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6.août.20196.8.2019 // Les Crises

Défense nationale, voire européenne, « et en même temps » dans l’OTAN ? Par Guillaume Berlat

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 22-07-2019

C’est une vieille ficelle de tous les politiciens roués et roublards qui a pour nom politique de diversion, politique d’enfumage que nos dirigeants viennent d’utiliser en cette semaine de fête nationale. Lorsque les choses vont mal sur la scène intérieure (« homardgate » doublé des actions des « gilets noirs » en marge de la fête nationale), rien de tel pour Jupiter que de faire diversion sur la scène diplomatique (en lançant une pseudo médiation de son conseiller diplomatique, Emmanuel Bonne à Téhéran) ou de jouer au chef des armées (en saturant l’espace médiatique de mille et un pétards mouillés). Les traditionnels feux d’artifice du 14 juillet se prêtent parfaitement à cette manœuvre, cette astuce de garçon de bain.

Les jours se suivent et nous découvrons à chaque instant une nouvelle initiative aussi extravagante que la première tant la forme l’emporte sur le fond, la tactique sur la stratégie. Tous les secteurs d’activités de nos armées y passent. Reste surtout à savoir si les réalités (budgétaires en premier lieu) seront à la hauteur des espérances dans un monde aussi complexe et imprévisible que dangereux !1

UNE BROCHURE SUR LA MODERNISATION DES ARMÉES (11 juillet 2019)

Information

Le centre de presse des armées (DICOD) vient de diffuser sur son site, sous forme électronique, une brochure intitulée : « Pour aller plus loin : focus sur les soutiens : ça veut dire quoi »2. Elle se décompose en trois parties : (1) l’enjeu (moderniser, innover, simplifier, se transformer), (2) 5 chantiers pour comprendre (innovation et numérique, investissements et dépenses de fonctionnement, une administration moins décentralisée, auprès des personnels et de leurs familles, attentifs aux enjeux de société), (3) des mesures-clés pour un ministère des Armées plus simple et plus proche du terrain (une organisation et des moyens renforcés pour les bases de défense, des infrastructures et des sic plus réactifs et mieux coordonnées, une amélioration de la condition du personnel et de l’environnement de travail des agents. Nous ne reprendrons pas le développement de tels mantras et de telles mesures que le lecteur peut découvrir avec son œil objectif et sans le moindre préjugé. À la fin de la découverte de cet opus magnum rédigé par quelques « spin doctors » en kaki, une question vient immédiatement à l’esprit : que d’évidences dont on s’interroge sur le point de savoir à quoi bon les répéter si tant est qu’elles n’en soient pas au point de devoir être claironnées !

Question

Reste désormais à savoir si cet exercice de langue de bois épaisse qui frise la propagande la plus basse trouvera une signification concrète en termes de ressources budgétaires et humaines dans le futur. Ou bien s’agit-il d’un exercice purement déclaratoire destiné à calmer la grogne qui monte dans les rangs comme le souligner le CEMAT, Jean-Pierre Bosser à la veille de son départ à la retraire devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale au moins de juin dernier ?3 Ceci n’est pas sans rappeler l’avertissement lancé il y a deux ans déjà par le chef d’état-major des armées, un certain général Pierre de Villiers qui fut poussé à la démission par le président de la République pour avoir osé dire la vérité sur l’état de nos armées devant la Représentation nationale. L’histoire ne serait-elle qu’un éternel recommencement ?

UN NOUVEAU SOUS-MARIN NUCLÉAIRE « LE SUFFREN » (12 juillet 2019)

Information

Emmanuel Macron lance à Cherbourg le nouveau sous-marin nucléaire d’attaque (Le Suffren). Cela faisait plus d’une décennie que la France n’avait pas lancé un nouveau sous-marin. D’autres devraient suivre dans les années à venir4.

Le Suffren , et bientôt le Duguay-Trouin ou le Tourville… Au total, six nouveaux sous-marins nucléaires d’attaque (SNA) vont, d’ici à dix ans, être mis à l’eau au sein de la marine française. Le premier, le Suffren, a été lancé officiellement par Emmanuel Macron le 12 juillet 2019 à Cherbourg, où il a été construit. Une fois les tests terminés, d’ici à un an, il commencera à remplacer la « classe Rubis », la précédente génération de SNA. Hugo Decis, chercheur au pôle défense et sécurité de l’Iris, explique que contrairement aux quatre sous-marins nucléaires lanceurs d’engins (SNLE), chargés de la dissuasion nucléaire, les SNA couvrent un spectre plus diffus. Leurs missions : la surveillance en milieu maritime, l’observation des dispositifs ennemis, la protection des bâtiments qu’ils escortent et éventuellement, en cas d’engagement, la neutralisation des moyens navals et sous-marins adverses. Un rôle essentiel pour le chercheur, dont la France ne peut pas vraiment se passer.

Il faut distinguer le volume unitaire qui équipe la France et la qualité de ses unités. A ces deux titres, la France est une puissance sous-marine importante. D’un côté, son volume est plutôt respectable, même s’il est beaucoup moins important que les Américains et les Russes, qui ont une avance conséquente. Mais en plus, ces sous-marins sont des concentrés de technologie extrêmement maîtrisés. Ne serait-ce qu’au niveau de la propulsion nucléaire, qui demande une maîtrise dont ne dispose qu’un nombre très restreint de pays actuellement.

C’est donc une question de maintien du rang international. Ça reflète aussi le fait que la France est une puissance maritime avec de nombreux territoires ultramarins, et des zones économiques exclusives (ZEE, la zone maritime de souveraineté de la France) à protéger en conséquence. D’autres pays n’ont pas cette nécessité, donc n’ont pas forcément à se doter de tels moyens. Par ailleurs, c’est une façon de rayonner en termes de maîtrise technologique et militaire, puisque pour un SNA de type « Suffren », on est vraiment dans de la très haute technologie militaire.

Et même plus largement que le côté prestige, qui pourrait peut-être être mal interprété, de façon générale, l’utilisation d’un outil naval de ce type – et c’est vrai pour d’autres types de bâtiment – s’inscrit dans ce qu’on appelle la diplomatie navale. C’est-à-dire la capacité à faire passer un message politique, quelle que soit la nature de ce message, via la mobilisation d’outils navals. Ça va de l’influence à l’intimidation, en passant par la simple démonstration de maîtrise technologique, de force… Ça peut être un levier dans le cadre d’une crise, mais la diplomatie navale est quelque chose d’extrêmement vaste. Qui va de la simple démonstration de « je suis capable de construire ce bâtiment, donc je suis une puissance industrielle et technologique », à « je suis capable de vous frapper en utilisant ce bâtiment, donc je suis une puissance militaire qui doit être respectée, écoutée, ou en tout cas prise en considération »5.

Question

Reste désormais à savoir si pour maintenir son rang dans les mers, la France se lancera dans la construction d’un second porte-avions nucléaire en sus du Charles de Gaulle dont il faut souligner que, dans la meilleure des hypothèses, il passe la moitié du temps en révisions diverses ! Ce qui veut dire qu’il n’est pas opérationnel durant tout ce temps et qu’il ne serait pas convenable que nos ennemis viennent nous chercher querelle pendant qu’il est indisponible. Un remake de la ligne Maginot version navale. Où trouvera-t-on toutes ces dizaines de milliards indispensables pour construire tous ces joujous alors que les derniers arbitrages budgétaires de Bercy ne sont guère réjouissants.

UN GRAND COMMANDEMENT DE L’ESPACE (13 juillet 2019)

Information

La France, qui entend développer une nouvelle doctrine spatiale militaire, se dotera en septembre d’« un grand commandement de l’espace » au sein de l’armée de l’air, a annoncé le 13 juillet 2019 à l’hôtel de Brienne, Emmanuel Macron6. « Nous renforcerons notre connaissance de la situation spatiale, nous protègerons mieux nos satellites y compris de manière active », a déclaré le chef de l’Etat lors d’un discours au ministère des Armées, pour la traditionnelle réception en l’honneur des troupes qui défileront sur les Champs-Elysées à l’occasion du 14 Juillet.

« Et pour donner corps à cette doctrine, pour assurer le développement et le renforcement de nos capacités spatiales, un grand commandement de l’espace sera créé en septembre prochain au sein de l’armée de l’air », a-t-il dit au côté de la ministre des Armées Florence Parly, qui devrait détailler prochainement les grandes lignes de la stratégie française. « Celle-ci deviendra à terme l’Armée de l’air et de l’espace. Les nouveaux investissements indispensables seront décidés », a précisé le chef de l’Etat7.

En septembre 2018, Florence Parly s’était engagée à doter la France d’« une véritable autonomie stratégique spatiale » face aux « menaces portées par quelques grandes puissances » dans un contexte de militarisation de l’espace. La ministre des Armées avait livré une preuve détonante de sa détermination en accusant nommément les Russes d’« un acte d’espionnage » contre le satellite militaire franco-italien Athena-Fidus en 2017. Ce commandement devrait être installé à Toulouse. Rien de plus normal compte tenu de l’expertise reconnue de la Ville Rose dans le domaine spatial (Caravelle, Airbus, Concorde, Ariane…).

Question

Reste désormais à savoir comment s’effectuera concrètement cette initiative coûteuse au moment où une course dans l’espace implique de nouveaux acteurs et où Bercy serre la vis sur tous les budgets de tous les ministères qualifiés de « dépensiers »8. Au-delà des mots, quel sera le périmètre précis de cette initiative ? Pourquoi ne pas avoir lancé une initiative européenne lorsque l’on prétend que l’Europe n’est pas le problème mais la solution et que l’on se déclare européen convaincu ? Cela ne s’appelle-t-il pas un cavalier seul chère à la « lèpre nationaliste » ?

UN ENTRETIEN DU CEMA ACCORDÉ AU QUOTIDIEN LE MONDE (13 juillet 2019)

Information

Deux ans après sa prise de fonction comme chef d’état-major des Armées (CEMA) après avoir succédé au général Pierre de Villiers, le général François Lecointre (57 ans) évoque, à la veille de la fête nationale, plusieurs questions d’actualité (opérations extérieures, menaces futures, réformes internes) dans un entretien accordé à l’experte des questions de défense du Monde, Nathalie Guibert9.

Pour ce qui est de la situation dans le Sahel, le CEMA se livre à un exercice parfait d’en même temps (expression qu’il utilise). Elle va mieux en raison de nos actions ciblées (« Stratégie Sahel » couplée avec les actions de l’Agence française de développement) et de celles de nos partenaires du G5 Sahel (réinstallation de l’administration malienne), d’une part. Ailleurs, au Niger et au Burkina Faso, la situation n’est guère brillante, d’autre part10. Une contagion islamiste est réelle et les forces spéciales françaises ne peuvent pas tout faire. Elles doivent passer le relai aux forces du G5 Sahel. Le général réfute le concept de guerre contre le terrorisme auquel il préfère celui de « guerre contre des terroristes » qui contribue à ce que des groupes hostiles ne viennent frapper sur le territoire français.

Avec beaucoup de sincérité et de crédibilité, François Lecointre défend l’action des militaires de l’opération Turquoise au Rwanda. Il refuse que l’on fasse porter aux militaires la responsabilité d’une politique globale. Les politiques devraient avoir honte de jouer à ce jeu de mistigri.

Pour ce qui est de l’Irak et la Syrie, la France recherche un « effet de containment global » en étroite coopération avec les forces américaines et irakiennes tout en appuyant les forces kurdes. En évoquant la question du différend américano-iranien, le général Lecointre estime que plusieurs raisons (réarmement mondial, affaiblissement du multilatéralisme, désinhibition du recours à la force) expliquent que les conditions sont réunies pour une multiplication des crises. « Ce ne seront pas des crises latentes mais des confrontations importantes ». C’est pourquoi, il est important que « la France garde des capacités d’appréciation autonomes, pour des choix souverains ». Notre pays consent un effort important dans deux domaines spécifiques : l’espace et le cyber. Si nous sommes sortis de la période de désescalade pos-guerre froide, il n’existe pas de menace existentielle contre la France.

Le général Lecointre conclut sa présentation sur la dimension organisationnelle et humaine de son action après deux années passées à la tête des armées françaises : nécessité d’une organisation robuste, plus grande responsabilité donnée aux chefs opérationnels, fidélisation des militaires qui pose la question des rémunérations et des retraites… Il termine par un exercice de brosse à reluire à destination du chef de l’État, chef des armées : « le président a une grande qualité d’écoute et de compréhension… Il décide vite et il a une très grande confiance en les armées. À deux ans de mandat, il mesure tout ce que lui apporte dans ses responsabilités internationales le fait d’être un chef d’une armée puissante, efficace et complète ».

Question

Reste à savoir si ce général cinq étoiles livre au citoyen ce qu’il pense vraiment de la situation internationale et de nos capacités réelles ou s’il s’agit d’un exercice parfaitement encadré par sa ministre et son cabinet et par le président de la République et son chef d’état-major particulier, l’amiral Bernard Rogel. Cet exercice de communication particulièrement bien rôdé n‘a d’intérêt que si nous sommes dans la première hypothèse. Dans le cas contraire, cela s’appelle du Kim Jong-Macron maquillé à la sauce Jupiter.

UN TROISIÈME EXPORTATEUR D’ARMES DANS LE MONDE (13 juillet 2019)

Information

La ministre des armées Florence Parly vient de présenter devant la commission de la défense de l’Assemblée nationale le rapport 2018 au Parlement des ventes d’armes de la France. On y apprend que la France est le troisième pays exportateur d’armes dans le monde après les États-Unis et la Russie. Les exportations d’armement français ont bondi de 30 % en 2018. Ces ventes s’élèvent à 9,1 milliards d’euros, avec pour principaux destinataires le Qatar, la Belgique et l’Arabie saoudite. Ce bond s’explique par la vente au Qatar (pour 2,37 milliards d’euros au total) de 28 hélicoptères NH90 et la livraison de 12 avions Rafale. La Belgique a passé une commande exceptionnelle de 400 blindés, ce qui rapportera 1,1 milliard à l’État français. L’Arabie saoudite a fait des achats pour près d’un milliard d’euros et se hisse ainsi sur la troisième marche du podium 2018.

Mais le plus impressionnant, sur une longue période, est que les principaux clients de la France sont désormais des régimes autoritaires. À la page 14, on découvre par exemple l’infographie reproduite ci-dessous :

© Ministère de la défense

 

De cette infographie, on peut donc conclure que parmi les principaux clients de la France figurent l’Arabie saoudite, qui conduit une sale guerre au Yémen, le Qatar ou l’Égypte du maréchal al-Sissi11.

Question

Qu’en est-il de notre fameuse diplomatie des (fausses) valeurs dont nous ne cessons de nous rengorger à longueur d’année ? Cela signifierait-il que, dans des périodes de fortes contraintes budgétaires, l’argent n’aurait pas d’odeur ? On comprend mieux pourquoi cette information n’a pas eu l’écho voulu de la part de nos perroquets à carte de presse et de notre clergé médiatique abreuvé aux fameux éléments de langage (EDL), bible du e-monde12.

UNE PIERRE DANS LE JARDIN DE L’EUROPE DE LA DÉFENSE (14 juillet 2019)

Information

Emmanuel Macron a appelé à renforcer la coopération européenne pour construire une Europe de la défense, à l’occasion des commémorations traditionnelle du 14 -Juillet où étaient invités neuf chefs d’Etat européens et leurs représentants. Près de 4.300 militaires, 196 véhicules et 237 chevaux ont défilé sur l’avenue des Champs-Elysées pendant deux heures, cortège survolé par soixante-sept avions, dont huit européens, et 40 hélicoptères, dont neuf européens. Dans la tribune officielle, se tenaient aux côtés d’Emmanuel Macron et de son épouse Brigitte, la chancelière allemande Angela Merkel, le Premier ministre des Pays-Bas, Mark Rutte, ou encore le président portugais Marcelo Rebelo de Sousa.

« J’ai tenu à mettre en avant notre irrévocable engagement européen en vue de consolider la sécurité de notre Nation et des peuples de notre continent », a écrit Emmanuel Macron dans un message destiné aux Français, publié en matinée sur le site de l’Elysée. « Jamais, depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l’Europe n’a été aussi nécessaire. La construction d’une Europe de la défense, en lien avec l’Alliance atlantique dont nous fêtons les 70 ans, est pour la France une priorité. Elle constitue le fil rouge de ce défilé », a-t-il ajouté.

Les dix pays membres de l’Initiative européenne d’intervention (France, Allemagne, Belgique, Danemark, Espagne, Estonie, Finlande, Pays-Bas, Portugal et Royaume-Uni) ont ouvert la marche sous le mot d’ordre « Agir ensemble ». L’IEI, lancée en juin 2018 sous l’impulsion d’Emmanuel Macron, a pour ambition de favoriser une « culture stratégique commune » en Europe en vue d’engagements conjoints pour divers scénarios d’intervention – opération militaire ou catastrophe naturelle par exemple. « Agir ensemble et renforcer notre capacité à agir collectivement : tel est notamment le défi que l’Initiative européenne d’intervention, avec d’autres projets européens essentiels, veut relever », a ajouté le Président de la République, qui a reçu à déjeuner à l’Elysée les représentants des neuf autres membres de l’IEI.

Le Corps de réaction rapide européen, la brigade franco-allemande ou la Mission de formation de l’Union européenne (EUTM), active notamment au Mali, étaient également représentés. Les armées, qui bénéficient d’un budget en hausse pour l’innovation dans la loi de programmation militaire 2019-2025 avec un milliard d’euros par an à partir de 2022, ont dévoilé en amont du défilé, via des vidéos ou des présentations d’engins, des innovations comme le robot Stamina, capable de suivre un itinéraire sans GPS, le véhicule blindé multi-rôles Griffon ou le véhicule pick-up Scorpio lanceur de drone. L’homme volant Franky Zapata a fait une apparition au-dessus de la place de la Concorde sur son « Flyboard Air », une planche munie de turboréacteurs qui lui permet de se déplacer dans les airs.

« L’armée se transforme, elle se modernise pour nos soldats, pour notre souveraineté, notre indépendance, notre industrie aussi parce que tout ça est fait en France », a déclaré Emmanuel Macron au micro de France 2 à l’issue du défilé13. Le tableau final, avec 250 participants, rythmé par les chants de plusieurs chœurs militaires, était dédié aux blessés, à leur reconstruction, illustrée par la présence de sportifs de haut niveau.

En marge des célébrations, 152 personnes ont été interpellées pour port d’arme prohibé, violences sur personne dépositaire de l’autorité publique, détérioration de biens privé ou encore manifestations non déclarées, selon la préfecture de police de Paris. Parmi celles-ci, figurent des figures des « gilets jaunes » comme Maxime Nicolle et Jérôme Rodrigues, selon le parquet de Paris, ainsi qu’Eric Drouet, selon une source policière. La préfecture avait interdit tout rassemblement de personnes se revendiquant de ce mouvement autour de l’avenue des Champs-Elysées, de la place de la Concorde, du musée du Louvre, des Invalides, du Trocadéro et de la Tour Eiffel.

Question

Reste désormais à savoir comment mettre en œuvre une défense européenne entièrement autonome « en lien avec l’Alliance atlantique » (Cf. la formule habituelle employée par le président de la République). Cet exercice relève conceptuellement de la quadrature du cercle. En effet, comment construire un bidule indépendant alors que l’on vit sous un régime de vassalité par rapport à l’OTAN, ce qui signifie plus trivialement par rapport à l’oncle Sam ? Par ailleurs, les généreuses dotations budgétaires envisagées dans la loi de programmation militaire (LPM) en relation avec les idées défendues dans la Revue stratégique, trouveront-elles une concrétisation sonnante et trébuchante dans les prochains budgets annuels du ministère des Armées ? On peut compter sur les rabots des petits marquis de Bercy pour s’opposer à de telles dépenses somptueuses à leurs yeux au nom de la non-duplication.

Alors, en ce 14 juillet 2019, il appartient à chaque Français et en priorité à nos responsables politiques de s’interroger sur leurs devoirs avant de faire valoir leurs droits, leurs privilèges et leurs intérêts personnels. Il nous faut retrouver tous, sans exception, le sens du devoir d’état, du service et plus que jamais du courage sans lequel, comme le disait Napoléon qui savait de quoi il parlait, « Un homme sans courage est une chose »14.

Hué lors de son passage sur les Champs Élysées par quelques gilets jaunes qui réclamaient pêle-mêle « homard et pinard », le chef de l’État et des armées a pu mesurer – à moins qu’il ne porte des lunettes noires et des boules Quiès – l’état d’exaspération de la France profonde à son endroit alors qu’il célèbre son troisième 14 juillet.

L’état de grâce est fini depuis bien longtemps tant Jupiter a pris à rebrousse-poil une France exaspérée par son arrogance et ses « bons mots ». C’est qu’il lui est de plus en plus difficile de se payer de mots surtout lorsqu’il s’agit de questions régaliennes, au premier rang desquelles figurent les questions de défense et de sécurité. Reste désormais à savoir ce qu’il sortira de tangible, de concret pour la sécurité des Français de cette aussi longue séquence militaire ?

Guillaume Berlat
22 juillet 2019

1 Laure Mandeville, Dans un monde qui bascule, penser le grand retour des nations, Le Figaro, 28 juin 2019, p. 14.
2 www.presse@dicod.fr
3 Claude Angeli, Moral en forte baisse dans l’armée de terre, Le Canard enchaîné, 3 juillet 2019, p. 3.
4 Nathalie Guibert, La France lance un sous-marin d’attaque. Premier d’une série de six navires à propulsion nucléaire, le « Suffren » marque une rupture technologique, Le Monde, 12 juillet 2019, p. 4.
5 Rachel Garrat-Valcarel (propos recueillis par), Hugo Decis, Lancement du sous-marin « Suffren » : « Une réelle nécessité stratégique pour la France », d’après un chercheur, www.20minutes.fr , 12 juillet 2019.
6 Alain Barluet, La France passe à l’offensive dans l’espace, Le Figaro, 15 juillet 2019, p. 2.
7 Nathalie Guibert, Paris annonce un commandement de l’espace, Le Monde, 16 juillet 2019, p. 4.
8 Xavier Paco, L’espace ne peut plus être considéré comme un simple exutoire de volontés de puissance, Le Monde, 5 avril 2019, p. 27.
9 Nathalie Guibert (propos recueillis par), Général François Lecointre : « La réussite n’est pas le nombre des djihadistes tués », Le Monde, 13 juillet 2019, p. 4.
10 Alain Barluet Au Sahel, « Barkhane peine à enrayer l’extension des groupes terroristes, Le Figaro, 15 juillet 2019, p. 2.
11 La rédaction de mediapart, Ventes d’armes : les principaux clients de la France sont des régimes autoritaires, www.mediapart.fr , 13 juillet 2019.
12 Nathalie Guibert, La France, ce si discret exportateur d’armes, Le Monde, 18 juillet 2019, p. 17.
13 Alain Barluet, Macron accélère la modernisation des Armées. Les Armées à l’heure de la grande modernisation, Le Figaro, 13-14 juillet 2019, pp. 1-2.
14 La rédaction de l’ASAF, Examen de conscience, Lettre d’information de l’ASAF, 14 juillet 2019, www.diffusion@asafrance.fr

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Source : Proche & Moyen-Orient, Guillaume Berlat, 22-07-2019

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Commentaire recommandé

Catalina // 06.08.2019 à 06h55

 » Les pays impérialistes que sont les États-unis et la France ont bloqué les ports, mais aussi les aéroports, c’est-à-dire tous les points de passages possibles des produits de première nécessité : c’est donc un massacre intentionnellement orchestré par ces deux pays. Pourquoi ? Parce que la coalition saoudienne est un des « meilleurs clients » des impérialistes français et états-uniens dans l’achat d’armement militaire. »
Etes-vous d’accord pour que la France opère une famine au Yémen ? moi, non mais on ne me demande pas mon avis.
Ensuite, qu’il y ai des attentats contre nous devient presque normal, qui pourrait nous accorder compréhension quand on sait ce que fait notre pays au Yémen ? il participe à organiser la famine et ainsi des homicides volontaires sur les enfants, entre autre…

https://www.legrandsoir.info/l-imperialisme-stade-supreme-de-la-famine.html

Ensuite sur la fabrication de nouvelles armes de guerre, pour l’OTAN ? parce que bon, nous ne sommes pas souverains et je ris jaune quand je lis que le « minuscule’ ose parler de souveraineté.

19 réactions et commentaires

  • Catalina // 06.08.2019 à 06h55

     » Les pays impérialistes que sont les États-unis et la France ont bloqué les ports, mais aussi les aéroports, c’est-à-dire tous les points de passages possibles des produits de première nécessité : c’est donc un massacre intentionnellement orchestré par ces deux pays. Pourquoi ? Parce que la coalition saoudienne est un des « meilleurs clients » des impérialistes français et états-uniens dans l’achat d’armement militaire. »
    Etes-vous d’accord pour que la France opère une famine au Yémen ? moi, non mais on ne me demande pas mon avis.
    Ensuite, qu’il y ai des attentats contre nous devient presque normal, qui pourrait nous accorder compréhension quand on sait ce que fait notre pays au Yémen ? il participe à organiser la famine et ainsi des homicides volontaires sur les enfants, entre autre…

    https://www.legrandsoir.info/l-imperialisme-stade-supreme-de-la-famine.html

    Ensuite sur la fabrication de nouvelles armes de guerre, pour l’OTAN ? parce que bon, nous ne sommes pas souverains et je ris jaune quand je lis que le « minuscule’ ose parler de souveraineté.

      +46

    Alerter
  • Shock // 06.08.2019 à 07h03

    « Reste désormais à savoir comment s’effectuera concrètement cette initiative coûteuse au moment où une course dans l’espace implique de nouveaux acteurs et où Bercy serre la vis sur tous les budgets de tous les ministères qualifiés de « dépensiers » »

    C’est vrai que ça et les sous-marins d’attaque nucléaires seront très utiles pour finalement vaincre les va-nu-pieds que la France entre autres a armé en semant le chaos en Libye. D’un autre côté, c’est aussi vrai tout va si bien en France qu’on peut allègrement se permettre de telles dépenses i-n-d-i-s-p-e-n-s-a-b-l-e-s.

      +15

    Alerter
  • Fabrice // 06.08.2019 à 07h12

    La France veut se faire plus grosse que le bœuf, quand on affirme qu’il n’y a plus de budget pour ce qui maintien le niveau et la qualité de vie on fait à l’américaine des projets de dépenses qui ne répondent pas aux besoins de nos citoyens et encore moins de nos troupes qui sont sur le terrains.

    L’exemple du 2e porte avions est un exemple sidérant combien de frégates pourraient être construites avec le budget de ce bâtiment ainsi que la flotte qui l’accompagne et ne peut faire d’autres missions, or pour gérer une si grande ZEE maritime comme la notre ce n’est pas un porte avions qui pourra le faire mais bien les frégates, un porte avion sert à porter la menace chez un ennemi donc encore plus de conflits type Lybie, Syrie,…?

    Serons nous voués à être les supplétifs d’une grande puissance qui menace tous ceux qui refusent leur volonté ?

    Une puissance comme la Russie ou autre proche de la ligne rouge préférera couler un porte avions américain ou un de ses sbires pour faire le dernier tir avant le conflit final ?

      +17

    Alerter
    • Kokoba // 06.08.2019 à 09h03

      La France a parfaitement les moyens d’avoir une flotte adaptée à ses besoins.
      (que ce soit suffisamment de frégates ou un 2ème porte-avions)

      C’est simplement un choix politique.
      Macron préfère déverser les milliards sur les multinationales et les traders.
      L’armée, ce n’est pas son monde. L’industrie (qui va construire les navires) non plus.

      Avec le cout du CICE, on pourrait financer une flotte de 10 porte-avions.
      (c’est juste un exemple, on pourrait aussi utiliser cet argent pour donner un coup de peinture aux universités, commissariats ou acheter des IRMs pour les hopitaux, etc…)

        +17

      Alerter
      • M.Smith // 06.08.2019 à 11h01

        Et en même temps l’armée sert de vitrine pour les exportations, lesquelles comportent de belles et obscures rétrocommissions, et puis avec les GJ vaut mieux anticipés afin de mieux défendre son entre-soi.

        Donc dépenses pour les plus riches en premier lieu soit mais en second dépenses militaires, et puis un second porte-avion nucléaire peut aussi servir sa comm et son délire narcissique, imaginez : Le Charles de Gaule et l’Emmanuel Macron !

          +5

        Alerter
      • Shock // 06.08.2019 à 11h36

        « La France a parfaitement les moyens d’avoir une flotte adaptée à ses besoins. »

        Mais
        pas les moyens d’avoir une justice adaptée à ses besoins,
        pas les moyens d’avoir des hôpitaux adaptés à ses besoins,
        pas les moyens d’avoir des écoles adaptées à ses besoins (plus de 30 élèves par classe),
        pas les moyens d’avoir des prisons adaptées à ses besoins,
        pas les moyens d’avoir des retraites adaptées à ses besoins,
        pas les moyens d’avoir des services publics adaptés à ses besoins…

        Vive la France, ses élites (= sa classe bourgeoise), ses larbins, son capitalisme!

          +33

        Alerter
        • Myrkur34 // 06.08.2019 à 16h12

          Bien dit, par contre pour alimenter le complexe militaro-industriel français, là les vannes sont toujours ouvertes en grand.
          Dans un ancien reportage sur arte, tout ceci fonctionne en vase clos pour d’abord faire des affaires et les habituels aller-retour entre le public et le privé.
          Bien sûr après il y a l’enrobage habituel diplomatique ou des grands idéaux. Et dernièrement les armes que l’on vend mais qui ne servent que pour les défilés ou qui tuent juste les bonnes personnes de l’autre coté de la frontière.

            +4

          Alerter
        • LowCost // 09.08.2019 à 15h36

          Avec les priorité dans le bon ordre, la France a les moyen pour tout ça, plus un porte avion supplémentaire.
          Simple rappel, en ordre de grandeur la fraude fiscale représente la totalité du déficit public.
          Ajouter les manques à gagner légaux, type niches fiscales inutiles voir contre productives(coucou les journalistes, le cice et compagnies) plus les gâchis en tout genre type commissions de recyclage d’anciens politiques , les moyens y sont, largement.

          Une question de choix politiques… nos zélites ont choisis., ils se sont choisi eux.

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      • jcdelespaux // 06.08.2019 à 12h45

        Sauf que les turbines Arabelle des joujoux nucléaires sont aux mains des ricains

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        • Tig // 06.08.2019 à 14h02

          AB-SO-LU-MENT voir à ce sujet l’interview de Frédéric Pierucci sur Thinkerview à propos de la « vente » de l’activité Energie d’Alstom à General Electric. Enfin surtout à propos de son incarnération aux US pendant plusieurs mois.

          Je vous la fais courte: pression maximale de tout le système judiciaire américain pour récupérer un concurrent. Avec toute la partie turbines hydrauliques et turbo-alternateur Arabelle.

          Une belle leçon de réalisme sur la manière dont se mène une guerre économique. En l’occurence la défense des intérêts américains au détriment des intérêts français.
          Le FBI, des avocats, des quartiers de haute-sécurité, des ambassadeurs au parloir, plusieurs mois de prison, je vous la recommande CHAUDEMENT!!

          Lien vers la video Youtube de Thinkerview:
          https://www.youtube.com/watch?v=dejeVuL9-7c

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  • Duracuir // 06.08.2019 à 07h17

    On notera que dans le tableau sur les principaux importateurs d’armes française il n’y a ni l’Allemagne, ni l’Espagne, ni l’Italie, ni la GB ni les Pays bas , le Danemark ou la Suède ni aucun autre européen…. Sans compter que les USA sont le premier fournisseur militaire étranger de la tous ces pays…. Ouaiiiii vive l’UE garant de notre indépendance. 🙂

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  • Philou // 06.08.2019 à 08h35

    Un deuxième porte-avions, l’amélioration des Rafales (déjà excellents), les sous-marins nucléaires et la force de frappe nucléaire sont des dépenses importantes mais non négociables pour conserver l’indépendance à notre pays. J’entends bien que notre pays n’est plus indépendant depuis vilaine lurette, mais quand il le reviendra (car il le reviendra, la nation française n’est pas morte), ce serait une indépendance tout de suite reperdue, sans la capacité d’imposer l’équilibre de la terreur aux USA ou à la Chine (notez bien que j’exempte la Russie de ce duo d’ennemis potentiels), sans la capacité de protéger la France d’Outre-Mer et notre domaine maritime (le 1er du monde en termes d’accessibilité et de potentielle rentabilité), sans la capacité de projection face au terrorisme ou à l’embrasement de conflits régionaux (protection des voies maritimes, etc.).
    Ce n’est pas là qu’on peut se permettre des coupes mais bien dans le CICE, les aides à l’immobilier (qui font monter les prix), etc.

      +10

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  • Fritz // 06.08.2019 à 10h01

    « J’ai tenu à mettre en avant notre irrévocable engagement européen » (Emmanuel M., 14 juillet 2019)

    Cher Emmanuel, c’est notre NON du 29 mai 2005 qui est irrévocable. Car nous sommes le Peuple souverain, relisez la déclaration des droits de l’homme et du citoyen (article 3). Mais vous, vous êtes parfaitement révocable (article 15). Nous serons en droit de vous révoquer si vous persistez à démolir la souveraineté nationale, notre souveraineté.

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    • Fabrice // 06.08.2019 à 17h37

      Il est aussi à noter que notre participation à la défense européenne se fait uniquement à nos frais, et que certains larem veulent qu’on offre à L’UE (donc l’Allemagne) notre siège à l’Onu et notre parapluie nucléaire gratuitement.

      on se souviendra de l’abandon des navires que l’on devait vendre au russes sous la pression de nos partenaires européens comme signe de solidarité mais qui ne fut jamais remboursé par nos partenaires sans compter la perte définitive de fiabilité en tant que fournisseur, certes il ne fallait pas les vendres (merci Sarkozy) mais la solidarité est souvent que dans un sens.

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  • lon // 07.08.2019 à 13h46

    Je ne suis pas économiste mais je me demande comment une politique néo-libérale à la Macron qui ne cesse de détricoter le pouvoir économique de l’état ( voir la privatisation d’ADP entre autres ) puisse promettre des investissements lourds dans la  » Défense  » , à moins de remonter les impôts fissa ? Macron et l’Europe aujourd’hui c’est le triomphe de la niaiserie petite bourgeoise , à savoir le beurre, l’argent du beurre, et le c..de la crémière .

      +2

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