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29.mai.201629.5.2016 // Les Crises

En Espagne, cette lettre à Bruxelles qui dérange Mariano Rajoy, par Romaric Godin

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Source : La Tribune, Romaric Godin, 24-05-2016

Mariano Rajoy embarassé par une lettre envoyé à Bruxelles. (Crédits : JUAN MEDINA)

Mariano Rajoy embarassé par une lettre envoyé à Bruxelles. (Crédits : JUAN MEDINA)

En pleine campagne électorale, la presse espagnole publie une lettre du chef de gouvernement à Jean-Claude Juncker qui promet de nouvelles coupes budgétaires. Des révélations gênantes.

C’est un coup de tonnerre dans la nouvelle campagne électorale espagnole. Ce mardi 24 mai, le quotidien madrilène El País a rendu public une lettre de l’actuel président du gouvernement espagnol, Mariano Rajoy, au président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker. Dans cette lettre, datée du 5 mai dernier, le locataire de la Moncloa se dit « disposé, une fois qu’il y aura un nouveau gouvernement, à prendre de nouvelles mesures budgétaires dans la seconde moitié de l’année. »

Levée de bouclier

Cette lettre a déclenché une levée de bouclier de la plupart des partis qui s’opposent dans la campagne au Parti populaire (PP), du chef du gouvernement sortant. Le secrétaire général du parti socialiste (PSOE), Pedro Sánchez, a accusé Mariano Rajoy de « mentir sans pudeur ». A Ciudadanos, parti de centre-droit, on lui reproche de « s’engager vis-à-vis de Bruxelles sans savoir s’il gouvernera ». Enfin, Unidos Podemos, l’alliance de la gauche radicale regroupant Podemos, ses alliés régionaux, les Communistes et les Verts, évoque, par la voix de la députée européenne Marina Albiol un « programme occulte du PP ».

Mise en danger du programme du PP

Il est vrai que la publication de cette lettre met en danger l’essentiel du programme économique du PP et de Mariano Rajoy. Ce dernier promet en effet certes de respecter la trajectoire fixée par la Commission, mais il promet de se limiter aux 4 milliards d’euros d’économies prévues cette année et de baisser les impôts ensuite pour dynamiser la croissance. Compte tenu du niveau du déficit public en Espagne, 5,1 % du PIB à la fin de l’année 2015, beaucoup d’observateurs se sont inquiétés des incohérences de ce programme, mais le PP a toujours rétorqué que ce programme était réaliste. Avec cette carte, il semble que Mariano Rajoy soit d’ores et déjà prêts à écorner ces promesses au nom de la trajectoire budgétaire et du respect des engagements européens.

Bienveillance ciblée ?

Faut-il voir un lien entre cette missive et la décision de la Commission européenne, mercredi 18 mai, de ne pas engager de procédure de sanctions à l’égard de Madrid et de Lisbonne ? Selon le quotidien El Mundo du 20 mai, citant des sources gouvernementales espagnoles, l’Allemagne, Jean-Claude Juncker et les Conservateurs européens auraient été des partisans déterminants de la mansuétude de Bruxelles. Ce n’est pas le moindre des paradoxes de la part d’un camp souvent très sévère en matière d’orthodoxie budgétaire. Mais il semble qu’ayant eu les garanties de la lettre du 5 mai, Berlin et le PPE aient pu juger qu’il n’était pas temps de lancer une procédure qui aurait été préjudiciable à la campagne du PP. Mariano Rajoy tente, en effet, d’apparaître comme le candidat du respect des engagements européens et du « sérieux ». Une procédure de sanction contre sa gestion aurait sans doute été pénalisé cette campagne.

Un problème de méthode

Reste que la publication de la lettre pose un problème également. Sur la méthode, d’abord. Cette « lettre secrète » sur des mesures supplémentaires qui pourraient s’élever à 12 milliards d’euros n’est pas un détail. Tout se passe comme si, avec la bénédiction de la Commission – habituellement si prompte à dénoncer le procédé – le chef du gouvernement voulait se dissimuler derrière le prétexte d’une décision « d’en haut », autrement dit de Bruxelles, s’imposant à l’Espagne et le forçant à imposer une nouvelle cure d’austérité, une fois le scrutin passé.

Pourquoi Mariano Rajoy est-il si sûr de lui ?

Cette lettre pose un autre problème : celui d’un Mariano Rajoy sûr de rester au pouvoir, lui ou un membre du PP pour lequel il peut s’engager, après les élections du 26 juin. L’explication en est simple : comme Pedro Sánchez a échoué à allier autour du PSOE Ciudadanos et Podemos, le PP se considère, dans le cas d’une stabilisation des forces politiques, incontournable pour constituer un futur gouvernement. Dans le cadre des négociations, il suffira de faire du respect de la trajectoire dressée par Bruxelles une condition de l’alliance pour, in fine, après la revue de la Commission en juillet, imposer aux alliés, sans doute Ciudadanos, voire le PSOE, les « nouvelles mesures ». Dans ce cas, Mariano Rajoy ne s’est pas engagé que pour le PP mais pour ses futurs alliés…

Blocage politique

Cette publication peut profiter in fine à Unidos Podemos qui, précisément, après des débuts délicats, commence à progresser dans les sondages. Le 20 décembre, Podemos et ses alliés et Izquierda Unida avaient, ensemble, obtenu 24,4 %. Le dernier sondage réalisé par NC Report lui attribue 24,9 % des intentions de vote, ce qui le place en deuxième position derrière le PP (30,4 %, +1,7 point), mais devant le PSOE (21,1 %, -0,9 point) et Ciudadanos (14,5 %, +0,6 point). Dans ce contexte de grande stabilité des positions et compte tenu de la loi électorale espagnole qui favorise les grands partis, Unidos Podemos peut espérer progresser en sièges et peser davantage dans les négociations gouvernementales. Dans ce cadre, la question budgétaire sera centrale. Unidos Podemos réclame une renégociation des engagements avec Bruxelles. Une promesse qui sera aussi difficile à tenir que celles du PP.

Source : La Tribune, Romaric Godin, 24-05-2016

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Commentaire recommandé

Gier 13 // 29.05.2016 à 06h40

Ou l’on constate, là-bas comme chez nous, que la démocratie et la représentation du peuple sont biaisés et comptent fort peu dans les « démocraties » européennes.
D’abord un système électoral qui surreprésente les grands partis de pouvoir. Des pans entiers de la population espagnole ne sont donc pas représentés.
Ensuite un premier ministre qui n’attend pas le résultat des urnes et se considère déjà comme vainqueur.
Ce même premier ministre qui s’engage vis à vis de Bruxelles sur des mesures dont il n’a pas l’intention de parler durant sa campagne électorale. Ça me rappelle quelqu’un chez nous !
Enfin, on voit qui est le vrai boss…celui auprès de qui Mariano s’engage, celui auprès de qui il va rendre des comptes, et prendre les ordres, pas le Peuple, ni le Citoyen, non, l’escroc Junker, le roi de l’évasion fiscale et la chose immonde, la commission européenne.
Il faut détruire l’UE !

29 réactions et commentaires

  • Cyberhomosapien // 29.05.2016 à 04h21

    Point commun entre la France et l’Espagne ; les socials traitres se retrouvent derrière la vraie gauche.
    C’est aussi ce qui vient de se passer à Nice ou le Front de gauche est passé (3 sème) devant le PS (4 sème avec à l’élection locale visant à remplacer le siège d’Estrosi devenu entre temps Président de la région PACA.
    Premier tour des élections législatives partielles à Nice le 22 mai 2016, Marine Brenier LR totalise 47 % des voix. Derrière elle, le FN pointe à 30 %, le Front de gauche à 7 %, le PS à 6 % et Alliance écologiste à 4 %

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    • Macarel // 29.05.2016 à 09h38

      Tsipras, c’était la « vrai gauche » en Grèce, il a fini par se coucher. Alors pas trop de fantasmes au sujet de Podemos, ou du FG !

      L’UE est irréformable dans un sens plus social, l’unanimité des 28 est requise. Autant dire à Pâques ou à la trinité.
      Les partis de « vrai gauche » qui font croire qu’ils vont infléchir l’UE dans un sens plus social, mentent à leurs électeurs. Après les mensonges de la fausse gauche, n’ajoutons pas ceux de la « vrai gauche ».
      La priorité est de récupérer notre souveraineté, donc il faut se poser sérieusement la question d’une sortie de l’UE (qui est consubstantiellement néo et ordo libérale, c’est coulé dans le marbre des traités et atlantiste), la sortie de l’euro, et la sortie de l’OTAN, dans une démarche gaullienne.
      L’UE est une construction des oligarchies européennes, sous contrôle de la ploutocratie américaine. Voilà la vérité, qui n’est pas bonne à dire.
      L’Europe c’est autre chose, ce sont des peuples, une géographie, des cultures, une histoire souvent tumultueuse certes, mais riche. Il n’y a pas de peuple européen, donc pas de possibilité de démocratie européenne. Par contre l’on peut promouvoir la coopération de nations européennes, dans des projets bien ciblés, l’on a vu que ça a marché pour l’espace ou l’aérien.

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      • LS // 29.05.2016 à 16h47

        Oui, d’accord avec vos propos et d’accord que l’UE est irréformable en l’état. Mais c’est un colosse au pied d’argile. Les (petites) crises actuelles et leur gestion calamiteuse montrent que le système en place explosera quand la pression (les incohérences) sera trop forte. Néanmoins, j’ai de forts doutes que la majorité de la population soutienne une sortie unilatérale pour l’instant. De plus notre ami Valls nous a promis la guerre civile si le vainqueur de l’élection veut sortir du système, ce qui a été bien compris par ceux favorables, dans mon entourage et sans que je le leur explique, au maintien dans l’UE. Bref, je pense qu’il va falloir malheureusement attendre l’explosion.

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  • Gier 13 // 29.05.2016 à 06h40

    Ou l’on constate, là-bas comme chez nous, que la démocratie et la représentation du peuple sont biaisés et comptent fort peu dans les « démocraties » européennes.
    D’abord un système électoral qui surreprésente les grands partis de pouvoir. Des pans entiers de la population espagnole ne sont donc pas représentés.
    Ensuite un premier ministre qui n’attend pas le résultat des urnes et se considère déjà comme vainqueur.
    Ce même premier ministre qui s’engage vis à vis de Bruxelles sur des mesures dont il n’a pas l’intention de parler durant sa campagne électorale. Ça me rappelle quelqu’un chez nous !
    Enfin, on voit qui est le vrai boss…celui auprès de qui Mariano s’engage, celui auprès de qui il va rendre des comptes, et prendre les ordres, pas le Peuple, ni le Citoyen, non, l’escroc Junker, le roi de l’évasion fiscale et la chose immonde, la commission européenne.
    Il faut détruire l’UE !

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  • Robert // 29.05.2016 à 07h49

    L’héritage d’Ignace de Loyola semble bien vivant au PPE comme au PP Espagnol …

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  • georges glise // 29.05.2016 à 08h42

    il faut espérer que les espagnols chasseront tous les ripous! sinon ils dégusteront encore plus d’austérité!

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  • isary // 29.05.2016 à 09h00

    que sait-on,à ce jour,sur le chemin parcouru par cette lettre censément secrète et qui se retrouve dans El Pais?
    C’est quand même ballot de la part de Rajoy…..Il ne se protège pas plus contre la colère du bon peuple?
    D’ailleurs,quelles ont été les réactions après la publication de ce document dans les jours qui ont suivi?Quelqu’un,ici,a des infos?
    Bon dimanche,

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  • Macarel // 29.05.2016 à 09h58

    Jacques Sapir explique encore une fois, que l’UE est construite sur des bases juridiques, qui n’ont pas été pensées pour promouvoir le progrès social dans les pays membres.
    L’UE c’est un grand marché, où la règle de base est « la concurrence libre et non faussée », et où il ne peut y avoir de limitation à la circulation des capitaux, y compris vers l’extérieur de l’UE.

    Le Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance correspond donc bien à une étape décisive dans le processus qui tend à priver les Etats souverains de leur souveraineté. Avec ce traité, une partie importante des compétences budgétaires, qui sont au fondement même de la démocratie, est retirée au Parlement français (ainsi qu’à celui des divers pays membres de la zone Euro). Par ce traité, l’Union européenne a donc réussi le coup de force qui a abouti, sous des apparences purement techniques à retirer du champ du débat politique le politique économique et sociale d’un pays.

    La « vrai gauche » ne peut donc comme elle le prétend orienter l’UE vers quelque chose de plus social, d’autant plus que l’unanimité des 28 serait requise pour de tels changements. Tsipras en a fait la cruelle expérience, et le peuple grec encore plus !

    « Errare humanum est, perseverare diabolicum ! »

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    • Macarel // 29.05.2016 à 10h07

      L’article de J.Sapir :

      http://russeurope.hypotheses.org/4990

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      • geoffrey // 29.05.2016 à 17h18

        bonjour, bonsoir,
        bien vu, bilout’ : – )
        je viens à l’instant de lire l’article du grand Jacques…
        effectivement, ça va faire mal ! mais les gens ne sont plus marxisés, c’est le grand problème : ce sont des veaux pour la grande majorité, et les coco’-cadres sont trop heureux de gérer la masse sans efforts. il n’y aura pas de réveil, comme pour l’empire romain !!!
        selon moi, c’est déjà plié – seule l’extrême-droite de l’Est européen peut encore y changer qqch (et pas forcément la tendance raciste…). d’ailleurs, ils ont bien évolués sur plrs thèmes, les neo-nazi-zis
        cordialement
        geoffrey, communiste belge

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  • Jean // 29.05.2016 à 10h15

    Ce qui est étonnant c’est la naïveté de certains alors que le néolibéralisme utilise à chaque fois les mêmes ficelles pour parvenir au pouvoir, procède méthodiquement au pillage des nations ciblées en suivant la même procédure et s’oppose ensuite avec la même violence à la colère du peuple et cela depuis des dizaines d’années. Il serait peut-être temps d’apprendre et de trouver un moyen efficace de défendre le bien commun, avant de finir comme ont finis -tous- les pays dans laquelle cette peste ultralibérale s’est installée.
    Si vous voulez connaitre l’état de la France dans quelques années, regardez ce qui passe en Grèce aujourd’hui ou ce qui est arrivé à l’Argentine dans les années 1990 et ne pensez pas que nos gouvernants l’ignorent.

      +37

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    • Jean // 29.05.2016 à 10h50

      La première chose à faire n’est pas de se diviser en fonction de la façon dont nous souhaiterions que ce pays soit gouverné mais au contraire de rassembler tous ceux, de l’extrême droite à l’extrême gauche, qui tiennent suffisamment à leur pays et à ses traditions pour s’opposer à ce que ce néolibéralisme va produire. L’urgence c’est de défendre notre pays contre une occupation étrangère car nous avons déjà perdu la bataille qui l’a livré à des intérêts qui ne sont pas les nôtres.
      Il faudra ensuite trouver le moyen de réveiller les endormis qui pensent s’informer en regardant la TV, en écoutant la radio ou en lisant la presse d’un pays qui n’est plus souverain. Nous sommes en guerre et ceux qui en doutent se réveilleront groggy dans une réalité qui serra devenue un cauchemar.

        +38

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      • Ailleret // 29.05.2016 à 11h37

        Vous avez raison, Jean, le Système qui nous asservit adore tout ce qui ravive le vieux clivage droite-gauche. Sur ce blog, nous avons identifié l’ennemi principal : l’Union européenne. Elle menace de mort nos pays et nos sociétés. Il faut la dénoncer sans détour et sans relâche. Il faut ignorer les divisions qui nous paralysent, et considérer quels sont les moyens concrets de mettre en échec la tyrannie européiste, avant de la détruire.

        Signe encourageant : Marine Le Pen appelle au retrait de la loi El Khomri, même si son conformisme de droite l’empêche de soutenir pleinement le mouvement social.
        http://carnetsdesperances.fr/2016/05/25/la-france-exasperee/

        Lorsque notre pays était occupé par les troupes du IIIe Reich, le Parti communiste avait inspiré un Front national pour rassembler tous les patriotes. Contre les directives et les roquets du IVe Reich, cette stratégie du Front résistant doit être sérieusement envisagée, comme le soutient Jacques Sapir : le mouvement social actuel en est une occasion. Vive la CGT !

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  • Nico 13 // 29.05.2016 à 12h05

    Attendez, il faut qu’on m’explique quelque chose !
    On nous a répété inlassablement que l’Espagne allait mieux.
    Mais si le pays va mieux, comment ça se fait que Rajoy ait été obligé de mentir à son peuple et qu’il a promis à Juncker de tailler encore dans les dépenses ?

      +12

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  • rouille // 29.05.2016 à 12h07

    l’UE a réussi à installer des démolisseurs et des traîtres à la tête de chaque pays catholique. Ils ont réussi aussi à dynamiter les grandes entreprises nationales pour affaiblir le potentiel industriel de chacun de ces pays… l’UE est un réel danger pour l’Europe Catholique…

      +4

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  • Álvaro // 29.05.2016 à 12h25

    Je doute qu’on puisse utiliser aujord’hui le mot « radicale » pour la gauche en Espagne(et ailleurs). Gauche « radicale » c’est bien loin de la vérité, (et en Espagne, ce mot est directement péjoratif) puis le discours de l’article est trop pollué: Vous parlez de centre-droit pour un parti, Ciudadanos, qui est clairement positioné à droite, voir plus loin. Droite et gauche c’est toujours les mêmes, et on devrait pas le confondre comme ça, en plus si après on écrit des articles de politique.
    Ce blaireau de Rajoy est sûr de lui car il connaît bien le pays qu’il dirige et son entourage, rempli de blaireaux et ignorants encore pires que lui.
    On est mal barrés.

      +6

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  • Vincent // 29.05.2016 à 12h28

    La publication de cette lettre est pour moi à voir comme un « stress test ». De même pour les différentes fuites autour de tafta etc. C’est à dire qu’on laisserait volontairement filtrer l’info pour ensuite observer les réactions et en déduire la marge de manœuvre laissée possible par les peuples, assommés par le nombre de sujets qui pourraient -devraient- susciter un mouvement de contestation.

    Tant que les peuples d’Europe continueront à s’observer mutuellement sans fédérer un mouvement contestataire uni qui irait directement à Bruxelles, la place est libre pour les réformes à la Milton Friedman !
    En attendant, en Espagne comme en Grèce, dès que les « vraies gauches » ont eu atteint la possibilité d’intégrer les parlements, toute idée de changement des règles de la représentativité s’est éteinte, au profit des luttes d’influence.
    Il semble que l’accès aux privilèges ne soit pas vraiment moteur de courage politique.
    Il semble aussi qu’assumer la responsabilité de devenir citoyens plutôt que de rester électeurs en refroidisse plus d’un…
    A quand une lettre à Junker signée par un lobby des citoyens de l’UE ?

      +22

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    • Wilmotte Karim // 29.05.2016 à 22h34

      Les fuites autour du TAFTA/TTIP proviennent d’un très gros travail de militant, et ce depuis des années.

        +4

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  • LS // 29.05.2016 à 17h04

    Le peuple espagnol (entre autre) n’est pas prêt de s’en sortir. Il veut le beurre et l’argent du beurre : la rupture d’avec la politique actuelle mais un maintien dans la structure (l’UE) qui impose cette politique, d’où une absence de majorité claire. On a, pour l’instant, la même situation en Grèce et au Portugal.
    Comme je pense que la situation économique et sociale va empirer, je suis curieux de voir comment les résultats des urnes va évoluer s’il n’y a pas d’explosion avant.

      +1

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  • tchoo // 29.05.2016 à 18h22

    On ne peut pas comparer le poids de la Grèce et celui de l’Espagne au sein de l’Europe, encore moins avec celui de la France.
    Même si il y a aucune chance d’influer la direction de l’UE de l’intérieur, tant qu’on y est il faut le tenter, tout en préparant la sortie
    Plus facile à dire qu’a faire
    car nous ne sommes jamais à l’abri de la trahison des politiques élus,
    mais au moins pouvons nous entendre ceux ou celui qui veut tenter de nous sortir de là…
    sinon il reste quoi?
    à part rêver d’un grand soir qui n’arrivera jamais

      +1

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  • Andrae // 29.05.2016 à 18h34

    Soumissions…

    En Irlande, ils sont fiers d’être Européens, d’avoir l’euro (et les subventions qui vont avec) contre l’ancien / actuel ennemi, sans l’euro etc. etc. – la Grande-Bretagne.

    En plus, la tolérance du coté des banques-manigances, un favoritisme du bout des doigts UE mais néanmoins très conséquent, convient. (Sociétés, impots bas etc.) Cela rapporte *bcp* d’investissements et de postes de travail. Je ne critique pas les Irlandais! Un peuple soumis, souffrant, et décimé depuis toujours cherche des appuis, des alliances plus larges, une fierté, etc. Thérapie de choc: boom and bust, vassaliation. “On s’en sortira pcq – Européens!”

    Et: l’Ecosse, qui a voulu se séparer de la G.B. mais… rester dans l’UE, sans vraiment le dire ou affronter cette question, comment réaliser le truc, etc.

    La Catalogne est dans le même scénario. Tout cela correspond à la politique de l’UE de Régionalisation. Des régions (pays) font partie de l’UE mais *in fine* ont, après leur ‘glorieuse indépendance’, sous-entendu, de leur Gvmt. Central qui casse les pieds, aucun pouvoir.

    L’Espagne (Gvmt. central) joue la carte (probablemt obligée) de la soumission à n’importe quoi, en partie par peur de dislocation.

      +1

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  • pas de pseudo 78 // 29.05.2016 à 19h15

    Vous écrivez : « chacun est libre de créer son propre blog pour y faire valoir ses idées « .
    A quoi, après avoir perdu plusieurs fois beaucoup de mon temps à tenter de contribuer à votre blog, je réponds avec beaucoup de tristesse et non sans une immense déception car ça n’est pas donné à tout le monde de pouvoir ou savoir  » techniquement  » créer et gérer son propre blog et ça n’est pas de cette façon que j’apprendrai à m’exprimer publiquement ; en quoi j’ai tout à apprendre ! Je suis trop vieille certainement pour que vous ayez les moyens et la patience de me laisser grandir. Dommage, car pour moi, contribuer, c’est le début, le fondement et la base de la démocratie et de la citoyenneté.
    Alors en ce cas, je ne peux plus me considérer comme adhérente à ce blog donc  » bon vent, merci, et adieu », faute de mieux ! (mais je viendrais lire autant que cela me sera possible).
    egc

      +4

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  • Bouddha Vert // 29.05.2016 à 22h51

    « L’ Europe » a voulu le libéralisme économique, et le monde, bon an mal an, a fini par suivre.

    Les élites des anciens monde ont fini par apprécier de se retrouver à la tête d’états où les capitaux abondent, le travail aussi mais surtout les richesses !
    Aujourd’hui nos dirigeants européens, pour conserver leurs privilèges voudraient nous voir plier le joug pour continuer de statuer mais à la tête d’une montagne d’esclaves… les mêmes que ceux où nos anciens capitaux nationaux sont partis !
    Comment en vouloir à nos familles de dirigeants ?
    Et comment défendre la volonté de nos peuples à vouloir conserver leurs avantages dans un monde de misère ?
    Voilà ce que pourrait en dire un extra-terrestre en nous regardant depuis la stratosphère !

    Notre vaisseau est petit et fragile et ces occupants nombreux et lancés sur la vague du désir.

    Monde économique qui ne se sert que d’outils de flux là où il faudrait des outils de stocks et de volumes, sinon, évidemment on y comprend rien et on ne voit rien venir.

    OB, à quand un article sur les stocks pour imprimer les fondamentaux qui dicterons nos désirs ?

      +1

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  • christian gedeon // 30.05.2016 à 11h23

    Je vais probablement me faire traiter de tous les noms d’oiseau…mais,ces syriza et autres podemos m’inspirent une méfiance terrible…ils sont tellement « européens  » en quelque sorte. Une bonne partie de leur « programme  » va même au delà des espoirs les plus fous de « Bruxelles » ,en fait. Plus de frontières du tout,un « anti nationalisme « affiché et exacerbé,un appui forcené aux « indépendantismes  » locaux,pour ne pas dire ethniques, un mépris étonnant pour les industries créatrices d’emploi( le rêve des délocalisateurs professionnels),,entre autres lunes…j’ai un bref instant cru à syriza,très bref.Mais en définitive le ralliement du peuple grec à la politique actuelle de syriza(incontestable),montre à mon sens que ces mouvements présentés comme novateurs sont ,dans les faits des sous marins de l’ultralibéralisme…une espèce de soupape de sécurité dans une société soumise à une pression devenue insupportable. Je sais,je sais,il ne faut pas désespérer Billancourt!

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    • Furax // 30.05.2016 à 18h30

      Dit autrement, Christian, la gauche radicale est complètement incohérente parce qu’elle voudrait être libérale sur les mouvements de population, souhaite la dissolution des identités nationales, tout en étant ultra-régulatrice sur les questions économiques.

      Or tout est lié. On ne peut pas d’une part être libéral sur les mouvements de population et refuser l’exigence d’une forte cohésion nationale, et d’autre part exiger une forte régulation économique pour éviter l’ajustement sur le standard de coût le plus bas.

      Toutes les autres configurations sont possibles :
      – économiquement libéral ouvert et démographiquement ouvert,
      – économiquement libéral et démographiquement régulateur,
      – économiquement régulateur et démographiquement régulateur.

      Mais être démographiquement ouvert et économiquement régulateur, ça plante l’économie et l’emploi, et par ricochet la cohésion sociale.

        +2

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      • tunkasina // 02.06.2016 à 07h50

        Ce commentaire viens de faire ma journée, il explique simplement une question cruciale et permet de démontrer pourquoi le protectionnisme économique oblige la question du contrôle des flux… Ce qui n’est pas réfuté par notre « vraie » gauche d’ailleurs, qui en est revenu après les délires des post soixante guitares EELV et affiliés…

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  • ThomBilabong // 30.05.2016 à 17h07

    En droit on appelle ça une clause potestative , c’est à dire qui préjuge d’une décision qui dépend d’autrui et son on est pas sûr par definition.

      +0

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