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17.juin.202017.6.2020 // Les Crises

L’affaire Raoult : mon intervention chez Taddeï

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Je viens de débattre avec Raphael Liogier (membre du comité éthique de l’IHU de Marseille, que je remercie pour cet échange éclairant) sur le sujet Raoult et sur ce que cela dit du rapport de notre société à la Science :

Sur ce sujet, je vous renvoie d’ailleurs vers cette autre interview d’Interdit d’interdire, avec Antoine Flahault, qui pensait pouvoir guérir le Chikungunya avec de la Chloroquine il y a une dizaine d’années. Nous vous en proposons cet extrait éclairant :

P.S. Nous vous avions permis une FAQ sur le sujet Raoult, mais cette invitation m’a permis de mieux préciser notre vision, ce qui vous permettra de mieux comprendre le traitement que nous avons accordé à ce sujet sur ce site. Elle remplacera donc utilement la FAQ, et me permettra de me concentrer sur l’analyse du conflit entre la BCE et l’Allemagne, au sujet de la dette publique.

Annexes

En lien avec mes interventions, voici les sources de certains de mes propos – ce qui clôt ce débat sur Raoult sur ce site.

A/ Sur mes articles sur la problématique du récent travail scientifique de Raoult, c’est ici :

  1. Les énormes failles éthiques et méthodologiques dans l’essai Raoult
  2. Didier Raoult : Les graves manipulations scientifiques

B/ C’est ici que vous trouverez la citation de l’étude Lane et al. comme référence par Raoult, mais qui cache la second epartie des conclusion, alors qu’elle dit que, selon elle, l’HydroxyChloroquine apparaît comme étant sûre , mais lorsqu’elle est utilisée en association avec l’Azithromycine, ce traitement aurait doublé le risque de décès cardiovasculaire .:

C/ Voici la communication de Sanofi Belgique sur son propre médicament, l’HydroxyChloroquine (source : site de l’Autorité belge du médicament) – à l’évidence pour s’éviter des procès de victimes :

D/ L’étude française ayant testé l’HydroxyChloroquine que les singes est consultable ici.

Synthèse : Une étude française randomisée vs placebo chez des primates (macaques cynomolgus) infectés par le SARS-CoV-2. […] L’hydroxychloroquine a été testée selon différents schémas thérapeutiques, à savoir une forte dose (n=5) soit 90mg/kg J1 puis 45mg/kg durant 10j, vs une faible dose (n =5) soit 30mg/kg J1 puis 15mg/kg durant 12 jours, avec ou sans azithromycine Le traitement a été initié à J1 (n=4) ou J5 (n=4) ou en Prévention (n=5) 30mg/kg 7j avant l’infection puis 15mg/kg durant 4j et 45mg/kg durant 9j. […] La cinétique de la charge virale n’a pas été modifiée sous hydroxychloroquine par rapport au placebo au niveau trachéal, nasale, et dans le LBA, quel que soit le schéma thérapeutique utilisé (forte vs faible dose, en présence ou en l’absence d’azithromycine), et quel que soit le timing pour l’initiation du traitement (avant l’infection, précocement durant l’infection ou plus tardivement). Aucun impact n’a par ailleurs été mis en avant sur les évaluations cliniques et les imageries pulmonaires. Les auteurs concluent qu’ « il est est peu probable que l’hydroxychloroquine ait une activité antivirale dans les compartiments respiratoires chez l’homme » et que « les résultats de l’évaluation de l’hydroxychloroquine dans un modèle de primate non humain ne permettent pas de soutenir son utilisation comme agent antiviral dans le traitement du COVID-19 chez l’Homme ».

E/ Sur l’impact sur les essais : Le buzz sur la chloroquine freine l’essai clinique européen Discovery et Chloroquine : l’anti-viral dont la promotion paralyse la recherche mondiale

et sur la gabegie :

F/ Sur le bilan (très provisoire en France, source : Centres de Pharmacovigilance) :

G/ Sur l’IHU – ici le témoignage édifiant de Philippe Douste-Blazy, administrateur de l’IHU (donc chargé de contrôler la Direction) sur Thinkerview :

H/ Voici les prévisions de Didier Raoult en début d’année :

Mais il faut signaler par honnêteté un brusque changement de sa vision survenu apparemment la semaine du 15 janvier (qui est justement celle où les virologues suivant ce sujet ont compris qu’on avait affaire à un dangereux virus très contagieux, qui risquait fort de nous submerger) :

I/ Sur le nombre de publications de Raoult, on le voit ici nous présenter son classement sur Expertscape :

La réaction d’Expertscape :

Entonnement, cet aspect quantitatif devient ainsi parfois un argument :

J/Signalons enfin que Didier Raoult a choisi comme très proche collaborateur Yanis Roussel, spécialiste du lobbying, et qu’il lui a confié la responsabilité de sa communication. Le point très intéressant est que Roussel est aussi député suppléant LREM :

Et candidat LREM aux municipales à Marseille avec Yvon Berland… (n°5) :

C’est un de ceux qui a conçu cette stratégie du « Puisqu’on a probablement tort au niveau de la Science, on va essayer de convaincre l’opinion que nous avons raison », ce qui transparaît de son importante interview dans La Provence :

195 réactions et commentaires - Page 2

  • Felix // 17.06.2020 à 15h11

    Re-bonjour,
    Des petits chiffres pour la route: https://www.nejm.org/doi/full/10.1056/NEJMoa2012410

  • Daubré // 17.06.2020 à 16h53

    Monsieur Burruyer,

    Le débat n’est pas encore clos et il va être intéressant dans les prochaines semaines de « débriefer » les résultats en France, mais aussi dans l’ensemble des nombreux autres pays ayant autorisé la Chloroquine.

    Par ailleurs, j’ai du mal à comprendre votre posture dans le débat avec Raphael Liogier : officiellement par pour ou contre la Chloroquine, mais intentionnellement et farouchement contre le Professeur Raoult au point d’avoir perdu vos nerfs pendant le débat (30mn28).

  • Galoupiotte // 18.06.2020 à 06h57

    Quand OB dit “seul un essai randomisé en double aveugle permet de valider l’efficacité d’un traitement”, il se méprend sur le sujet (qui n’est pas : “est-ce que l’hydrochloroquine marche ? Mais est-ce que les pouvoirs publics ont-ils bien géré la crise ?) en effet, parler d’essai randomisé en double aveugle pendant que l’on dénombre des milliers de morts par jour, mais qu’on ne diagnostique personne ou presque et donc qu’on ne soigne personne ou presque c’est un manque de jugement extraordinaire. Sans doute le biais du métier : actuaire, donc statisticien et non pas médecin. Vu l’audience de votre site, un peu de retenue, et une écoute plus attentive des arguments des uns et des autres vous auraient aidé à être plus impartiaux et moins péremptoires dans vos articles.
    À mon avis, le tort de Raoult vis-a-vis des autorités, n’est pas d’avoir vendu du rêve avec la chloroquine, mais d’avoir par son action décidée et rassurante (son ihu faisait 1/4 des tests en France au plus fort de la crise…), sa communication claire, simple et argumentée a jeté par comparaison une lumière crue sur les dysfonctionnements au sommet de l’Etat et surtout leur incapacité à diriger le pays. La posture en guise de politique… alors oui, Raoult a beaucoup parlé, donc il a dit quelques bêtises (trottinette, fin de partie etc…) mais DR a pris le risque d’avoir tort et de risquer sa réputation pour aider au mieux de son savoir à limiter les conséquences de l’epidemie. Un peu de respect peut-être ? Fake science, mandarin, etc…?

  • Anfer // 18.06.2020 à 10h25

    Le scientisme, c’est instrumentaliser la science (souvent de façon erronée), pour faire de la politique.

    Je ne vois pas ce qui permet de le dire ici.

    A moins que ça ne soit la définition du scientisme donné par les adeptes des pseudos sciences…
    Qui reflète juste leur détestation de la science.

  • andrea naz // 18.06.2020 à 13h57

    Ça m’est arrivé aussi!! il est peut-être des vérités qui ne sont pas bonnes à dire comme par exemple: c’était chloroquine+antibio, ou rien! Personne n’a reçu de chloroquine contre son gré, mais beaucoup ont reçu rien, contre leur souhait. La chloroquine empêche l’évolution dramatique de la maladie en réduisant la charge virale: cela semble être incompris par les soutiens du rien aujourd’hui et du peut-être quelque chose à la StGlinglin!

    • Euls // 18.06.2020 à 15h01

      « c’était chloroquine+antibio, ou rien!  »

      Pas du tout ce qu’affirme Raoult.

      Quelle sera donc la prochaine explication pour tenter de sauver le soldat chloro ? HCQ à 12h31 le jeudi, antibio à 13h24 le même jour, le médecin administrant doit porter un slip vert et tourner 3 fois autour du portrait de Raoult ?

  • John B // 19.06.2020 à 14h12

    Ca me fait rire quand des gens disent « ouais mais faut pas faire des test sur les humains », mais quand on est en pleine pandémie et que les gens sont en train de crever, on a pas trop le temps « d’attendre » qu’on développe un vaccin, car justement, les gens sont en train de mourir. Donc quand y’a un truc qui marche plutôt pas mal, en attendant d’avoir LE vaccin parfait, ben on utilise ce qu’on a sous la main … on y va à tâtons, oui, car si on le fait pas y’a beaucoup plus de morts. Combien y’aurait eu de mort à Marseille si il avait pas utilisé son traitement ? Bordel mais personne parle de ca, j’comprends pas …

    « Ouais mais les gens sont pas des macaques ». On en reparlera le jour ou y choperont le covid et n’auront plus que quelques jours à vivre, et qu’on leur demandera : bon, on a la cholorquine mais y’a une petite chance que ca marche pas, sinon vous pouvez attendre et espérer qu’on trouve un vaccin parfait dans les quelques jours ».

    J’ai comme dans l’idée qu’ils vont vite changer d’opinion par rapport à ce traitement …

  • Neverness // 19.06.2020 à 19h26

    Bonjour,
    Je n’ai pas aimé le traitement de cette « affaire médiatique » dans votre site. .. si je reconnais que la personnalité très « carrée » du Pr Raoult peut hérisser les ames faibles, j’y vois un homme accompli dans son domaine et qui me rappelle le héros de Ayn Rand « Howard Roark » dans « the fountainhead »… Mais pourquoi donc se focaliser sur sur son protocole et sa 1ère etude ? Pourquoi ignorer son passé, sa stature scientifique, son discours sur l’épistémologie médicale ? Pourquoi ignorer que ce n’est pas tant d’un homme qu’il s’agit mais d’un institut IHU, avec des centaines de professionnels expérimentés et en formation ? Voudrais t’on nous faire croire qu’ils sont tous incompétents ou même dangereux ?
    J’ai de sérieux doutes sur les aspects de corruption des revues et des divers intervenants lorsqu’ils sont rémunérés par les laboratoires pharmaceutiques ! Ou même l’OMS, financée par la fondation B Gates ! De même pour les « prestigieuses revues » critiquées par leurs propres editeurs !
    Je n’ai pas apprécié les interventions de O Berruyer, « le nez collé au guidon », ou me paraissant manquer d’équité et de hauteur !
    Tout cela est dommage ! Les crises, ont me semble-t-il raté une occasion de se distinguer des medias complaisants !
    Je continuerai a consulter ce site avec le recul qui conviendra.

  • Euls // 22.06.2020 à 12h14

    Il faudrait expliquer pourquoi plutôt que de répéter cet « argument » qui n’en est pas un.

    Si le traitement ne fonctionne que sur les gens bien-portants et jeunes, il y a de grandes chances qu’il n’ait en réalité aucun effet significatif. Dans ces conditions on pourrait donner tout et n’importe quoi et en tirer les mêmes conclusions, parce qu’en réalité c’est le système immunitaire qui fait vraisemblablement le travail.

    Quant au dosage, a priori il n’a pas donné lieu à des effets secondaires massifs, donc à moins qu’un dosage plus fort ait obéré l’efficacité thérapeutique (et là il faudrait expliquer comment), a fortiori un dosage moins fort va avoir encore moins d’effet.

    • Theophilus // 23.06.2020 à 09h13

      « Quant au dosage, a priori il n’a pas donné lieu à des effets secondaires massifs »
      Vous en êtes sur? L’étude n’est pas encore publié. Nous avons eu que les communiqués de presses.
      On nous a basiné pendant des semaines avec la nocifité d’HCQ mais l’étude ne vaut rien sauf pour établir que l’HCQ n’est pas nocif.
      « Si le traitement ne fonctionne que sur les gens bien-portants et jeunes, il y a de grandes chances qu’il n’ait en réalité aucun effet significatif. » ????? Le traitment ne fonctionne qu’au commencement de la maladie. Si les patients sont déja gravement malades il est logique de conclure que ce n’est pas le commencement. Ou bien il y a des commorbidités grave. Lisez les critiques en France-Soir auquelles les professeurs anglais n’ont pas répondu comme ils avaient le droit.

      • Euls // 23.06.2020 à 10h39

        « Vous en êtes sur? »

        Ben non, sinon je n’aurais pas écrit « a priori ». Mais comme il n’y a aucune mention dans le résumé de la conclusion, c’est peu probable.

        « On nous a basiné pendant des semaines avec la nocifité d’HCQ mais l’étude ne vaut rien sauf pour établir que l’HCQ n’est pas nocif. »

        L’étude nous dit (a priori) que même une dose élevée n’a pas d’effet thérapeutique. Si cela ne vaut rien, je ne sais pas ce qui peut valoir quelque chose.

        « Le traitment ne fonctionne qu’au commencement de la maladie. Si les patients sont déja gravement malades il est logique de conclure que ce n’est pas le commencement »

        Non, c’est juste le mantra répété par Raoult et consorts. Mais en réalité, Raoult lui-même n’a pas administré son traitement au « commencement », mais en moyenne environ 6 jours après l’apparition des traitements… tout ceci n’est qu’un écran de fumée. D’ailleurs le traitement ne semble pas non plus fonctionner en prophylaxie d’après d’autres études.

        « isez les critiques en France-Soir auquelles les professeurs anglais n’ont pas répondu comme ils avaient le droit. »

        Ce « journal » n’en est plus un depuis assez longtemps. Lisez plutôt le débunkage de Libération https://www.liberation.fr/checknews/2020/06/11/essai-recovery-les-chercheurs-ont-ils-administre-plus-de-trois-fois-la-dose-d-hydroxychloroquine-aut_1790733

  • Jubaka // 22.06.2020 à 22h29

    L’interview du professeur Flahaut est très bien. Il dit posément les choses. Raoult à commis une grave erreur en ne faisant pas une étude sérieuse.

  • joutier // 23.06.2020 à 20h01

    Très bonne synthèse. Je ne résiste pas au plaisir d’évoquer mon dernier livre qui vient de sortir et qui évoque largement ces falsifications ou ces erreurs scientifiques et dont contrairement à ce que pensent certains commentateurs, l’Europe n’a pas le monopole.En 2005 le chercheur américain John Ioannidis, professeur à Stanford John dénoncait un monde académique sclérosé où les personnes qui attribuent les budgets publics de recherche sont dans des conflits d’intérêts, manquent de jugement, où le conservatisme le dispute au copinage. Les articles publiés se monnayent contre un poste ou un échelon hiérarchique. Auguste Lumière après avoir inventé le cinéma, affirme que la tuberculose n’est pas contagieuse. Luc Montagnier co-prix Nobel, se proposait de soigner la maladie de Parkinson du Pape Jean-Paul II par de l’extrait de Papaye fermentée, ou encore de détecter la maladie de Lyme dans le sang à partir des ondes électromagnétiques! Selon Russell Humphreys, pourtant physicien et chercheur en physique nucléaire, l’univers n’a pas plus de six mille ans puisque c’est la Bible qui l’écrit. Pour Pierre Dequènes, ingénieur de Central, aujourd’hui décédé et catho intégriste l’âge de la terre est inférieur à dix mille ans, les dinosaures ont survécu jusqu’au XVII siècle en Angleterre et bien sûr c’est le Soleil qui tourne autour de la terre.
    « L’information truquée et la fabrique du prêt à penser » par Philippe Joutier, édition Dualpha.

  • Dekyus // 26.06.2020 à 11h35

    Il n’y aura pas autant de polémiques avec le remdesivir, il va être unanimement accepté sans remise en cause des études derrière… deux poids deux mesures

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