début d’une preuve, l’accusation est instillée. Ces gens-là n’ont aucune subtilité. Et leurs enquêtes sont rondement menées depuis le bar de la rédaction.

Voyons : un opposant est assassiné, Place Rouge. Il combattait Poutine, Poutine habite le Kremlin sur la place rouge ! « Bon sang ! Mais c’est bien sûr ! Poutine l’a tué ! » Hurrah ! Quelle perspicacité ! On ne la fait pas à un journaliste libre d’être d’accord avec l’ambassade des USA ! Que Poutine veuille rendre célèbre un inconnu à la personnalité plus que trouble, qu’il le tue devant sa porte, la veille de la manifestation d’opposants à laquelle celui-ci appelait, ne leur parait pas d’une insigne stupidité. Ni contradictoire avec l’intelligence machiavélique qu’ils prêtent à Poutine le reste du temps. Non. Pourtant, après ce mort et sa malheureuse famille, la première victime politique de cet assassinat est Vladimir Poutine. Car il a été aussitôt traîné dans la boue par toute la presse « libre, éthique et indépendante » du monde entier, dénonciatrice ardente sur ordre des armes de destruction massive de Saddam Hussein, de l’Iran et de tous les autres articles de propagande pré-machée des USA.

Voyons donc la biographie de cet émouvant « authentique démocrate ». Commençons par ses fréquentations les plus récentes dans le cadre de son amour pour les valeurs sans rapport avec « le soviétisme » ! Il appelait à une manifestation le 1er mars contre le gouvernement russe, ce qui est bien son droit. La manifestation a eu lieu et a été traitée moins durement que la manifestation à Sivens le jour ou Remi Fraisse s’y trouvait. Pour convoquer cette manifestation, l’ami de la liberté a joint sa signature à celle d’un autre ami du « Monde », le raciste Alexey Navalny, leader libéral-xénophobe ultra violent. Navalny a créé en 2006, avec des néonazis russes, le mouvement nationaliste des « Marches Russes ». Il est l’inventeur des slogans qui ont entraîné de nombreuses violences contre des immigrés : « la Russie aux Russes », « Arrêtons de nourrir le Caucase ! », « nettoyer la Russie ». Dans une vidéo en marge de ces marches, il qualifiait de « cafards » les habitants du Caucase : « si l’on peut tuer les cafards avec une chaussure, quand il s’agit d’êtres humains, je recommande d’utiliser une arme à feu ». Voilà pour l’ami de « l’authentique démocrate ». Et aussi pour les organisateurs de la manifestation encensée par « le Monde ». Risible dans la fabrication d’une information de convenance, le journal a aussi voulu faire croire qu’elle était organisée en réplique au meurtre. En fait, elle se préparait depuis des semaines sur les thèmes racistes habituels de ces personnages nauséabonds.

Voyons à présent le cas de Boris Nemtsov, « l’ami des libertés », « sans rapport avec le soviétisme » ? En effet, il s’agit d’un voyou politique ordinaire de la période la plus sombre du toujours titubant Boris Eltsine. Ce Nemtsov est le principal artisan des privatisations de la période 1991-1993 qui furent en fait un véritable pillage. L’homme « sans rapport avec le soviétisme » était alors nommé par Eltsine, gouverneur de Nijni-Novgorod. Il se rendit odieux à grande échelle comme ministre de l’énergie d’Eltsine. Ce sont les privatisations décidées et organisées par lui, Nemtsov, qui ont créé l’oligarchie kleptocratique russe, fléau dont ce pays met un temps fou à se débarrasser. En effet, chaque oligarque, généreux donateur, est défendu bec et ongle par la propagande des agences de l’OTAN comme des « amis de la liberté », de « l’économie de marché » et autre habillages rhétoriques de la caste dans le monde entier. D’ailleurs, l’entourage de « l’authentique démocrate» Nemtsov, a fourni un riche contingent de condamnés pour diverses malversations dans les privatisations organisé par l’homme qui « n’avait rien à voir avec le soviétisme ».

Libéral fanatique, ce grand esprit avait été félicité à l’époque par Margaret Thatcher lors d’une visite en Russie. Vice-premier ministre chargé de l’économie en 1997-1998, sa gestion servile à l’égard des injonctions du FMI provoqua le crash russe. Ce fut la plus terrible humiliation de la nation russe depuis l’annexion de l’ancien glacis de l’est dans l’OTAN. Voilà le bilan de monsieur Nemtsov. Cela ne justifie pas qu’on l’assassine. Mais cela devrait nous épargner d’être invités à l’admirer comme le propose grotesquement « le Monde ». Si nous avions une presse indépendante des États-Unis et du conformisme de la dictamolle libérale, personne ne s’aviserait de nous le proposer.

Qui a bien pu tuer Nemtsov ? Naturellement nous n’en savons rien. Si l’on exclut le crime passionnel, et que l’on reste à la politique, on peut diriger l’enquête et les soupçons du côté où il avait le plus d’ennemis. A qui profite le crime ? Certainement pas à Vladimir Poutine : cet assassinat arrive pour lui au plus mauvais moment sur le plan international et au plus mauvais endroit : devant chez lui, au Kremlin. Boris Nemtsov n’était pas une menace pour Poutine compte tenu de sa marginalisation intérieure. En Russie, les amis de l’Ukraine actuelle qui manifestent avec le drapeau de l’ennemi sont très mal vus. Surtout que pour Nemtsov, son soutien à l’Ukraine ultra-nationaliste a commencé en 2004, quand il était déjà conseiller économique du président Ioutchenko, ami d’hier du journal « Le Monde » et ennemi d’aujourd’hui, héros de la dite « révolution » orange. Il est certain que la popularité de Boris Nemtsov n’a pas grandi en Russie du fait son opposition au vote des citoyens de Crimée pour le rattachement à leur patrie russe. Il préférait une Crimée enchainée à l’Ukraine dont les habitants étaient interdits de parler leur langue par ordre des hurluberlus violents de Kiev. L’homme qui n’avait « rien à voir avec le soviétisme » était pourtant dans cette circonstance le défenseur d’une décision personnelle de Nikita Kroutchev, alors tout puissant secrétaire général du Parti Communiste de l’Union soviétique, qui décida, un soir de beuverie dit-on, de rattacher la Crimée à l’Ukraine pour afficher la force de l’attachement de l’Ukraine à la Russie. Un peu comme si un président français décidait de rattacher l’Alsace et la Lorraine à l’Allemagne pour montrer la force du couple franco-allemand ! Car la Crimée est russe depuis toujours, comme l’Alsace et la Lorraine sont françaises, comme l’ont prouvé les millions de morts français tués pour la libérer de l’occupation allemande. Notons, quoiqu’on en pense, qu’un Russe qui se prononce pour Kiev et pour l’intervention de « l’Occident » en Ukraine est un courageux minoritaire parmi les Russes qui vivent mal la présence de nazis au gouvernement de Kiev, l’interdiction de parler russe dans les terres russophones et s’émeuvent des quatre mille civils russophones tués dans le Donbass et du crime sadique contre les quarante syndicalistes brulés vifs ! Sachant cela, je pense que même le plus anti-Poutine et ennemi des Russes peut alors voir sous un autre œil la situation.

Boris Nemtsov était un opposant extrêmement confortable pour Poutine car il était caricaturalement acquis aux ennemis de la Russie. Il était donc sans aucun danger politique et parfaitement inconnu de « l’opinion occidentale » avant sa mort. Je n’en dirais pas autant des milieux de l’extrême droite Russe. Celle-ci est aspirée dans une surenchère permanente et des compétitions mortelles depuis que des « amis de l’Europe » comme l’antisémite Alexey Navalny en rajoutent sans cesse dans l’hystérie xénophobe et ultra nationaliste. Dès lors « l’authentique démocrate», multi pensionné des officines et succursales de la bien-pensance européenne et nord-américaine, ami public du gouvernement ultra anti-russe de Kiev, en pointe dans le rôle de tireur dans le dos de son pays, pourrait avoir été pour eux une cible pleine de sens. Pour ceux-là d’ailleurs, la politique de Poutine est trop équilibrée. Eux sont partisans de la confrontation directe avec l’Ukraine et les USA. C’est eux que le parti américain d’Ukraine veut encourager en les poussant à bout. Le débarquement des troupes américaines fonctionne dans ce sens. Car soyons clairs : si l’armée russe entrait en Ukraine à la suite des provocateurs nord-américaine, les forces qui tenteraient de s’y opposer seraient balayées en moins d’une semaine, parachutistes américains ou pas. 600 Américains ne sont pas davantage invincibles que des milliers d’entre eux. Ce qu’ont montré toutes les guerres perdues par les armadas nord-américaines, à Cuba, au Vietnam, en Somalie, en Afghanistan, en Irak. Les USA savent organiser des complots, des assassinats politiques, acheter des journalistes et des agents d’influence dans tous les pays. Mais militairement, ils ne peuvent vaincre que dans l’ile de la Grenade des gens désarmés, à Panama le chef des trafiquants de drogue, et d’une façon générale des gens incapables de se défendre.

Il est important de se souvenir que la Russie est une très grande puissance militaire, dont le peuple en arme, que n’intimideront pas les bandes de pauvres diables chicanos de l’armée des USA. En tous cas ces 600 parachutistes-là ne peuvent compenser le caractère pitoyable des bandes armées ukrainiennes qui viennent d’être défaites dans l’est du pays en dépit de la sauvagerie de leurs actions. Tout repose donc à présent sur le sang froid de Vladimir Poutine et des dirigeants russes. Pas de guerre ! La patience, l’écroulement de l’économie ukrainienne, la désagrégation de ce pays qui a tant de mal à en être un, tout vient à point a qui sait attendre. La guerre est le pire qui puisse arriver à tout le monde en Europe et dans le monde. La guerre au milieu de sept centrales nucléaires dont la deuxième du monde, devant le sarcophage de Tchernobyl, la guerre serait un désastre dont l’Europe ne se relèverait pas avant des décennies. Les USA doivent rentrer chez eux et laisser les habitants de ce continent régler leurs problèmes.

Source : Jean-Luc Mélenchon, le 4 mars 2015.


Et maintenant, Médias, chargez !

Jean-Luc Mélenchon joue à saute-cadavre, Fabrice Arfi et Antoine Perraud, pour Mediapart

Jean-Luc Mélenchon dédaigne l’assassinat de Boris Nemtsov et apporte son soutien à Vladimir Poutine. Sa fascination pour la force, l’efficacité, l’occupation musclée du pouvoir, l’éloigne de la conscience démocratique, réduite au rang d’une nocivité yankee. Halte-là !


Au nom du respect qu’inspirent les morts, L’Humanité, en 1922, lança une campagne contre Raymond Poincaré, flétri pour donner l’image de « l’homme qui rit » dans les cimetières.

Quatre-vingt-treize ans plus tard, Jean-Luc Mélenchon, faisant peu de cas – sinon fi – du trépas de Boris Nemtsov, cet opposant assassiné à Moscou le 27 février, se pose en homme qui ricane après le meurtre. Aux antipodes de l’empathie aragonienne – « déjà vous n’êtes plus que pour avoir péri » –, le guide du Front de gauche crache sur un cadavre dédaignable : à devoir forcément périr, Nemtsov n’est logiquement plus.

Dans un billet de blog mis en ligne le 4 mars, et du reste truffé d’erreurs factuelles, M. Mélenchon exécute la victime, « cacique eltsinien », « voyou politique ordinaire ». La phrase clef du politicien français gît au milieu de son texte : « Cela ne justifie pas qu’on l’assassine. Mais […]. »

M. Mélenchon ne salue pas celui qui devait mourir, en vertu d’une approche fulminante : Boris Nemtsov était un fourrier du libéralisme soutenu par les Yankees, pleuré par la presse bourgeoise occidentale ; sa mort embarrasse en premier lieu Vladimir Poutine. S’émouvoir de son exécution, c’est donc désavantager Moscou en se faisant l’allié objectif de Washington. Voilà comment une vision fanatique, des œillères dogmatiques, des réflexes pavloviens, privent M. Mélenchon de toute morale, éthique et politique.

L’opposant russe liquidé fait figure d’instrument, manipulable à merci, en fonction d’une appréhension du monde l’emportant sur tout ce qui pense ou respire. Chaque événement, chaque parole, chaque personne et chaque dépouille doit s’inscrire dans une perspective, une représentation, un simulacre, une mise en scène du réel. Trois mille six cents fois par heure, la conscience de classe chuchote au militant post-stalinien : sois comptable d’une vérité toujours capable de résister aux trémolos émollients de la bourgeoisie.

Ainsi fonctionne Jean-Luc Mélenchon. Il peut, il doit partir en croisade. Renverser la vapeur impérialiste : la suppression de Boris Nemtsov n’a fait que « rendre célèbre un inconnu à la personnalité plus que trouble ». Du coup, « à qui profite le crime ? Certainement pas à Vladimir Poutine ». Donc : « La première victime politique de cet assassinat est Vladimir Poutine. »

La virevolte est stupéfiante ! La mise en récit mélange tout, dans une dramaturgie où chacun est assigné à résidence partisane : la presse bourgeoise et atlantiste, l’Amérique dominant son monde, les racistes, les nazis et les oligarques infestant la Russie, dont ce pays, malgré le vaillant et incorruptible Poutine, « met un temps fou à se débarrasser ». En un tel tableau, les restes de Boris Nemtsov n’ont pas droit à une sépulture aux yeux de Créon-Mélenchon. Il faut exhiber ce macchabée tel un vil témoignage du désordre ancien appelé à disparaître, grâce à la poigne éminente du Kremlin.

Nous retrouvons ce culte voué aux grands hommes (Mitterrand, Dassault, Chavez…) chez Jean-Luc Mélenchon. Il ne demande qu’à être subjugué, parfois, pour lui-même dompter, toujours. Là réside, chez un chef, le vice de forme antidémocratique, nuisible aux libertés publiques. En notre Ve République, son accès au pouvoir serait le pendant, à gauche, de ce que fut, à droite, l’expérience sarkozyste : la rencontre d’un ego effréné avec des institutions pousse-au-crime.

La gauche autoritaire se satisfait de toute tuerie. La gauche autoritaire laisse aux belles âmes le soin de s’émouvoir. La gauche autoritaire interprète le monde là où s’apitoient les idiots inutiles. La gauche autoritaire contemple les omelettes toujours à venir, plutôt que de déplorer les œufs cassés. La gauche autoritaire sait, tandis que la piétaille ne fait que ressentir.

Cette fascination pour la force guidant le peuple pousse Jean-Luc Mélenchon dans les bras de Vladimir Poutine. Le maître du Kremlin rêve de crier à la face du monde, en 2017 – centenaire de la révolution bolchévique : « J’ai refait la Russie ! » Poutine tire autant qu’il peut sur la corde nationale-populiste. Il aimante toutes les droites extrêmes d’une Europe dont il dénonce la décadence et les faiblesses. Il charme les conservateurs de tout poil, réactionnaires, homophobes, islamophobes (ici, notre débat « Vladimir Poutine, âme slave et idée russe »). Ce n’est pas le moindre des paradoxes que de voir une gauche déboussolée, exaspérée, soudain devenue disponible pour escorter le pire, qui lui donne le sentiment illusoire d’être vengée…

Nous ne pouvons nous résoudre à un tel prurit politique tenant lieu de doctrine, de croyance et d’espoir. L’esprit public, surtout en période de crise systémique, doit refuser l’aveuglement moutonnier. Ou l’obéissance sidérée face aux sauveurs suprêmes (auto)proclamés. La dépouille de Bori Nemtsov enjoint de refuser ce qu’attend de nous M. Mélenchon : obéir comme un cadavre (perinde ac cadaver).

Source : Fabrice Arfi et Antoine Perraud, pour Mediapart, le 5 mars 2015.


Quand Mélenchon enfile les habits de détective privé au service de Poutine

Le chef de la gauche de la gauche est devenu un ardent supporter, une groupie, du maître du Kremlin. Ses récentes déclarations en sont l’étonnante preuve. Et les mots restent les mots.

S’il fallait s’exprimer en langage « jeunes », nous dirions en toute simplicité que, parfois, Jean-Luc Mélenchon délire grave. Mais ce serait trop sympathique à l’égard du chef de la gauche de la gauche. Quand il part en vrille, Mélenchon raconte – vraiment – n’importe quoi. Ainsi est-il devenu un ardent supporter, une groupie, un fan décervelé de Vladimir Poutine. Il n’est d’ailleurs pas forcément isolé dans cette posture un tantinet débilitante. On peut fort bien adopter une position prudente dans la crise ukrainienne sans pour autant se prosterner au pied du Maître du Maître du Kremlin ainsi que le fait Mélenchon. On peut entendre, et discuter, les revendications, quelquefois légitimes, des Russes sans tenir envers Poutine le même langage enamourée que Marine Le Pen ! Jean-Luc Mélenchon, nous le savons fort bien, ne nous pardonnera pas avant longtemps cette dernière remarque, mais les mots restent les mots ; les stupidités et les bassesses, qu’elles viennent du Front National ou du Front de Gauche, demeurent à jamais des stupidités et des bassesses.

Commentant l’assassinat la semaine dernière de Boris Nemtsov, l’un des principaux opposants à Poutine, Mélenchon estime inutile d’ériger la moindre compassion envers la victime, sa famille ou ses amis politiques. À l’inverse, il le traite comme un chien, un adversaire à déchiqueter, une vipère lubrique dans la vieille tradition stalinienne à laquelle, dans notre esprit bienveillant, Mélenchon avait toujours su échapper. Eh bien, pas du tout : « Monsieur Nemtsov a été repeint en extrême ami de la liberté ». Or, selon Mélenchon, l’opposant liquidé ne serait qu’un « voyou politique ordinaire » ! Et pourquoi cette haine déclarée ?

D’abord, ce Nemtsov se serait allié au « raciste Alexey Navalny, leader libéral xénophobe ultra-violent ». Admettons. Mais en quoi cela pourrait-il justifier le meurtre ? Il y a pire, car Mélenchon fait preuve d’une abyssale mauvaise foi. Il sait pertinemment que l’extrême droite nationaliste russe est à la botte de Poutine ; il sait aussi que des groupes néonazis soutiennent sans même se dissimuler le pouvoir russe, prêts à tous les mauvais coups, à toutes les ratonnades au moindre signal du Kremlin. Comment ose-t-il, Mélenchon, passer sous silence cette si peu reluisante réalité ?

Poutine bénéficiaire des privatisations sous Eltsine

Ensuite il abhorre Boris Nemtsov parce que, sous le règne de Boris Eltsine, il aurait participé aux « privatisations qui furent en fait un véritable pillage ». La remarque de Mélenchon est fondée… À condition de préciser que Poutine et son entourage furent et sont aujourd’hui encore les principaux bénéficiaires de ces privatisations de tous les vols. À condition de rappeler que, selon les meilleurs spécialistes de l’opacité financière internationale, Vladimir Poutine compterait parmi les hommes les plus riches de la planète dissimulé derrière d’innombrables prête-noms. Il se mure dans le silence. Étrange et troublant à en devenir soupçonneux.

Plus surprenant encore, Jean-Luc Mélenchon ne se contente pas d’agonirBoris Nemtsov. Il se déguise en détective privé au service de Vladimir Poutine. Il veut à tout prix prouver l’innocence de son nouvel ami politique dans la liquidation de l’opposant russe. Du Mélenchon dans le texte, à lire au premier degré, en évitant de se poser toute question superflue : « Il combattait Poutine, Poutine habite le Kremlin sur la Place Rouge ! Bon sang, mais c’est bien sûr ! Poutine l’a tué (…). La première victime politique de cet assassinat est Vladimir Poutine ».

A qui profite le crime?

Crétins politiques que nous sommes, qui croyions avec tant de naïveté que la victime se nommait Nemtsov et, qu’au passage, la démocratie en avait pris un sacré coup en Russie. Pas du tout et Mélenchon d’en rajouter : « A qui profite le crime ? Certainement pas à Vladimir Poutine. Cet assassinat arrive pour lui au plus mauvais moment sur le plan international et au plus mauvais endroit : devant chez lui au Kremlin ». Prenons garde : l’un des principaux leaders politiques français profère de pareilles inepties sans que personne n’estime utile de réagir. Mélenchon est-il à ce point décrédibilisé ? Ou les Français se moquent-ils éperdument des stupidités qu’il peut parfois énoncer ?

Nous n’aurions pas pu en finir avec ces énormités si Jean-Luc Mélenchon, en un retournement dialectique qui lui est coutumier, ne s’en était pris à la presse internationale complice de « la propagande prémâchée des Etats-Unis ». On en vient au complot, la dernière pièce du puzzle. « Poutine, clame Mélenchon, a été aussitôt traîné dans la boue par toute la presse ‘libre, éthique et indépendante' ». Savourons ces guillemets qui veulent signifier une presse au service de l’impérialisme yankee. Il est indispensable d’en rajouter une dernière, la pire d’ailleurs, contre les journalistes qui s’escriment « à créer une ambiance de ‘sadamisation’ contre Poutine ». Saddam Hussein, oui, le dictateur irakien…

Il aurait bu, Mélenchon ? Fumé ? Il serait surmené ? Sinon, s’il reste lucide, il faut s’inquiéter, pour de bon.

Source : Maurice Szafran, pour Challenges, le 5 mars 2015.


L’édito politique de Thomas Legrand sur France Inter, vendredi 6 mars

– Patrick Cohen : Thomas Legrand, vous avez donc lu le blog de JL Mélenchon ; et sa dernière note est consacrée à l’assassinat, en Russie, de Boris Nemtsov.
– Thomas Legrand : Oui et je dois dire qu’on est abasourdi par la lecture de ce texte qui reprend grossièrement la rhétorique poutinienne.

Boris Nemtsov n’était pas la tasse de thé de Mélenchon, soit. Après tout, son passé de privatisateur à l’époque où une clique ( ?) d’hommes d’affaires se partageaient l’industrie russe en prévaricateurs ne plaide pas non + pour sa béatification mais de l’avis des démocrates russes qui luttent aujourd’hui pour une Russie plus libre – autant les écouter eux – eh bien l’homme avait changé, il était respecté et ne méritait certainement pas, juste après son assassinat, d’être traité de voyou politique ordinaire par un leader d’opposition d’un pays libre qui ne risque rien.

On aurait pu imaginer que le patron du Front de Gauche renvoie dos à dos la perspective d’une Russie ultra libérale et la Russie ultra religieuse et ethniciste de Poutine… Non, il ne semble pas choisir entre la peste et le choléra mais entre la peste bubonique libérale et un petit rhume d’extrême-droite nationaliste et liberticide de la Russie de Poutine.

D’où vient ce déséquilibre ? Soyons gentils, essayons de lui trouver une excuse : Mélenchon a une admiration romantique et sans bornes pour la gauche sud-américaine qu’il connait parfaitement. Cette gauche déteste les États-Unis – il faut dire qu’il y a de quoi : Washington a longtemps soutenu ou créé des dictatures d’extrême-droite, de Santiago à Buenos Aires. L’anti américanisme sud-américain de JL Mélenchon le rend visiblement aveugle sur la Russie.

– Patrick Cohen : Jean-Luc Mélenchon s’en prend aussi à la presse…

-Thomas Legrand : Oui et avec quelle violence ! Voici ce qu’il dit de nos confrères du Monde par ex – mais on est tous dans le même sac : « Le Monde a pieusement recopié sans nuances ni recul la notice de l’ambassade des Etats-Unis… Il a donc repeint Nemtsov aux couleurs du martyr de la démocratie et de l’Occident, qualité à laquelle n’accèdera jamais le blogueur saoudien qui reçoit chaque jour, chaque semaine, sa ration de 1000 coups de fouet… » (comme si la presse avait passé sous silence le martyre de Raif Badaoui !).

Poutine ne serait par ailleurs qu’une pauvre victime – je cite encore : « Poutine a été trainé dans la boue par toute la presse libre, éthique et indépendante » (ça c’est entre guillemets), presse dénonciatrice ardente, sur ordre des armes de destruction massive de Saddam Hussein et de tout autre article de propagande pré-mâché des USA », fin de citation. La presse aurait donc gobé en 2003 l’ histoire des armes de destruction massive selon Mélenchon… C’est évidemment faux pour les Français ;

AH BON ????????? Et les BHL & co à l’époque ????

Mais c’est un mauvais exemple, puisque le pouvoir avait cette position – à al colère d’une partie des éditocrates américanophiles. Or la presse suit très souvent le pouvoir, pas les États-Unis. Le jeu de ces dernier sets donc d’avoir un pouvoir soumis en France – et là, mission accomplished !

la presse américaine en effet, très largement, mais celle-ci a fini par le reconnaître et a multiplié les enquêtes pour démonter les mensonges d’Etat de Bush.

Ah, donc tout va bien – même si ça se reproduit dans 100 % des conflits.

Si je faisais ma Fourest 🙂 je dirais « bah alors, Hitler, il demande pardon, et zou, plus de problèmes ? » ?

La presse russe n’aura certainement pas la liberté de faire de même sur les mensonges de Poutine en Ukraine.

Ça c’est du journalisme !

Mais, ce qui est grave dans cette attitude, c’est qu’à force de répandre l’idée que nous serions tous, nous journalistes, des petits soldats du grand manipulateur américain, JL Mélenchon alimente un phénomène déjà très inquiétant : la théorie du complot et les conspirationnistes.

Genre le complot du méchant Poutine qui menace le monde – mais désolé on n’a pas de preuve, allez sur les réseaux sociaux »…?

Ils sont plusieurs responsables au Front de Gauche à ne pas partager ses emportements et ses dérives ; il serait assez sain pour ce mouvement et pour le débat public en général que ceux-ci aient enfin le courage de le lui dire et de le lui faire savoir un peu plus clairement.

Compris au FdG, on ARRÊTE d’accuser les journalistes !!!!!!!!!!!!!!!


[Libération] Autain à Mélenchon : «Ne soyons pas naïfs sur Poutine»

RACHID LAÏRECHE 6 MARS 2015 À 16:50
Clémentine Autain, figure du Front de gauche, prend ses distances avec les écrits de Jean-Luc Mélenchon à propos de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov en Russie.

Clémentine Autain, porte-parole d’Ensemble, une des composantes du Front de Gauche, s’est désolidarisée vendredi matin des écrits de Jean-Luc Mélenchon sur son blog à propos de l’assassinat de l’opposant Boris Nemtsov en Russie. Sur son blog, Mélenchon avait notamment fustigé ceux qui attribuaient la mort de l’opposant à Poutine «sans le début d’une preuve».


Pourquoi ce tweet ?

Aujourd’hui la parole du Front de gauche est associée à Jean-Luc Mélenchon parce qu’il a été notre candidat lors de la présidentielle. Or, sur ce sujet, des désaccords existent. Moi, je ne sais pas qui a tué Nemtsov. Il n’est pas certain que Vladimir Poutine soit impliqué dans cet assassinat, même s’il s’agissait de l’un de ses principaux opposants et qu’il s’apprêtait à rendre un rapport sur l’implication militaire russe en Ukraine. Mais ces dernières années ont montré qu’il n’est pas simple d’être en désaccord avec Poutine ! Ne soyons pas naïfs à son sujet. Le président russe et son entourage préfèrent la violence à la démocratie. Ils ont noué des liens étroits avec les réseaux d’extrême droite en Europe.

Notre famille politique s’attache à combattre la vision des grands médias français qui opposent les «gentils Ukrainiens» aux «méchants Russes» : la situation est autrement plus complexe. Nous voudrions entendre parler davantage des nazis ukrainiens et que les enjeux géopolitiques de nos relations avec la Russie soient mieux pris en compte. Mais de là à offrir une version outrancièrement opposée…

Mélenchon fait-il passer Poutine pour la victime ?

La première victime de cette affaire n’est pas Poutine mais Nemtsov. Etre lucide sur le jeu des Etats-Unis est une chose. Mais de là à laisser penser qu’il s’agirait d’une opération des services secrets américains, il y a un pas que les responsables politiques ne devraient pas franchir car il nourrit l’approche complotiste. A mon sens, une telle défense de Poutine ne respecte ni les aspirations démocratiques des Russes, ni les aspirations nationales complexes des Ukrainiens.

Ce désaccord montre une nouvelle fois que le rassemblement rêvé de la gauche s’annonce difficile…

Assurément, on ne se renforce pas de nos divisions. Et notre cadre collectif est aujourd’hui en panne. Après les élections présidentielles et législatives, nous aurions dû trouver une architecture nouvelle pour le Front de gauche, permettre l’adhésion directe, mettre en place des instances démocratiques de décisions qui auraient pu permettre de sortir d’un cartel entre le Parti de gauche et le Parti communiste français. Il est urgent de reprendre l’ouvrage, en visant plus large, plus neuf.

Est-ce qu’on peut trouver une note d’espoir ?

Syriza et Podemos ont ouvert l’espoir ! En France, face au désastre de la politique gouvernementale et à l’ascension de l’extrême droite, nous avons la responsabilité de refonder une perspective de transformation sociale et écologique. Les Chantiers d’Espoir, dont le prochain rendez-vous est le 11 avril, entendent participer de ce mouvement aussi indispensable qu’urgent.

Rachid LAÏRECHE


La réponse de Mélenchon à Autain, 7/3/2015

Clémentine Autain, pour qui j’ai estime et amitié personnelle très vives, engage avec moi dans ”Libération” une polémique que je déplore dans la mesure où ses conclusions sont exactement les mêmes que les miennes à propos de la situation en Ukraine et en Russie. J’admets parfaitement que l’on soit en désaccord avec mes propos. Encore faut-il les respecter. Je veux la rassurer : je n’ai jamais écrit que Poutine était ”la première victime de l’assassinat de Nemtsov” comme elle l’affirme hélas, ce que reprend en gros titre de ”Libération”. J’ai écrit qu’il était la première victime POLITIQUE. J’ai clairement déploré la mort de monsieur Nemtsov et exprimé ma compassion pour sa famille. On notera que j’ai toujours condamné la violence armée en politique, dans cette circonstance comme dans toutes les autres. J’ai écrit de nombreux textes sur ce thème, notamment à l’occasion de l’assassinat de nos camarades Choukri Belaïd et Mohamed Brahmi en Tunisie. Je ne relève pas les silences dans cette circonstance car j’estime que je portais la parole de tous en me rendant sur place.

Je veux encore rassurer Clémentine Autain : je n’ai jamais écrit que Nemtsov a été assassiné par ” les services secrets USA”. Car je ne le pense pas. Non parce qu’ils en seraient incapables. Ils ont assassiné assez de dirigeants de gauche en Amérique latine et dans le monde pour qu’on les sache prêts à tout. Mais j’ai écrit que, s’il faut chercher, mieux vaudrait plutôt regarder du côté de l’extrême droite nationaliste russe. Par conséquent je ne suis pas concerné par la remarque fielleuse par laquelle elle conclut hélas son propos sur cette base inventée. Pourquoi se sent-elle obligée de dire : ”Mais de là à laisser penser qu’il s’agirait d’une opération des services secrets américains, il y a un pas que les responsables politiques ne devraient pas franchir car il nourrit l’approche complotiste”. Voici ce que j’ai écrit : ”Boris Nemtsov était un opposant extrêmement confortable pour Poutine car il était caricaturalement acquis aux ennemis de la Russie. Il était donc sans aucun danger politique et parfaitement inconnu de « l’opinion occidentale » avant sa mort. Je n’en dirais pas autant des milieux de l’extrême droite Russe. Celle-ci est aspirée dans une surenchère permanente et des compétitions mortelles depuis que des « amis de l’Europe » comme l’antisémite Alexey Navalny en rajoutent sans cesse dans l’hystérie xénophobe et ultra nationaliste”. Le reste se lit sur mon blog.

Je recommande à mes amis, et à ceux qui se disent tels, de se reporter à ce que j’écris plutôt qu’à ce qui s’en dit. De plus, mon propos et mon analyse concernent le risque de guerre mondiale et désastreuse pour la civilisation humaine que contient la situation en Ukraine du fait de l’avancée de l’OTAN. Je produis à cette occasion une analyse géopolitique depuis de nombreux mois (http://bit.ly/1nv3Mvo). Mon propos n’est pas de faire une ”défense de Poutine”, et encore moins comme on le devine de proposer une ”version outrancièrement opposée” à celle si remarquablement modérée de ceux avec qui je me confronte…

Comme le dit très bien Clémentine Autain: ”Notre famille politique s’attache à combattre la vision des grands médias français qui opposent les «gentils Ukrainiens» aux «méchants Russes» : la situation est autrement plus complexe. Nous voudrions entendre parler davantage des nazis ukrainiens et que les enjeux géopolitiques de nos relations avec la Russie soient mieux pris en compte.” C’est très exactement ma position.

Quant au fait de répondre à ”Libération”, c’est s’exposer aux manipulations habituelles de ce ”journal”, dont le but ici est résumé dans une de ses ”questions” : ”Ce désaccord montre une nouvelle fois que le rassemblement rêvé de la gauche s’annonce difficile…”. Pour ”Libération” hors du PS, point de salut et toutes les occasions de me diaboliser sont les bienvenues. Personne n’est obligé de tomber dans le panneau aussi facilement. JLM

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POUR OU CONTRE LA GUERRE AVEC LA RUSSIE ?, 8/3/2015

J’aurais bien des sujets à traiter autres que celui de la préparation de la guerre contre la Russie. Mais une polémique d’une incroyable hargne a été déclenchée contre moi (je rappelle que c’est moi qui suis censé être agressif) sur ce thème. Je n’en suis pas surpris. Deux semaines avant les élections départementales proclamées gagnées d’avance par le FN, déclencher une polémique contre moi dans le style du dénigrement avilissant est une manœuvre certes frustre mais assez traditionnelle. Cependant il est stupéfiant qu’un journaliste comme Thomas Legrand s’y abandonne en appelant un matin sur « France inter » les dirigeants du Front de gauche à prendre leurs distances avec moi ! Depuis que je lui ai refusé une interview pour le journal « LUI », où il travaille aussi, je le sens encore plus crispé qu’il l’est d’habitude du seul fait de ses opinions politiques. Il n’en est pas à sa première sortie en chaussures cloutées. L’élégant personnage avait démissionné des « Inrocks » parce que sa rédaction en chef était dirigée par madame Audrey Pulvar au motif que son compagnon était alors ministre ! Cette campagne de dénigrement vient à la suite de celle menée contre moi à propos de la Grèce. Elle prend place dans l’objectif de diabolisation de mon personnage qui est la forme du combat dorénavant contre tous les porte-paroles de l’autre gauche en Europe. Pendant ce temps la masse des publi-reportages pour le FN ne ralentit pas un jour. Ceci va avec cela.

En toute hypothèse, je ne crois pas un instant que ceux qui m’ont accablé à propos de la Russie pendant plusieurs jours soient réellement intéressés par ce que je dis vraiment sur le sujet. Il suffit de me lire pour vérifier que ce qu’on m’impute ne se trouve pas dans mon propos. Leur but est d’utiliser ce que je dis pour interdire la parole dissidente et surtout pour contribuer par ce moyen même au bourrage de crâne en faveur de la guerre.

Je veux cependant résumer mon point de vue en une phrase : je suis opposé à la guerre qui se prépare contre la Russie. Totalement. Irrémédiablement ! Oui, je suis en campagne contre le danger de cette guerre ! Je dis bien : en campagne. La seule arme dont je dispose est ma parole, mes écrits dont j’essaie de faire des outils de désintoxication.

Je n’ai pas choisi la polémique et l’outrance des attaques qui me sont faites. Je les subis. J’attends de mes amis qu’ils ne les relaient pas. Et pour les plus courageux qu’ils viennent m’aider dans le but que je poursuis : lutter contre la préparation de la guerre avec la Russie. Mes adversaires sont toujours les mêmes sur ce sujet comme sur tous les autres, les mêmes journalistes, les mêmes médias. Leur méthode toujours la même : le dénigrement personnel, la falsification des propos. Et, bien sûr, l’assignation au « camp adverse ». Le grand Jaurès était lui aussi décrit comme un agent allemand parce qu’il combattait la préparation de la guerre dont il savait qu’elle serait mondiale. Beaucoup d’entre nous ont déjà été repeints en agent de Saddam Hussein, en ami de Bachar el Assad ou de Kadhafi chaque fois que nous avons refusé la guerre qui, parait-il, devait tout régler tout arranger. Le spectacle du monde fait de la paix un enjeu ! Il faut jeter ses forces dans cette partie dont dépend la civilisation humaine !

Pas de guerre avec la Russie ! JLM

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Commentaire recommandé

Pascalcs // 08.03.2015 à 05h25

Eh oui, la disproportionalité et la violence de la contre-attaque médiatique temoigne de l’extrême tension qui règne desormais dans les salles de rédaction de nos rapporteurs de la vérité. Il faut endiguer et dénigre immédiatement toute interrogation et doute ouvertement affichés vis à vis de l’évangile officielle. Je doute que JLM ou tout autre semeur de doute (ce blog compris) puissent infléchir de manière significative la quantité de mouvement imprimée à l’histoire actuelle par des forces et des puissances d’une dimension massive.
Quand je vois, à ma très modeste échelle personelle, la difficulté extrême que je rencontre dans mon cercle familial ou celui d’amis proches, à non pas leur faire changer d’avis mais seulement les amener à se poser des questions vis de là verité médiatique officielle et des certitudes qu’elle construit en eux, cela ouvre les yeux. Et pourtant, j’ai plutot à faire à des gens, par ailleurs, doués d’un sens critique nécessaire et poussé dans leur activité professionnelle quotidienne.

163 réactions et commentaires - Page 2

  • Bruno // 09.03.2015 à 17h37

    Et un reportage russophobe gratuit ! Un de plus !

    http://www.lemonde.fr/europe/article/2015/03/09/les-nominations-tres-speciales-de-vladimir-poutine_4590143_3214.html

    Le Monde qui s’en est visiblement fait un devoir, en pond un par jour environ, pour tous les prétextes possibles et inimaginables. C’est devenu une sorte de ligne éditoriale: commandée par qui? Les BHL’s de service? Quel en est le but ?

    Ce n’est pas chez nous qu’un président de la république ramperait devant les pires dictateurs ou remettrait une légion d’honneur par pur copinage aux pires des récipiendaires.

    http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/legion-d-honneur-quand-sarkozy-107842

    http://moubamba.com/2010/03/01/nicolas-sarkozy-remet-en-catimini-la-legion-dhonneur-francaise-a-un-dictateur-gabonais/

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  • Maud // 09.03.2015 à 18h45

    Ne commencez pas votre billet par l’éternel : je ne suis pas un inconditionnel de Mélenchon. Ne faites pas comme tout le monde. Il n’est pas question ici de Melenchon mais de l’éthique journalistique, du minimum d’honnêteté vis à vis de ses lecteurs qui fait la différence entre propagande et information : une vaste sujet souvent analysé et où la France journalistique ne brille guère d’où la méfiance grandissante du lectorat .Je suis néanmoins obligée de reconnaître que le confusion est fréquente au niveau des commentateurs d’où cette impérieuse nécessité sans doute.

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  • Julie // 09.03.2015 à 22h44

    et déstabiliser la Russie ça fait affluer des capitaux à Londres, qui en a bien besoin.
    vu d’ici nos atermoiements ne semblent d’aucun poids. la descente aux enfers d’HSBC fait la une mais la machine à recycler le fric va pour le mieux, merci. il y a même une émission télé qui fait chaque semaine la comparaison entre « où acheter une maison » GB/n’importe où ailleurs… tout un programme…
    quand on se demandera comment des républiques et des monarchies avec des lois aussi différentes sur le travail au noir et l’usage de paradis fiscaux prétendent faire ensemble l’UE, on aura déjà la moitié de la réponse au problème.

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  • filipos // 09.03.2015 à 23h12

    Quelqu’un pourrait-il m’expliquer pourquoi sur cet excellent site, on appelle encore ce genre de personnages des journalistes ?

    Je suis sérieux dans ma question.

    J’en ai assez que l’on confonde la fonction de journaliste avec ces faiseurs d’opinions, ces représentants de commerce, ces propagandistes.

    Nous sommes aux alentours de quarante cinq millions d’électeurs, qu’est ce que nous en avons à faire de l’avis d’UN « éditorialiste », d’UNE « journaliste », d’UN « chroniqueur ».

    Nous devons leur refuser ce titre de journalistes une fois pour toute, trouvons leur un autre nom et arrêtons de les critiquer en tant que journalistes ce qui leur fait croire qu’ils le sont. Et mieux ignorons les et appelons à les ignorer.

    Allez Olivier, lance un concours pour leur trouver une nouvelle dénomination !

    Pour illustrer mon propos, rappelons une fois encore ce qui figure dans leur charte d’éthique :
    (http://www.snj.fr/content/charte-d’éthique-professionnelle-des-journalistes)

    « Le journalisme consiste à rechercher, vérifier, situer dans son contexte, hiérarchiser, mettre en forme, commenter et publier une INFORMATION de qualité […]

    « C’est dans ces conditions qu’un journaliste DIGNE DE CE NOM :

    […] Refuse et combat, comme contraire à son éthique professionnelle,TOUTE CONFUSION ENTRE JOURNALISME ET COMMUNICATION… »

    On leur demande de nous INFORMER, pas de nous vendre leurs opinions, convictions, idéologies personnelles ou partisanes !

    Est-ce que la confession de Ulfkotte, « journalistes vendus » ne nous suffit pas pour nous faire définitivement notre idée sur cette question ?

    http://www.les-crises.fr/journaliste-allemand-presse-cia/

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  • anne jordan // 09.03.2015 à 23h23

    excellent – et terrifiant – article !
    merci @M.R d’avoir remis un peu de perspective dans ce merdier …

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  • Vassili Arkhipov // 10.03.2015 à 09h55

    on va dire que j’ai mauvais esprit, mais il a pas un air de BHL le gars à la droite de Poincarré sur la photo? =)

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